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Culture - Exposition

Rania Matar ne fait pas antichambre

« A girl and her bedroom » est le regard de la photographe Rania Matar porté sur des jeunes filles dans leur chambre. Une série de photos accrochées à la galerie Janine Rubeiz jusqu’au 28 avril et compilées dans un album éponyme.

Rania Matar entre deux photos de filles à l’allure de femmes. Photo Michel Sayegh

Une chambre. Toutes les filles rêvent d’en avoir une. Bien à elles. À décorer, à meubler, à ordonner, à désordonner. Une pièce de la maison qui leur ressemble uniquement. Sur la porte de cette pièce, un «interdit de rentrer» empêche souvent les intrus de franchir le seuil. C’est comme ça les filles de nos jours. Ce ne sont plus les jeunes filles en fleur de Proust ni même de David Hamilton, mais des adolescentes bien dans leur peau, volontaires et déterminées au caractère bien défini. Rania Matar a pu rentrer dans ce temple, dans ce sanctuaire, pour capter des instants d’intimité avec ces demoiselles et reconfigurer la relation qu’elles entretiennent avec leurs chambrettes. «Plus que des pièces, dira Matar, celles-ci sont une extension de leur profil.»


Un projet qui a commencé par une idée toute simple. Mère de deux adolescentes, Rania Mattar est fascinée par l’univers des filles et par «leur capacité à se transformer et jouer un rôle». Après avoir confronté des clichés de jeunes Occidentales et Orientales, gagné plusieurs prix dont le Legacy Award au musée Griffin de la photographie en 2011, elle entreprendra cette démarche qu’elle accompagnera par la suite par un album photos préfacé par Anne Tucker et Susan Minot (éditions Umbrage). Son premier ouvrage, Ordinary Lives, avait été publié en 2009.
C’est donc pour avoir les clefs de ce monde secret que Rania Matar – enseignante aujourd’hui à l’Université d’art et de design à Massachusetts – commencera d’abord par photographier les copines de ses filles, pour élargir par la suite le panel de photos captant des modèles jusque-là inconnus. Modèles, tel est le mot juste car toutes ces jeunes demoiselles vont jouer le jeu. «Elles collaboreront sans hésitation comme des professionnelles et se soumettront aux exigences de la mise en scène», signalera Matar.


Choisies entre l’âge de 16 et 20 ans, de toutes communautés, de toutes origines et de toutes couches sociales confondues, ces filles composent un éventail panaché et coloré d’une infinie tendresse. Fétichistes, collectionneuses, idolâtres, les filles aiment à s’entourer de leurs objets personnels. Les murs de leurs chambres sont tatoués, taggés, marqués tout comme leur peau. Leur chambre est leur miroir. Elles s’y reflètent. Lovées dans un coin, étendues sur un lit ou sur un canapé telles des odalisques, elles fixent l’objectif. L’artiste a su respecter ce microcosme chaotique sans rien changer du décor de la chambre. «En franchissant la porte, je ne savais pas ce que j’allais découvrir, dit Rania Mattar, mais je me laissais aller à la surprise. D’abord, il fallait qu’on fasse plus ample connaissance, puis par la suite, je leur dictais de se tenir comme elles se comportent tous les jours dans leur milieu ambiant favori. Cela nécessitait parfois plus de deux heures de travail», poursuit Matar. Pour toute luminosité, la lumière naturelle. Pour tout décor, une chambre, et pour personnage central, une fille dans le regard de laquelle on voit briller des milliers d’étoiles. «Un témoignage d’amour envers ces jeunes adolescentes qui m’ont appris la tolérance», conclut Rania Matar qui se lance déjà dans un autre projet sur les pré-adolescentes à l’allure de femmes.

* Galerie Janine Rubeiz du mardi au vendredi de 10h à 19h, et les samedis de 10h à 14h. 01/868290.

Une chambre. Toutes les filles rêvent d’en avoir une. Bien à elles. À décorer, à meubler, à ordonner, à désordonner. Une pièce de la maison qui leur ressemble uniquement. Sur la porte de cette pièce, un «interdit de rentrer» empêche souvent les intrus de franchir le seuil. C’est comme ça les filles de nos jours. Ce ne sont plus les jeunes filles en fleur de Proust ni même de...

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