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À La Une - Crise

En Syrie le bain de sang, à Istanbul le verbiage...

Près de 140 morts depuis samedi ; le CNS annonce vouloir verser des salaires à l’ASL.

La communauté internationale n’a pas encore réussi à adopter le moindre geste fort et concret pour mettre un terme au massacre des opposants au régime d’Assad. Photo YouTube/ Adem Altan/AFP

Alors qu’à Istanbul, les Amis du peuple syrien ont appelé hier à fixer une « date limite » pour l’application du plan de paix en Syrie par le régime de Bachar el-Assad, dans une déclaration finale conjointe (les détails en cliquant ici), rien de concret n’a été adopté pour mettre fin au massacre qui continue sur le terrain.

 

Au moins 70 personnes ont été tuées hier en Syrie, dont de nombreux membres des forces gouvernementales, dans de violents combats et des attaques rebelles à travers le pays, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Au lendemain de l’annonce par le régime de Bachar el-Assad qu’il avait gagné « une fois pour toutes » la bataille contre l’opposition et les insurgés, ses troupes tentaient toujours en fait d’écraser les poches de résistance.

 

Dans la ville de Qourriyé d’abord, dans la province de Deir ez-Zor, cinq rebelles, quatre soldats – dont un officier – et un civil ont été tués lors de violents combats, selon l’OSDH. Quatre autres soldats ont péri dans une attaque menée par un groupe de déserteurs contre un convoi militaire hier matin dans la région de Jisr el-Choughour, dans la province d’Idleb, près de la frontière turque, a ajouté l’ONG. Dans la même province, une femme a été tuée par un tireur embusqué dans la région de Maaret el-Noomane et des combats ont éclaté près de la ville de Saraqeb entre des rebelles et l’armée qui y menait des perquisitions, faisant plusieurs victimes parmi les civils.

 

De même, quatre soldats ont trouvé la mort dans de violents affrontements près de la ville de Jassem dans la province de Deraa, berceau de la contestation dans le Sud. Trois soldats qui ont fait défection lors de ces combats ont d’ailleurs été rattrapés et abattus par un officier, toujours d’après l’OSDH. Dans l’est de cette province, à Oum el-Mayazen, deux civils ont été tués par les forces de sécurité et trois membres des services de sécurité ont péri dans une attaque rebelle contre leurs véhicules à Sehm el-Joulane.

 

À Homs, plusieurs civils ont été tués, lors de bombardements dans plusieurs quartiers de la ville ou encore par des tirs.

 

Un jeune homme a été tué par des tirs dans le quartier de Roukneddine dans le nord de Damas lors de perquisitions. Toujours près de la capitale, un jeune homme a été tué dans une embuscade tendue par les forces de sécurité dans la ville de Dmeir où quatre autres personnes ont été arrêtées, selon l’OSDH. Dans la même région, à Kafar Batna, « des chars étaient déployés en masse à tous les barrages » et des « tireurs embusqués tiraient sur tout ce qui bouge », a affirmé Dib el-Dimachki, porte-parole du Conseil de commandement de la révolution pour la région de Damas.

Dans la province de Hama, au moins quatre civils ont été tués par des tirs lors de perquisitions des forces de sécurité dans les localités de Latamné, el-Jabine et el-Zokat. Et dans la ville même, trois agents de sécurité ont été blessés quand un groupe de soldats dissidents ont tiré sur leur voiture. Les troupes régulières ont perquisitionné dans le quartier Janoub el-Malaab, menaçant les habitants d’arrestations s’ils ne leur remettaient pas des soldats déserteurs, a indiqué l’OSDH.

 

Pendant ce temps, Burhan Ghalioun, le président du Conseil national syrien (CNS), la principale coalition de l’opposition, a annoncé lors de la conférence des « Amis de la Syrie » à Istanbul que son mouvement allait verser des salaires aux membres de l’Armée syrienne libre (ASL) en lutte contre Damas. Et des diplomates présents à la conférence ont précisé que trois ou quatre pays arabes, dont l’Arabie saoudite, le Koweït et le Qatar, allaient verser des millions de dollars pour ce programme.

 

Le chef du CNS a également réitéré les demandes de l’opposition pour une intervention internationale au moins humanitaire. « Nous voulons des aides humanitaires urgentes, nous voulons des zones sécurisées et des corridors humanitaires, et nous voulons un soutien pour l’ASL qui assure la défense des civils », a-t-il énuméré.

 

Dans ce contexte, les autorités iraniennes sont revenues hier sur leur annonce de la libération de cinq ingénieurs enlevés il y a plusieurs mois en Syrie, confirmant seulement la libération de cinq pèlerins. Kazem Sajjadi, un responsable aux Affaires étrangères, a ainsi déclaré à la télévision d’État « espérer » un aboutissement des négociations pour la libération des ingénieurs. Ce n’est pas la première fois que l’Iran se rétracte sur une libération de ses ressortissants en Syrie. Il avait annoncé leur libération en février avant de dire qu’ils étaient toujours en captivité.

Par ailleurs, l’Allemagne a annoncé hier avoir augmenté de 2,5 millions d’euros sa contribution humanitaire destinée aux réfugiés syriens se trouvant dans les pays voisins, arrivant à un total de 5,7 millions d’euros d’aide.

 

En outre, la Fédération internationale des ulémas a appelé hier à la protection du peuple syrien de la répression du régime de Damas, prônant « l’unification de l’opposition à la fois politique et militaire, ainsi qu’à l’armement de l’ASL », invitant la communauté musulmane du monde arabe à apporter son soutien « moral et financier au peuple syrien opprimé ».

 

Ces événements interviennent au lendemain des déclarations du régime syrien affirmant avoir gagné la bataille contre la rébellion. Cependant, ses troupes n’ont pas cessé de bombarder samedi les poches de résistance. « La bataille pour faire tomber l’État en Syrie est terminée une fois pour toutes », a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Jihad Makdessi, prévenant que l’armée ne se retirerait des zones résidentielles qu’après « le rétablissement de la sécurité et de la paix civile ».

 

L’armée a donc continué samedi sa campagne contre les bastions insurgés, bombardant le quartier de Khaldiyé à Homs « avec une roquette par minute en moyenne ». Sept soldats ont en outre péri dans de violents combats entre armée et rebelles dans les provinces de Deraa et de Homs, selon l’OSDH. Cela n’a pas empêché des milliers de participants à des funérailles dans le quartier de Kafar Soussé à Damas de scander « Le peuple syrien est uni, le peuple syrien ne sera pas humilié », avant d’essuyer des tirs des troupes. Selon des militants prodémocratie ainsi que la chaîne al-Arabiyya, près de 70 personnes auraient trouvé la mort samedi.

Alors qu’à Istanbul, les Amis du peuple syrien ont appelé hier à fixer une « date limite » pour l’application du plan de paix en Syrie par le régime de Bachar el-Assad, dans une déclaration finale conjointe (les détails en cliquant ici), rien de concret n’a été adopté pour mettre fin au massacre qui continue sur le terrain.
 
Au moins 70 personnes ont été tuées hier en Syrie,...
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