Le 4 avril dernier, le ministre canadien de la Justice Rob Nicholson avait signé un ordre d'extradition visant l'ex-enseignant de sociologie à l'université d'Ottawa, qui dément toute implication dans l'attentat ayant fait quatre morts en 1980 près d'une synagogue et qui se dit victime d'une homonymie.
Me Bayne a déclaré lors d'une rencontre avec la presse que le ministre avait pris cette décision en dépit "de l'information choquante selon laquelle la France n'est pas préparée à juger Hassan Diab mais tente seulement de l'interroger".
Effectivement, la justice française souhaite dans un premier temps interroger le Libano-Canadien avant de décider de le mettre en examen ou non, a-t-on appris de source diplomatique française.
Me Bayne a affirmé aussi que certains éléments du dossier contre M. Diab avaient été obtenus par les services secrets syriens ayant recours à la torture.
L'avocat a estimé que la justice canadienne pourrait se prononcer sur son appel vers la fin de l'année, tout comme sur un autre appel qu'il avait interjeté contre la décision du 6 juin 2011 d'un tribunal canadien autorisant l'extradition de son client. Ce tribunal avait estimé en même temps que le dossier présenté par la France était "faible" et en tout cas insuffisant pour justifier un procès.
"Nous ne pouvons pas envoyer des Canadiens partout dans le monde pour que des régimes étrangers puissent enquêter sur eux", a dit Me Bayne: "Ou il y a une inculpation contre eux ou il n'y en a pas".
"Le Canada est le seul (pays) à le faire et le Canada n'avait jamais fait cela auparavant", a-t-il ajouté.
De son côté, M. Diab, qui risque en France la prison à perpétuité, a qualifié de "grande injustice" le fait d'être extradé pour un crime "dont des preuves montrent qu'il ne l'avait pas commis".
"Je suis très déçu de voir le ministre de la Justice permettre que ce travestissement de la justice continue", a-t-il déclaré.
"J'aimerais retourner à l'enseignement, reprendre ma vie normale, et ne pas traîner dans une prison française sans être accusé de quoi que ce soit", a poursuivi M. Diab, avant de souligner qu'il ne soutenait pas le terrorisme et n'était pas "antisémite".
Par ailleurs, il a rappelé avoir proposé de répondre (au Canada) aux questions des enquêteurs français. Mais, selon son avocat, la police canadienne représentant la police française n'a pas répondu à cette proposition.
Il y a 31 ans, le 3 octobre 1980, une bombe constituée d'une dizaine de kilos de pentrite et fixée sur une moto avait explosé près de la synagogue de la rue Copernic.
Selon les enquêteurs français, M. Diab aurait utilisé une fausse identité pour acheter la motocyclette ayant servi à l'attentat et aurait confectionné la bombe, avant de la placer dans la sacoche de la moto le jour des faits.
L'universitaire avait été arrêté dans la banlieue d'Ottawa en novembre 2008 à la demande de la justice française. Il avait été remis en liberté fin mars 2009, sous de très strictes conditions, dont celle de porter un bracelet électronique.
Né au Liban de parents palestiniens, ayant fait une partie de ses études aux Etats-Unis, M. Diab était arrivé au Canada en 1987.
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