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À La Une - Courrier des lecteurs

Mère veilleuse maman

Mercredi 21 mars, premier jour du printemps, immortel jour des mamans.


Qu’il est délicat d’aborder ce thème que la moindre maladresse tournerait en cliché inélégant et le moindre excès en violon, grinçant un disgracieux lamento !
Pour commencer par l’esthétique, voire la phonétique, celle qui m’a donné la vie n’a jamais été pour moi une mère rimant avec amère. Et combien j’aime ma voix lançant ce chantant maman, rimant avec aimant !


Tu sais, ma p’tite maman, j’ai un secret à te confier : la fête des Mères me donne un haut le cœur. Toutes ces pubs, tous ces panneaux publicitaires, toutes ces promos, « Offrez à votre mère un fer à repasser, une machine à laver, un forfait massage, un coffret maquillage, une bague pour éterniser votre amour, une robe pour faire glamour »..., qui commercialisent vulgairement le sentiment le plus noble, l’amour d’un enfant pour sa maman !
Et puis ces chansons qu’on nous matraque à souhait : « Une maman, on en a qu’une », « Une maman, quelle fortune », ou encore « Pardonne-moi, c’est bien moi, malgré moi ». Mièvre tout cela. C’est toujours plus beau dans les photos, toujours plus faux dans les chansons !


Tu sais, maman, moi par contre je pense beaucoup en ce jour à ceux qui n’ont pas de maman, qui l’ont perdue ou encore, plus poignant, à ceux qui, d’autre part, n’ont pas eu la chance de connaître ce merveilleux sentiment. C’est bien triste, mais encore plus triste sont ceux qui envoient à leurs mères un somptueux cadeau ou un sublime bouquet, pensant que plus ils y ajoutent des fleurs et mieux ils pourront lui prouver leur amour ; ou encore ceux qui lui donnent son cadeau sans même prendre la peine de bien la regarder, de lui écrire un petit mot – pis encore, d’être à son écoute.


L’écouter avec des yeux remplis d’amour, même si c’est une histoire qu’elle raconte pour la énième fois, l’entendre patiemment même si elle se plaint encore et encore de sa petite santé, de la bonne qui la charrie, du froid qui lui ronge les os. Combien de fois s’est-elle inquiétée pour nous naguère, s’est fait un sang d’encre à cause de toutes les épreuves, les étapes de notre vie ; combien de fois n’a-t-elle pas fermé l’œil avant notre retour, aux aurores ? Prendre la peine d’aller vers elle pour lui parler. La voir assister, bien calée dans son lit, à Questions pour un champion par exemple et la laisser, toute fière, répondre aux questions et l’en féliciter. Prendre son appel dans la même maison, de chambre à chambre sur notre portable, pour vous inviter, dans un cérémonial imaginaire, à venir assister avec elle à un concert ou un ballet sur Mezzo, même si, maniaque, elle garde la fenêtre de sa chambre entrouverte et qu’elle vous laisse crever de froid. Lui dire que son koussa mehchi, sa charlotte aux fruits, sa crème renversée façon bain marie sont incomparables et gardent toujours le goût de notre enfance. Laisser tomber les amis de votre âge pour faire avec elle un voyage, profitant de ces délicieuses parenthèses bavardes entre mère et fille – mère et fils, pourquoi pas ?... Aller avec elle, si elle peut se le permettre encore, pour de longues marches intimistes, faisant d’elle une double complice, pour le profond comme pour le divertimento, pour le choix d’un vêtement, d’un tissu de canapé comme pour un problème de santé, un chagrin d’amour ou un souci de famille.


Somme toute, il est question de trois critères de taille : un temps de qualité passé à ses côtés, la justification de sa présence – elle a besoin de se sentir utile –, et enfin ne pas faire l’économie de mots, ni de gestes affectueux. Les cadeaux et le fla-fla ne sont, croyez-moi, que des « présents », comme leurs noms l’indiquent, ponctuels. Dites-lui à tout moment à quel point vous l’aimez, avant qu’il soit trop tard, sans que vous ayez eu le temps de le lui répéter suffisamment. Dites-lui que sa présence marque effectivement la différence, rassurez-la, accompagnez-la, même en étant absent. Prenez-la toujours pour ultime référence, lui assurant que sans elle rien ne se fait convenablement, selon l’éthique et le savoir-vivre qu’elle vous a inculqués. Entretenez sa mémoire en faisant avec elle une partie de scrabble ou des mots fléchés. Aiguisez sa curiosité. Prenez-la dans vos bras. Faites-la rire. Dites-lui qu’elle est votre valeur sûre en ces temps où tout est faux, qu’elle est votre rayon de soleil dans ce monde de loups où très rares désormais sont les personnes dignes de confiance.


Plus besoin de toutes ces fioritures et de ces écœurantes commémorations qui, par saturation, finissent par banaliser, mercantiliser l’événement au lieu de le marquer. Une seule fleur empreinte d’un baiser du cœur fera alors du 21 mars un ineffable quotidien.

Mercredi 21 mars, premier jour du printemps, immortel jour des mamans.
Qu’il est délicat d’aborder ce thème que la moindre maladresse tournerait en cliché inélégant et le moindre excès en violon, grinçant un disgracieux lamento ! Pour commencer par l’esthétique, voire la phonétique, celle qui m’a donné la vie n’a jamais été pour moi une mère rimant avec amère. Et combien...
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