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À La Une - Coopération

Les émigrés et leur participation aux prochaines législatives au cœur de la troisième journée de Sleiman en Australie

Le chef de l’État demande aux membres de la diaspora de préserver les traditions qu’ils ont emmenées avec eux en quittant le Liban.

Le chef de l’État conférant avec la gouverneur général d’Australie, Quentin Bryce. Photos Dalati et Nohra

Adieu Canberra, la ville paradisiaque, avec ses jardins immenses, ses kangourous bondissants et ses arbres flamboyants teintés des mille couleurs de l’automne, bonjour Sydney sous une pluie battante et un ciel gris et bas annonciateur de l’hiver. Pour la délégation libanaise conduite par le chef de l’État Michel Sleiman, les villes australiennes se succèdent, les saisons aussi. La journée d’hier a commencé au palais du gouverneur général d’Australie, Quentin Bryce, au cœur d’une réserve nationale. Nichée au milieu d’un parc verdoyant qui descend doucement vers le lac, la demeure du gouverneur est un lieu idyllique, où les kangourous gambadent librement, tournant toutefois le dos sans précipitation devant les visiteurs. Un lieu où le brouhaha du monde semble lointain, propice à la méditation. C’est dans ce décor que Mme la gouverneure a reçu le président Michel Sleiman et son épouse Wafa’, d’abord pour un entretien placé sous le signe de la cordialité et ensuite pour un déjeuner en compagnie de la délégation libanaise au complet. Les plus chanceux des journalistes ont pu faire le tour du parc à bord d’une petite voiture utilisée en général sur les terrains de golf, avant de se promener sur la berge, alors que le président et Mme Bryce évoquaient la situation au Liban et au Moyen-Orient, ainsi que la présence d’une importante communauté libanaise en Australie. Mme Bryce a aussi évoqué des thèmes chers à l’Australie, comme la lutte contre le terrorisme, mais aussi la protection et le respect de l’environnement, tout en insistant sur l’importance de la communauté libanaise dynamique et bien intégrée qui est d’un apport important pour l’Australie.

Direction Sydney
Le déjeuner à peine terminé, la délégation libanaise prend l’avion pour Sydney qui regroupe à elle seule les deux tiers de la communauté libanaise en Australie. Non seulement il s’agit d’un changement total de décor, mais aussi la visite officielle du chef de l’État et de la délégation qui l’accompagne entre réellement dans le vif du sujet : s’enquérir de la communauté libanaise et de ses besoins, dans une tentative de resserrer les liens entre les émigrés et leur pays d’origine. Car si la communauté libanaise, qui compte un peu moins d’un demi-million sur les 22 millions d’Australiens, joue un rôle-clé dans l’économie du pays, le chef de l’État souhaite qu’elle ait aussi un rôle déterminant dans son pays d’origine. La veille, il s’était adressé à ses représentants à Canberra en les rassurant sur la situation libanaise et en les sommant d’avoir de l’espoir et de la foi dans l’avenir. Le lendemain, il a répété les mêmes propos aux nombreux Libanais d’origine qui n’ont cessé de défiler à l’hôtel Intercontinental, siège de la délégation libanaise. Mais il a surtout demandé aux émigrés de faire des propositions et de formuler leurs souhaits pour que l’action officielle puisse en tenir compte.
Le président Sleiman a ainsi commencé par recevoir les représentants des communautés libanaises à Sydney, suivis des députés d’origine libanaise, alors que ses conseillers, notamment MM. Khalil Hraoui et Naji Boustany, sans parler de l’ancien ministre Sélim Wardy, multipliaient à leur tour les contacts avec les représentants de la communauté libanaise.
Un seul grand sujet de conversation : les prochaines législatives et la possibilité de permettre aux émigrés d’y participer. Ce thème est aussi revenu au cours du dîner donné par le Premier ministre de la province de New South Wales (Nouvelle-Galles du Sud), Barry O’Farell, en l’honneur du président libanais, en présence de plus de 300 personnalités de la communauté libanaise. Tous les émigrés rencontrés, certains nés en Australie, d’autres y étant arrivés au hasard des événements tragiques qui ont secoué le Liban, n’avaient qu’une phrase à la bouche à l’adresse du Liban officiel : « Aimez-nous, pensez à nous et ne nous considérez pas comme des étrangers. » De leur côté, les officiels libanais étaient soucieux de demander aux émigrés de ne pas croire tout ce qui se dit dans les médias sur l’instabilité qui règne au Liban et de ne pas accorder trop d’importance aux dissensions internes. « Ce qui compte, ont souligné les officiels libanais, c’est qu’au final, la situation reste contrôlée au Liban et que ce pays a besoin de tout son potentiel sur place et à l’étranger. »

