Dans la vie civile, Moussa était peintre et décorateur. Vêtu d’un jean, portant des mocassins en cuir, il n’a pas l’allure d’un combattant aguerri. Mais ils sont nombreux comme lui à composer un réseau informel de combattants, passeurs, militants, contrebandiers opérant à la frontière syro-turque, chacun avec un rôle assigné. Moussa, qui a fui son village frontalier peu après le début du soulèvement, vit aujourd’hui avec sa famille – sa femme et son fils – dans l’un des camps de réfugiés à Hatay. Il a rejoint l’ASL plusieurs mois après son arrivée en Turquie, qu’il présente comme une force quasi conventionnelle avec des unités et une hiérarchie. « Nous sommes deux groupes d’environ 70 hommes au total. Chaque groupe a un poste en Syrie près de la frontière. Tout le monde sait qui appartient à tel groupe. Nous connaissons notre commandant individuel. Nous sommes disciplinés », déclare-t-il. Comme il connaît parfaitement la région, Moussa guide les réfugiés et les combattants blessés jusqu’en Turquie. Son chef, un lieutenant ayant fait défection, opère en Syrie.
À Reyhanli, une autre localité frontalière située plus au nord, Abdoul dirige un groupe qui ravitaille les rebelles. Il note que l’armée syrienne a étendu sa présence à la frontière. « Ils ont maintenant des soldats disposés tous les cent mètres avec des mitrailleuses lourdes et des francs-tireurs. On est passé de nuit. L’ASL connaît certaines routes pour éviter d’être vus », raconte-t-il, ajoutant que « les soldats syriens n’aiment pas sortir la nuit parce qu’ils ne connaissent pas la région. Ils commencent à patrouiller vers 4 ou 5 heures du matin ».
Abdoul et ses hommes font passer des médicaments, de la nourriture, des couvertures et, quand ils peuvent en trouver, des armes. « Je suis le meilleur contrebandier de Turquie », clame-t-il. « Avant la révolution, je pouvais faire passer un char en Syrie. » Depuis le soulèvement, le prix des armes s’est envolé. « Une kalachnikov d’occasion coûtait entre 100 et 200 dollars sans les munitions. Aujourd’hui, elle coûte 1 500 dollars. Une balle de kalachnikov coûtait 25 kurus (0,15 dollar). Aujourd’hui, on en offre 3,8 dollars et on n’arrive pas à en trouver. »
En visite dans un hôpital de Reyhanli, il croise un combattant blessé qui laisse éclater sa colère : « Vous étiez censés nous envoyer des armes, des couvertures, de la nourriture. Vous ne nous avez rien envoyé. » Des tensions existent au sein de l’ASL. La plupart des combattants prêtent allégeance à son fondateur, Riad el-Assaad, un ancien colonel de l’armée syrienne qui vit dans la province d’Hatay, sous la protection des Turcs. Mais d’autres préfèrent obéir aux officiers restés combattre en Syrie. « Il y a deux armées », déclare Abdoul. « Celle qui se bat et celle qui sirote du thé et du café en Turquie. »
Quelles que soient leurs querelles internes, les hommes de l’ASL s’entendent sur un point, que résume Moussa : « Il nous faut des armes, des munitions, une zone de non-survol. Mes balles ne peuvent rien contre leurs chars. Mais nous n’abandonnerons pas tant qu’Assad ne sera pas parti. »
(Source : Reuters)
commentaires (2)
Pathetique, comme on entraine des jeunes a detruire leur pays sur des bases trompeuses de revolution, democratie, liberte, pour que l'ego des riches du golfe qui ont foire dans tout ce qu'ils entreprennent, puissent avoir l'illusion d'une hypothetique victoire quelque part dans leur existence de rois faineants.
Jaber Kamel
09 h 41, le 26 mars 2012