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La passion de la musique au-delà du handicap

Non-voyant depuis sa naissance, Mustapha Saïd est professeur de oud, de chant, de taqsim et de musique d’ensemble arabe à l’Institut supérieur de musique de l’Université antonine.

« Le fait que je sois aveugle ne m’a jamais posé de problèmes. Je suis musicien et la musique fait appel à l’ouïe et non à la vue », affirme Mustapha qui a commencé à apprendre la musique à l’âge de quatre ans. « J’avais un tuteur anglais spécialiste pour non-voyants. Il m’a enseigné l’anglais, la musique occidentale, le chant et le piano. C’est lui qui m’a poussé vers ma vocation actuelle. »
C’est en Égypte, son pays d’origine, que Mustapha poursuit des études en lettres. Un diplôme en littérature anglaise de l’université Aïn Chams en poche, il obtient par la suite d’autres diplômes, d’options phonétiques et de oud, et un master en musicologie de l’Université des pères antonins (UPA). Jouant du oud depuis 2002, il enseigne cet instrument au Caire à Beit el-Oud, en Algérie et en Turquie avant de poser ses valises en 2006 au Liban.
Le jeune musicien conçoit l’enseignement de la musique comme un prolongement de sa carrière. Avec un petit sourire, il avoue qu’il n’aime pas « enseigner à quelqu’un qui n’est pas passionné et pris par ce qu’il fait ». Mustapha se présente comme « un guide et un mentor » pour ses étudiants, et confie « être parfois strict et exigeant ». Comment fait-il pour dépasser les obstacles liés à la cécité ? « J’ai recours à un logiciel qui me permet de transformer les notes dans mon ordinateur en voix et sons accessibles à tous ».
Mustapha ne se contente pas d’enseigner la musique. Il fait aussi partie de la fondation AMAR (Arab Music Academy for Research), une fondation libanaise qui rassemble des musiciens et des experts de différentes nationalités autour d’un but : la préservation de l’héritage musical arabe du début du XXe siècle.
Du haut de ses 29 ans, le jeune musicien manie l’humour comme il manie le oud. Il aime son métier. Il reconnaît que la musique est son unique moyen d’expression. « Je ne peux traduire ce que je ressens qu’à travers la musique. Je m’exprime donc grâce à cette passion. » Modeste, il affirme qu’il « ressent toujours un besoin de tout améliorer ». Il ambitionne de renouveler la musique arabe, « de la faire évoluer, de la moderniser et de la révolutionner de l’intérieur ». Par ailleurs, Mustapha déplore l’importation de la musique orientale de l’étranger et le fait que certains artistes libanais « répètent comme des perroquets ».

Joie de vivre contagieuse
Très attaché à sa terre natale, Mustapha s’y rend régulièrement. « Je me retrouve souvent en avion, non seulement pour me rendre en Égypte, mais aussi pour participer à des concerts ou à des activités de par le monde. J’ai un sentiment d’appartenance à l’humanité tout entière », confie-t-il. Dans ces (rares) moments libres, Mustapha affectionne la natation dans le peu de temps libre qu’il a. Célibataire, c’est un cœur à prendre. Pourtant, il avoue qu’il n’a pas beaucoup de temps libre à consacrer à ses « nombreux amis ». Pudique, le jeune musicien n’évoque jamais son handicap. Sans en dire plus, il raconte « avoir des rêves illimités ». « Si c’était à refaire, je ne changerais rien. J’aime ma vie. Je suis heureux », conclut-il. Sa joie de vivre fait plaisir à voir. Elle est même communicative.

Myrna KHOURY-RAPHAËL
« Le fait que je sois aveugle ne m’a jamais posé de problèmes. Je suis musicien et la musique fait appel à l’ouïe et non à la vue », affirme Mustapha qui a commencé à apprendre la musique à l’âge de quatre ans. « J’avais un tuteur anglais spécialiste pour non-voyants. Il m’a enseigné l’anglais, la musique occidentale, le chant et le piano. C’est lui qui...

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