Un consulat presque désert
Les émigrés ont demandé au chef de l’État de dynamiser la présence diplomatique libanaise en Australie, notamment le consulat de Sydney, presque désert, et faute de fonctionnaires, les formalités y sont très lentes. Un émigré a même demandé comment on suggère aux Libanais de l’étranger de participer aux élections, alors que les formalités administratives prennent des mois au consulat. Le président Sleiman a promis de s’occuper de cette question, demandant aux émigrés de préserver les traditions qu’ils ont emmenées avec eux en quittant le Liban, tout en laissant derrière eux les conflits internes et les divisions. Le président a mis ainsi le doigt sur la plaie, car en Australie comme au Liban, les Libanais redessinent les mêmes clivages, encore plus aigus à l’étranger puisqu’en raison de l’éparpillement, les différents groupes d’émigrés peuvent soigneusement s’éviter. Même les chefs religieux ne se rencontrent qu’aux occasions, tout en prônant l’entente et la coopération.
Le président Sleiman a donc poussé les personnalités qu’il a rencontrées à œuvrer pour le rapprochement et le dialogue. Tout en répondant à leurs questions sur la situation régionale, il a expliqué que le Liban reste à l’abri des turbulences, axant son développement sur les élections et l’importance d’une participation même symbolique des émigrés au scrutin. Il a aussi invité les émigrés d’Australie, étant généralement aisés, à investir au Liban qui reste, selon lui, un lieu sûr. « Le Liban a besoin des émigrés », a clamé le président. Naji Boustany a ajouté une vieille expression qu’il avait entendue alors qu’il était jeune garçon, prononcée par un habitant de Haïfa ayant fui ses terres en Palestine et étant en visite chez son propre père : « La propriété appartient à Dieu, mais le terrain n’appartient pas seulement à son propriétaire, il est aussi à celui qui y est installé. » Il a ainsi demandé aux émigrés qui possèdent des biens au Liban de ne pas s’en débarrasser et de maintenir les liens de la terre avec le pays d’origine.

L’hymne national appris sur Internet
Dans la salle de bal de l’hôtel Sofitel de Sydney, les Libanais d’origine, vêtus de tenues de gala, se sont donc pressés autour des membres de la délégation officielle. Un jeune garçon de 13 ans, Mohammad Kamareddine, a même tenu à interpréter l’hymne national, qu’il a appris sur Internet en arabe, exprimant ensuite sa joie d’avoir réussi cette performance. Alors qu’on lui demandait s’il souhaite un jour s’installer au Liban, le garçon, qui s’y est déjà rendu deux fois, a lancé avec une sincérité désarmante : « J’adore le Liban, on peut y faire ce qu’on veut... » Évidemment, en Australie, la loi et les mesures de sécurité sont bien strictes, même pour un enfant ! Fadia Bou Dagher, responsable du bureau de l’association maronite à l’étranger, n’a pas pu s’empêcher de dire de son côté : « Ce soir, le Liban est l’Australie et l’Australie est le Liban. » Beaucoup de personnes avaient les larmes aux yeux. Même le coordinateur de la sécurité du Premier ministre de la province, Jason, qui doit épouser le mois prochain une australienne d’origine libanaise, dont les parents sont nés à Zahlé, et qui commence déjà à se plonger dans l’ambiance...
Aujourd’hui, le chef de l’État doit rencontrer la gouverneure de la province de New South Wales d’origine libanaise, Mary Bashir, et de nouveau s’entretenir avec les émigrés, ainsi qu’avec les représentants des instances économiques. Il doit même prononcer un important discours devant les Australiens d’origine libanaise au parc olympique de Sydney. Avec toujours un même souci : pousser les émigrés libanais à ne pas oublier la terre natale qui a plus que jamais besoin de ses deux composantes : ses fils à l’étranger et ceux qui vivent sur le sol national.
Adieu Canberra, la ville paradisiaque, avec ses jardins immenses, ses kangourous bondissants et ses arbres flamboyants teintés des mille couleurs de l’automne, bonjour Sydney sous une pluie battante et un ciel gris et bas annonciateur de l’hiver. Pour la délégation libanaise conduite par le chef de l’État Michel Sleiman, les villes australiennes se succèdent, les saisons aussi. La...
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