"Regardez ces barbares de Libanais !"

Insultes, menaces, attaques verbales… L’agression filmée d’une domestique éthiopienne en pleine rue et en plein jour la semaine dernière à Beyrouth, a suscité la colère de nombre des compatriotes de la jeune femme qui ont réagi sur Internet, certains allant même jusqu’à crier vengeance.

Le fait que l’incident se soit produit devant le consulat d’Ethiopie au Liban, dans la rue Sami el-Solh à Badaro (proche banlieue de Beyrouth), n’a pas aidé à calmer les esprits…

"Si seulement j'avais été là-bas pour te protéger contre ces barbares, écrit Ghammid, sous la vidéo qui a été diffusée par la chaîne LBC et largement visionnée sur le réseau YouTube (79.280 fois en cinq jours). Ces hommes sont des pervers qui prennent du plaisir à voir la misère humaine. Ils devraient être pendus en public…Comment un acte pareil a-t-il pu se produire devant le consulat éthiopien ?"

"Les Libanais ne sont plus en sécurité en Ethiopie, écrit pour sa part EthioNight. Vous nous jetez de l’eau bouillante sur le visage, vous nous traînez dans la rue comme des animaux… Assez !"

"Regardez ces barbares de Libanais !, commente pour sa part Tedla Asfaw sur le site Ethiopian Review qui a consacré un article à l’incident. (…) L’agresseur devra être jugé pour ses crimes un jour ou l’autre. Vous devriez avoir honte de vous-mêmes, Libanais et arabes barbares. J’espère qu’une fois que la Syrie sera débarrassée de Bachar el-Assad, le Liban sera rayé (de la carte) par les Israéliens. Les Ethiopiens qui ont vu cette vidéo n’oublierons pas cette brutalité et nous nous vengerons tôt ou tard".

D’autres ont vu dans cet incident une occasion de remettre sous les feux de l'actualité les problèmes sociaux et le fléau de l'émigration qui touchent l'Ethiopie. "Ce n’est pas la faute des Libanais, souligne Tasadeeth sous la vidéo de la LBC sur YouTube. C’est surtout à cause de notre gouvernement que nos femmes sont obligées de quitter le pays."

Les réactions enflammées des internautes éthiopiens n’ont pas laissé les Libanais indifférents. La plupart ont tenté de calmer la colère suscitée par la vidéo, en appelant les Ethiopiens à éviter de généraliser.

"Je me sens mal de lire tous ces commentaires injustes, écrit Samer Makarem. Il faut que les Libanais s’unissent pour résoudre ce problème. Cet homme doit être puni pour ce qu’il a fait. Cette femme est un être humain et non pas un animal ou une esclave. Personne n’a le droit de traiter quiconque de cette manière".

Même le ministre des Télécommunications Nicolas Sehnaoui a réagi sous la vidéo, qualifiant l’incident d’"inacceptable". "J’exhorte les forces de sécurité à arrêter les personnes responsables, a-t-il écrit. Nous devons venir en aide à cette pauvre jeune femme éthiopienne. Des actes pareils déshonorent mon pays, j’ai honte".

Le président Michel Sleiman a annoncé l’ouverture d’une enquête sur cette affaire au lendemain de la diffusion de la vidéo, promettant de faire tout son possible pour traduire en justice les responsables.

Quant à la jeune victime, elle se trouverait actuellement à l’hôpital psychiatrique du couvent de la Croix, le consulat d’Ethiopie au Liban ayant affirmé qu’elle souffre de "troubles mentaux" et qu’elle a tenté de se suicider à plusieurs reprises.