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Culture - Parution

Jorj Mhaya dans cette cité voisine de la terre

Un homme et sa ville. Un homme perdu dans sa ville ou un homme qui se retrouve dans une autre ville ? Tels sont les questionnements et le sujet qu’aborde Jorj A. Mhaya dans son récent ouvrage illustré, baptisé « Une ville proche de la terre ». « Madina Moujawira lil Ard » est une BD adressée aux adultes. Conçue par Jorj Mhaya et parue chez Dar Onboz, c’est une des premières réalisations de la maison d’édition qui se consacre d’habitude au lectorat jeune.

Jorj Mhaya, l’authenticité avant toute chose. (Photo Michel Sayegh)

En noir et blanc, en langue arabe «courant», avec un phrasé cru et direct et des dessins presque animés autant le mouvement est rapide et le trait vivant, Jorj Mhaya a su reproduire les angoisses de sa ville, de son enfance, dans un Liban déchiré en quête d’identité et de tout être libre aspirant à une certaine authenticité.
Imprégné des comics qu’il absorbait goulûment petit et doté d’une grande mémoire visuelle ainsi que d’une sensibilité artistique aiguisée, ce jeune peintre, qui tout au long de son parcours a refusé les compromis en surfant entre sa profession et sa passion, a réussi à tracer sa propre voie. Une fois encore, il est parvenu à mettre son travail quotidien en veilleuse afin de se consacrer entièrement à ce projet qui l’habitait depuis longtemps.

Une histoire universelle...
«C’est par hasard, un jour, dit-il, que je fais la connaissance de Nadine Touma, éditrice de Dar Onboz, elle-même auteure d’ouvrages illustrés. Après de longs échanges et plusieurs rencontres qui ont suivi, elle me convainc de donner forme à ce projet. Ainsi, c’est grâce à son soutien moral, aux conseils qu’elle me prodigue et à son professionnalisme, affirme Mhaya, que cet ouvrage illustré voit le jour. Il est aujourd’hui en librairies et sélectionné au Festival international de BD d’Angoulême le 26 janvier.
Dans cette ville voisine de la terre, un homme ayant perdu le sens de l’orientation et ne retrouvant plus son chez-soi ni sa famille va à la rencontre de personnages différents qui raviveront tout ce qui dormait en lui. Réalité ou fiction? Cette léthargie et la soumission à une vie formatée et banale, le dessinateur les évoque dans une noirceur profonde. «Le livre ne doit pas être une œuvre punitive, dit Mhaya, et cela Dar Onboz l’a bien compris. Quant à la BD, cet art si divertissant, elle porte également en elle des éléments cinématographiques, littéraires et artistiques.»
Évoquant la ville de Beyrouth sans pourtant la nommer, l’action se rattache également à une histoire universelle. «Je n’ai pas voulu préciser ni le temps ni l’époque. Au lecteur de se situer», signale Jorj Mhaya. Mais il est certain que les rues dans leur structure chaotique, dans leur fouillis culturel et leur désordre moral ne peuvent que rappeler la capitale libanaise. Les personnages anamorphiques et les immeubles qui semblent s’étirer, se distendre jusqu’à l’extrême cadrent aussi dans cet espace où aucun détail n’est négligé et s’accordent avec une écriture spécifique et également étrange. «J’avais pris des photos des différentes rues de Beyrouth la nuit. C’est en les revoyant et les sélectionnant que j’ai découvert que ces quartiers dégageaient la même énergie. Et de découvrir parallèlement ma propre technique», ajoute-t-il.
Cet ouvrage, entièrement fait main, ne s’arrête pas là. S’il a été le fruit de plusieurs années de travail, de réflexion et de macération, il a déjà une suite en préparation. Un second opus qui ne saurait tarder. Mais en attendant... Angoulême se profile.
En noir et blanc, en langue arabe «courant», avec un phrasé cru et direct et des dessins presque animés autant le mouvement est rapide et le trait vivant, Jorj Mhaya a su reproduire les angoisses de sa ville, de son enfance, dans un Liban déchiré en quête d’identité et de tout être libre aspirant à une certaine authenticité. Imprégné des comics qu’il absorbait goulûment petit et...
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