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Couverture spéciale de la révolte en Syrie - Crise

Nouveau projet à l’ONU : concessions ou compromissions ?

La Jordanie retire ses observateurs ; au moins 17 morts hier.
Un nouveau projet de résolution sur la Syrie circulait hier à l’ONU, faisant des concessions à la Russie dans l’espoir de lever son blocage. La nouvelle mouture du texte, qui a été élaborée après des négociations mercredi entre les ambassadeurs des 15 pays du Conseil de sécurité, abandonne toute référence explicite au départ du président Bachar el-Assad. La résolution « soutient pleinement (...) la décision de la Ligue arabe du 22 janvier 2012 de faciliter une transition politique menant à un système politique démocratique et pluraliste ». Mais les détails de cette transition n’apparaissent plus. Ce processus de transition démocratique avait été proposé par la Ligue arabe en janvier dans son plan de sortie de crise pour la Syrie. La Russie insiste pour que le Conseil ne préjuge pas de l’issue de la crise en demandant a priori que le président Assad cède le pouvoir. Comme les textes précédents, le nouveau « condamne la violence d’où qu’elle émane ».
Le texte abandonne en outre toute référence aux sanctions économiques décidées par la Ligue arabe contre Damas en novembre 2011, ainsi qu’un paragraphe où le Conseil « s’inquiétait » des ventes d’armes à la Syrie. D’ailleurs, Moscou a précisé hier qu’elle allait continuer d’exporter des armements à Damas, dans la mesure où il n’y a aucune restriction dans ce domaine, a indiqué le vice-ministre russe de la Défense, Anatoli Antonov. Notons que la Russie n’a pas encore réagi au nouveau texte.
Les 15 membres du Conseil de sécurité reprenaient à l’heure de mettre sous presse leurs consultations dans une ambiance de relatif optimisme, certains diplomates estimant qu’un compromis est proche. Il n’en reste pas moins que d’aucuns s’interrogent sur ces concessions faites à Moscou, les qualifiant sans ambages de compromissions.

La guerre
Sur un autre plan, la Jordanie s’est officiellement retirée de la mission d’observation de la Ligue arabe en Syrie, a annoncé le ministre jordanien des Affaires étrangères. Nasser Jawdeh a précisé que la décision datait de plusieurs jours, lorsque la Ligue a suspendu les travaux de ses observateurs. Plus tôt, le chef de la mission d’observation, le général soudanais Mohammad Ahmad Moustafa al-Dabi, s’était dit « totalement satisfait » du travail de la mission, qualifiant néanmoins la situation sur le terrain de « guerre » et affirmant avoir constaté « des actes de torture ».
Alors que les militants prodémocratie avaient appelé à des manifestations hier et aujourd’hui pour commémorer les 30 ans de la terrible répression à Hama, les violences ont fait au moins 17 morts, selon al-Jazira.
L’armée syrienne a bloqué l’accès à toutes les places de Hama où des habitants ont répandu sur le sol de la peinture rouge, symbole de sang. Des chars ont été déployés dans les rues et des camions de pompiers ont nettoyé à grande eau les traces de peinture. « Ils veulent effacer la mémoire, ils ne veulent pas qu’on se souvienne », accuse un opposant. « Mais nous ne plierons pas. » « Le silence arabe et international face aux crimes de Hafez el-Assad et sa clique il y a 30 ans est en grande partie responsable de la poursuite de ces crimes et des atrocités quotidiennes commises par Bachar au vu et au su » du monde entier, ont affirmé pour leur part dans un communiqué commun plusieurs instances de l’opposition, dont le Conseil national syrien (CNS).
Des coups de feu ont par ailleurs retenti dans la banlieue damascène de Moaddamiyeh, où un militant a été tué par les forces de sécurité avant d’être jeté du toit de sa maison sous le regard de sa femme et de ses enfants. Dans la capitale, les manifestants, en majorité adolescents, ont défilé jusqu’à la place de la Liberté où ils ont été attaqués par les services de sécurité, d’après une vidéo postée sur YouTube par un groupe de militants. À Daraya, dans la province de Damas, des vidéos montraient également des manifestations d’étudiants, dont de nombreuses filles. Des manifestations ont également eu lieu à Homs et Qamichli.
L’armée syrienne a également poursuivi sa reprise en main des faubourgs est et nord de Damas, dont les insurgés avaient brièvement pris le contrôle la semaine dernière. Quelque 25 rebelles ont été tués au cours de cette opération, selon une organisation de défense des droits de l’homme. Toujours dans le rif de Damas, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) rapporte une « campagne d’arrestations et de perquisitions » dans plusieurs localités, dont Douma, tandis que les villages de Talfita et de Rankous continuaient d’être assiégés. Dans la province de Deraa, l’armée syrienne a pris d’assaut le village d’al-Jiza, selon l’OSDH, qui a fait état de trois civils décédés. À Idleb, deux frères ont également été tués par les forces de sécurité. La chaîne de télévision al-Arabiya a par ailleurs indiqué que « la brigade Farouk a fait prisonniers 17 soldats près du dispensaire Khaldiyé à Homs ».
Enfin, concernant les six Iraniens kidnappés hier près d’Idleb par l’Armée syrienne libre, al-Arabiya a précisé hier qu’ils étaient en réalité en route vers l’une des casernes situées près de la ville.

(Sources : agences et rédaction)
Un nouveau projet de résolution sur la Syrie circulait hier à l’ONU, faisant des concessions à la Russie dans l’espoir de lever son blocage. La nouvelle mouture du texte, qui a été élaborée après des négociations mercredi entre les ambassadeurs des 15 pays du Conseil de sécurité, abandonne toute référence explicite au départ du président Bachar el-Assad. La...