Rechercher
Rechercher

Culture - Exposition

Stigmates de la guerre, avec Alfred Tarazi

Onze mégatoiles (huile, encre et feuille d’or) et trois diaporamas sous verre, signés Alfred Tarazi ; inspiration picturale portant, non sans une certaine agressivité, les stigmates de la guerre, aux cimaises de la galerie The Running Horse.

Monde tourmenté et douloureux d’un peintre qui revient, en traits marqués et cernés de noir, aux années de guerre... Alfred Tarazi avait à cette époque-là l’âge des petits scouts à qui on a confisqué, dans le fracas des armes, sans ménagement, les rêves de l’enfance. 

 

Terreur et horreur devant des scènes de violence qui marquent au fer rouge toute une vie. Et c’est cette mémoire blessée et encombrée de jours sombres que traduit la peinture d’un artiste qui réécrit, c’est-à-dire peint, à sa manière, acide et agressive, ces moments d’effritement, de plomb et de désolation.


Des volées de mouches putrides, des cadres en deuil soulignés grassement en noir fauve, des personnages affalés dans leur chair lourde, des striures rouge sang, des signes aux symbolismes un peu démoniaques et hermétiques, des ombres épaisses, des nudités aux musculatures combatives, des fils de barbelés jetant limites et interdictions, des croix en rang comme pour un cimetière qui n’en finit plus de s’étaler, des pupilles gigantesques et dilatées... Peinture panique pour un monde démantelé, secoué par le fracas des armes et la folie des hommes.


En traits grossiers, dégoulinant de couleurs sombres, noyés dans des fumées nocives, voilà un lot d’images sans concession, pour une esthétique d’une abrasive modernité.


Mais il y a aussi, comme un instant de paix revendiquée, comme une trêve imposée: la farandole de ces touchants enfants scouts aux jeux innocents et candides. Comme brandir une épée en soulevant un bouclier de toc... Ou le regard luisant d’une curieuse bonhomie de ce milicien en treillis, platement dessiné comme une affiche de cinéma des années 1960 avec une mitraillette où se prélasse, en toute quiétude, un chat noir...


Sans oublier, comme un acte d’un farouche nationalisme, cette banderole (détachable du tableau) au slogan éloquent, dans une impeccable calligraphie en langue arabe: «Al-mawt li aadaa Loubnan» (Mort aux ennemis du
Liban).


Dans le même sillage d’originalité d’expression ces diaporamas, véritable boîte à magie de l’enfance d’un bonimenteur de passage où, par-delà un visage de louveteau ou les casquettes d’une bande de jeunes scouts, se déroule un rouleau de paisibles paysages introduisant rêve et mobilité dans un esprit coincé dans un monde qui bascule et vole en éclats.


Militantisme pictural, polémique à travers la palette, dénonciation de l’absurde des guerres, acte de présence nationaliste par le biais du pinceau, carnet de bord des sinistres années de lutte fratricide, conjuration de l’indicible des pestilences, libération des images qui dérangent? Tout cela à la fois que ces traits d’un expressionnisme un peu à l’allemande, nerveux, tendus, agressifs. Sans nul doute, dans un élan de désir libératoire et libérateur, par-delà toute supputation personnelle, pour véhiculer et occulter un vécu douloureux et angoissant.

Monde tourmenté et douloureux d’un peintre qui revient, en traits marqués et cernés de noir, aux années de guerre... Alfred Tarazi avait à cette époque-là l’âge des petits scouts à qui on a confisqué, dans le fracas des armes, sans ménagement, les rêves de l’enfance. 
 
Terreur et horreur devant des scènes de violence qui marquent au fer rouge toute une vie. Et c’est cette...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut