Rechercher
Rechercher

À La Une - L’Orient des Campus

Urbaniste, un métier de valeur pourtant peu valorisé

Quand il s’agit de développer, réhabiliter ou protéger un lieu, un quartier ou un espace, c’est à l’urbaniste que l’on fait appel. Pour mieux comprendre ce métier, Campus a rencontré Léon Telvisian, responsable du master en urbanisme à l’Académie des beaux-arts de l’UL.

Avec un grand sourire chaleureux, Léon Telvisian entre directement dans le vif du sujet. « Le métier d’urbaniste reste, hélas, un luxe au Liban pour une raison très simple : il n’est pas inscrit à l’ordre des ingénieurs. » Situation que Telvisian et d’autres essayent de modifier. « Nous travaillons pour la mise en place, à l’ordre des ingénieurs, d’un organisme collégial regroupant les urbanistes », affirme le professeur-chercheur.

Pourtant, pour décrocher un master en urbanisme, le parcours n’est pas évident. Il faut au préalable avoir validé un niveau bac +5, de préférence dans le domaine de l’architecture, de la géographie, de la sociologie ou du droit. Au Liban, trois universités offrent ce master : l’ALBA, l’AUB et l’UL.

 

Différence et parallélisme entre architecte et urbaniste

« On constate que le plus souvent ce sont des diplômés en architecture qui poursuivent un master en urbanisme et cela pour une raison très simple, affirme le Pr Telvisian. Ils sont déjà sensibilisés aux notions de l’espace et du cadre de vie. L’enveloppe physique ne suffit plus à justifier leur voie, ils veulent intégrer dans leur choix une logique à l’échelle du quartier ou de la ville, en terme de contribution à leur bon fonctionnement. »

 

Bien qu’il existe une certaine complémentarité entre le métier d’architecte et celui d’urbaniste, la différence reste grande. Le premier traite une parcelle de terrain régi par les réglementations de construction. Il traduit un programme établi. Ses outils sont, par excellence, le dessin, la modélisation, la maquette et la perspective. L’urbaniste, lui, est le chef d’orchestre du projet, il coordonne et synthétise les compétences des uns et des autres : son travail exige une vision globale. L’urbaniste traite à plusieurs échelles un quartier en difficulté ou une ville en développement. Ses outils diffèrent, selon les cas. Cela peut être une recommandation, une orientation ou une stratégie, avec à l’appui des plans, des cartes ou des dessins. Pour Telvisian, « l’urbaniste doit penser à tout et garder à l’esprit que la ville est une dynamique où les éléments interagissent les uns avec les autres ».

 

Les débouchés, la sensibilisation et les besoins

« Actuellement nos villes sont en crise, dit Telvisian. La preuve : l’anarchie dans la construction, le trafic routier, l’éclatement urbain. Des problèmes qu’il incombe à l’urbaniste de régler. Il y a de plus en plus de demandes de la part des municipalités et des instances internationales aux urbanistes de réfléchir à ces problèmes, de trouver des solutions et de donner des recommandations. »

 

L’urbaniste peut travailler dans les collectivités locales, les municipalités, les organes gouvernementaux tels que le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), la Direction générale des antiquités (DGA) et la Direction générale de l’urbanisme (DGU), mais aussi dans des institutions internationales et parfois dans des cabinets privés. Dans les collectivités et les municipalités, l’urbaniste prend part au processus de décision et de discussion des politiques d’aménagement. Il intervient en amont comme en aval des projets.

 

Au Liban, beaucoup de travail reste à faire, et cela à plus d’un niveau, que ce soit dans les trafics routiers, la gestion de l’urbanisation, les espaces publics et la mixité sociale dans les quartiers. Bien que le Pr Telvisian déplore un manque de culture urbaine chez le citoyen libanais, il reste optimiste et conclut : « L’ordre dans le désordre. Tôt ou tard il y aura un soudain réveil collectif ! »

 

 

Retrouvez les autres articles de la rubrique Campus, en cliquant ici.

 

 

-------------------------------

 

Manifestez-vous !

 

Vous faites partie d’un club étudiant et vous organisez des activités sociales, culturelles ou sportives. Vous avez une question, un doute. Vous avez aimé un concert ou une exposition. Un événement lié à l’actualité du Liban ou d’un autre pays vous a choqué, interpellé, ému. Vous avez une proposition d’article ou de sujet de débat. Racontez-nous ce qui se passe dans votre université, partagez vos expériences et vos coups de cœur, faites-nous rire ou grincer des dents...

Écrivez-nous à campus@lorientlejour.com et ne manquez pas de nous suivre sur Facebook et Twitter!

 

Avec un grand sourire chaleureux, Léon Telvisian entre directement dans le vif du sujet. « Le métier d’urbaniste reste, hélas, un luxe au Liban pour une raison très simple : il n’est pas inscrit à l’ordre des ingénieurs. » Situation que Telvisian et d’autres essayent de modifier. « Nous travaillons pour la mise en place, à l’ordre des ingénieurs, d’un organisme collégial...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut