« C’est la première fois qu’ils sortent du Mexique », déclare à l’AFP Marc Restellini, directeur de la Pinacothèque.
Il y a près d’un an, cette exposition avait fait les frais de la brusque annulation de l’Année du Mexique en France, décidée par Mexico le 14 février, suite aux tensions entre les deux pays liées à l’affaire Florence Cassez.
« Les Masques de jade mayas » auraient dû donner le coup d’envoi officiel de cette année culturelle croisée, le 1er mars. Mais les caisses contenant les objets de l’exposition étaient restées bloquées sur le tarmac de l’aéroport de Mexico.
« Cela a représenté un préjudice colossal pour la Pinacothèque, ne serait-ce que sur le plan financier », considère M. Restellini. Il chiffre à « 4 millions d’euros le manque à gagner » en billetterie et en coûts divers (dépenses publicitaires etc.).
Le patron de la Pinacothèque, espace culturel privé, a donc renégocié l’exposition qui est co-organisée avec l’Institut national d’anthropologie et d’histoire (INHA) de Mexico. Cette fois-ci, les assurances sont à sa charge.
Apparue à la fin du IIIe millénaire avant J.-C., la civilisation précolombienne des Mayas s’étendait du sud-est du Mexique à l’ouest du Honduras et du Salvador, englobant le Belize et le Guatemala actuels. Elle a connu son apogée entre le VIe et le IXe siècle après J.-C. avant d’entrer en décadence et de disparaître lors de la conquête espagnole au XVIe siècle.
Le Mexique a retrouvé au total 35 masques funéraires de jade, en différents sites, et en a restauré pour le moment 14, déclare à l’AFP la commissaire mexicaine de l’exposition Sofia Martinez del Campo Lanz.
Chez les Mayas, les personnages portant des masques sont des incarnations des dieux, notamment le dieu du maïs, celui du soleil ou de la pluie, explique Mme Martinez, qui a restauré ces masques, devenus un peu comme « ses bébés ».
« On prêtait au masque funéraire le pouvoir de transfigurer celui qui le portait, en lui conférant l’essence éternelle que son corps ne possédait pas », ajoute cette spécialiste.
Certains de ces masques se voulaient ressemblants et les dignitaires les commandaient plusieurs années avant leur mort, déclare-t-elle.
« Le jade symbolisait la pérennité, la fertilité, l’humidité, la renaissance », relève-t-elle.
Tout en symboles, le masque de mosaïque de jade était parfois orné de coquillages et d’obsidienne. La bouche est toujours ouverte, pour laisser passer le souffle, souligne Mme Martinez.
Le catalogue de l’exposition rend compte d’une décennie de recherches et de restaurations autour de ces masques menées par les institutions mexicaines.
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