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Il n’y a pas une opposition, mais « des oppositions » à Poutine

L’opposition davantage à la peine en province

Moindre utilisation d’Internet, pressions sur les médias locaux, manque de leaders : l’opposition russe est davantage à la peine en province qu’à Moscou, comme à Ekaterinbourg, dans la région de l’Oural, à 1 500 kilomètres à l’est de la capitale.
La quatrième ville de Russie a des militants déterminés, et des milliers de personnes y ont participé à des manifestations lors des journées de mobilisation qui se sont enchaînées depuis les législatives de décembre. La présidentielle du 4 mars « ne sera pas une élection mais un couronnement ; le paysage politique a été nettoyé et il n’y a pas de compétition », souligne Leonid Volkov, qui a organisé plusieurs rassemblements via les réseaux sociaux.
Dans cette ville industrielle de 1,4 million d’habitants, environ 5 000 personnes se sont rassemblées lors de la dernière manifestation d’opposition le 4 février. Un rassemblement inédit pour une ville de province russe depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine il y a une décennie, mais beaucoup moins que les dizaines de milliers de manifestants de Moscou, mobilisés parmi une classe moyenne beaucoup plus nombreuse et, vue d’ici, opulente dans la capitale russe. Pourtant, le parti Russie unie de M. Poutine n’a obtenu que 32 % des suffrages aux législatives de décembre dans la région, contre près de 50 % sur l’ensemble du territoire.
« Il n’y a pas beaucoup de héros », explique Gueorgui Perski, un député d’opposition au Parlement régional, déplorant le manque de leaders au niveau local. « Il faut avoir une forte personnalité », face aux pressions de toutes sortes et au conformisme de la société russe, ajoute ce vétéran de l’opposition locale. Autre frein, le manque d’information au-delà des limites de la capitale, malgré les progrès d’Internet. « Si le territoire était plus petit, l’information atteindrait plus de monde. Ces distances gigantesques sont le salut de notre gouvernement », ajoute-t-il.
Alors que les réseaux sociaux et les sites Internet sont devenus le moyen privilégié d’information et de mobilisation à Moscou, seuls 22 % de la population utilisent ce média en province, selon Aksana Panova, rédactrice en chef d’un site libéral d’informations Ura.ru. La plupart regardent encore uniquement la télévision, sous contrôle du pouvoir, souligne-t-elle. Le site de Mme Panova a récemment publié une longue interview d’Alexeï Navalny, un des leaders de la contestation, un rapport sur un détournement de plus de deux millions d’euros du budget régional et des révélations sur la transformation d’un centre pour enfants tuberculeux en résidence privée au profit des élites locales. Mais, explique-t-elle, ici encore plus qu’à Moscou, « la pression ne s’arrête jamais » sur les médias qui gênent le pouvoir : contrôles fiscaux, voire inspections tatillonnes des pompiers sur le respect des normes de sécurité sont courants. En décembre, elle a vendu une partie du capital à une société autrichienne, espérant trouver là un soutien contre les autorités locales. « Je ne sais pas comment nous protéger autrement », dit-elle.
En définitive, les militants d’opposition comptent ici beaucoup sur la mobilisation dans la capitale pour faire changer les choses. « Je suis bien sûr amer que la politique ne se décide qu’à Moscou », dit Leonid Volkov, mais « s’ils ne réussissent pas à Moscou, alors ce sera extrêmement difficile de continuer en province ».
         
          (Source : AFP)
Moindre utilisation d’Internet, pressions sur les médias locaux, manque de leaders : l’opposition russe est davantage à la peine en province qu’à Moscou, comme à Ekaterinbourg, dans la région de l’Oural, à 1 500 kilomètres à l’est de la capitale.La quatrième ville de Russie a des militants déterminés, et des milliers de personnes y ont participé à des manifestations lors...