Les Frères musulmans syriens ont rendu publique dimanche une charte pour exprimer leur détermination à édifier un État civil en Syrie qui respecterait les droits de l’homme et assurerait la participation de tous, dans un geste visant manifestement à détruire une fois pour toutes l’épouvantail islamiste brandi par le régime syrien, surtout face aux différentes communautés chrétiennes, pour se maintenir au pouvoir.
La charte, dont le chef des Frères musulmans syriens, Ali Sadreddine Bayanouni, a donné lecture dans le cadre d’une conférence de presse à Istanbul, proclame les principes pour lesquels les Frères s’engagent à œuvrer en Syrie après la chute du régime de Bachar el-Assad. « Ce pacte représente une vision nationale que nous adoptions et que nous présentons comme base pour un nouveau pacte social qui servirait de fondement à un nouveau lien national moderne et sûr entre les composantes de la société syrienne, dans toutes ses ramifications religieuses, sectaires et ethniques, et ses courants idéologiques et politiques », affirme ainsi la charte dans son préambule.
« Les Frères musulmans s’engagent à ce que la Syrie de demain soit :
1) Un État civil moderne fondé sur une Constitution civile émanant de la volonté du peuple syrien, fondée sur un consensus national, établi par une assemblée constituante élue à l’issue d’élections libres et transparentes ; une Constitution qui protègerait les droits fondamentaux des individus et des groupes de tout abus ou oppression, et qui assurerait une représentation équitable de toutes les composantes de la société.
2 ) Un État démocratique pluraliste respectant le principe de l’alternance, conformément à ce qui a été produit de meilleur dans la pensée de l’homme moderne, un État disposant d’un régime républicain parlementaire, où le peuple choisirait qui le représente et qui le gouverne à travers les urnes, dans le cadre d’élections libres, justes et transparentes.
3) Un État de la citoyenneté et de l’égalité, où tous les citoyens seraient égaux, quelle que soit leur race, leur religion, leur communauté ou leur orientation, fondé sur le principe de la citoyenneté comme source de droits et de devoirs, où tout citoyen aurait le droit d’accéder aux plus hauts postes sur base des deux règles de l’élection et de la compétence, où les hommes et les femmes seraient égaux sur le plan de la dignité humaine et sociale, et où les femmes disposeraient de leurs droits complets.
4) Un État qui respecterait les droits de l’homme – tels que proclamés et reconnus par les religions révélées et les conventions internationales – la dignité et l’égalité, la liberté de pensée et d’expression, la liberté de croyance et de culte, la liberté de la presse, la participation politique, l’égalité des chances, la justice sociale et l’octroi des besoins fondamentaux à une vie digne. Aucun citoyen ne serait inquiété pour ses croyances ou son culte, ni sur le plan publique ni sur le plan privé. Un État rejetant la ségrégation et interdisant et pénalisant la torture.
5) Un État fondé sur le dialogue et la participation, non sur la logique de la vengeance, de l’exclusion et de la domination, où tous les citoyens participeraient sur le même pied d’égalité à son édification et sa protection, au partage de ses biens et de ses richesses, et s’engageraient à respecter les droits de toutes les composantes ethniques, religieuses et communautaires, et les spécificités de ces composantes, dans toutes leurs dimensions civilisationnelle, culturelle, sociale, ainsi que le droit d’exprimer cette spécificité – cette diversité étant considérée comme une source de richesse et une extension de la longue histoire de coexistence, dans un contexte d’acceptation de l’autre au plan humain.
6) Un État où le peuple est son propre souverain, maître de sa décision, où il choisit lui-même sa voie et décide de son avenir, sans tuteur ou tyran, sans parti unique ou groupe hégémonique.
7) Un État qui respecte les institutions, fondé sur la séparation des pouvoirs (...) et où les responsables seraient au service du peuple et dont les prérogatives et les moyens de reddition de comptes seraient mentionnés dans la Constitution. Les forces armées et les services de sécurité seraient au service de la nation et du peuple, pas du pouvoir et du régime, et ne s’ingéreraient pas dans la concurrence politique entre les partis et les forces nationales.
8) Un État qui rejetterait le terrorisme et le combattrait et respecterait les chartes, accords, conventions et traités internationaux et qui serait facteur de sécurité et de stabilité dans son environnement régional et international, qui établirait les meilleures relations avec ses frères, à commencer par le Liban voisin, dont le peuple a souffert, comme le peuple syrien, des malheurs occasionnés par le régime de la corruption et de la tyrannie, et qui œuvrerait pour réaliser les intérêts stratégiques de son peuple, pour recouvrer ses territoires occupés par tous les moyens légitimes, et qui soutiendrait les droits légitimes du peuple palestinien frère.
9) Un État de justice et de souveraineté de la loi, où la haine n’aurait pas de place, ni la vengeance. Même ceux qui ont les mains souillées du sang du peuple, quelle que soit la partie à laquelle ils appartiennent, auront droit à un procès équitable devant une justice intègre, libre et indépendante.
10) Un État de coopération, de fraternité et d’amour entre les fils de la grande famille syrienne, dans le cadre d’une réconciliation nationale globale, qui ferait chuter tous les faux prétextes, adoptés par le régime de la corruption et du despotisme pour intimider les citoyens et les effrayer les uns des autres afin de prolonger son règne (...). »
« Nos cœurs sont ouverts et nos mains tendues vers tous nos frères et nos partenaires dans notre pays bien-aimé, pour qu’il puisse prendre la place qu’il mérite parmi les sociétés humaines civilisées », conclut la charte des Frères musulmans.
constitution civile : ils se moquent de qui ? Ils ne sont plus des frères musulmans, mais des frères démocratiques ? le paragraphe 9 me fait rire ! un procès équitable MDR et un état de justice, est-ce qu'il y a un état de justice dans tout les pays arabes, même au Liban, la justice.......
14 h 54, le 27 mars 2012