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Daniel Joseph : un réalisateur, un peintre, un taxi

Été 2006. Daniel rentre au bercail, après un long séjour formateur aux États-Unis. Flot beyrouthin et paysages de guerre n’étaient pas au programme de ses attentes.

C’est entre les murs gris de l’insouciance beyrouthine et ceux brisés du début de la guerre de 2006 que Daniel écrit son premier scénario, Blood Taxi, un taxi schizophrène coïncé à Beyrouth et plongé dans l’obscurité, pour cause de coupure d’électricité.
Après un diplôme en peinture et en photographie obtenu à l’université de Houston, le peintre en formation met de côté sa passion première pour l’art cinématographique. Il s’aventure alors dans le monde du grand écran, se rendant à Los Angeles où il suit des cours de cinéma, à l’Art Center College of Design. « J’ai réalisé que je devais changer d’horizon en même temps que de ville, le “marché” de l’art étant saturé à Houston. » C’est alors que Daniel se glisse dans la peau d’un assistant directeur artistique. Puis, dans ce nouveau corps, l’expérience du premier coup de foudre pour la profession, prélude avéré nécessaire à la naissance de son premier film : Taxi el-Balad.

Un cinéma léger dans un Beyrouth complexe
C’est aussi un peu son premier jet : un chauffeur de taxi du nom de Youssef (joué par Talal el-Jurdi), souriant au volant d’une coquette voiture, sillonnant les lumières de la capitale, les réflecteurs renvoyant une myriade de visages de clients, sur une musique d’Élie Barak et de l’Orchestre philarmonique bulgare.
Beyrouth. Un croisement d’identités plurielles un tantinet cliché, dans des lieux communs comme le barbier du coin ou, plus insolites, comme les maisons closes, cyniques machines à sous. Le film, entrecoupé de flash-back qui renvoient à l’enfance dorée du conducteur (ou du réalisateur ?), se veut l’association des deux chronologies, dans un ton où prévaut la légèreté. Daniel ne s’en cache pas, avouant avoir opté pour un film de compromis : « Je voulais une œuvre qui plaise au public et surtout qui divertisse. Il me semble qu’il y a eu assez de films sur la guerre. »
Sa première passion pour le cinéma, c’est Le Parrain : un boomerang visuel pour lui et la famille entière. Puis, les premiers réalisateurs indépendants « stars » comme Richard Stuart Linklater, (Before Sunrise) l’incitent à se lancer. Daniel ne cache pas son admiration pour certains artistes libanais qui l’inspirent : « J’aime beaucoup le travail de Michel Kamoun (réalisateur de Falafel), qui est pour moi le virtuose du cinéma libanais. »

Un tryptique de portraits
Trois ans, c’est le temps qu’il lui aura fallu pour réaliser son film, dont il a financé la plus grande partie, pour garder le contrôle de sa créativité. Comme pour les films qu’il compte réaliser plus tard, Taxi el-Balad survole la ville et la réalité quotidienne. « Ce que j’ai gardé de Blood Taxi, c’est le portrait de Beyrouth. Je voulais le montrer à travers les yeux d’un taxi. J’ai choisi cette ville car elle a un grand potentiel, et que les gens qui y sont ont tendance à tout blâmer, alors qu’elle regorge de possibilités. Or si chacun joue sa partition et est le meilleur dans son domaine, alors Beyrouth brillera encore plus. »
Depuis 2004, Daniel a écrit différents scénarios. À l’avenir, il compte s’épancher davantage sur la comédie de la vie au Liban. L’esprit de Woody Allen prévaudra dans ses créations. Mais pour l’instant, retour à son premier amour : la peinture. Une façon aussi pour lui de revenir aux sources pour mieux rebondir.

Maya SOURATI
C’est entre les murs gris de l’insouciance beyrouthine et ceux brisés du début de la guerre de 2006 que Daniel écrit son premier scénario, Blood Taxi, un taxi schizophrène coïncé à Beyrouth et plongé dans l’obscurité, pour cause de coupure d’électricité. Après un diplôme en peinture et en photographie obtenu à l’université de Houston, le peintre en formation met de...
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