Rechercher
Rechercher

Les étudiants libanais de France peinent à obtenir un permis de travail - Citoyenneté

Le rejet de demandes de naturalisation serait-il la preuve d’un durcissement de Paris ?

La circulaire Guéant serait-elle accompagnée d’un durcissement par la France des conditions de naturalisation des étrangers ? La question est légitime, à l’heure où de jeunes Libanais se voient rejeter leurs demandes de naturalisation, après plusieurs années d’études supérieures.

À Paris, des heures de queue, parfois vaines, pour renouveler un titre de séjour.

Étudiante à Paris depuis 8 ans, major de promotion durant ses deux masters en information et communication à Paris 2, attachée temporaire d’enseignement et de recherche depuis deux ans au sein de son université, toujours en règle et payant taxes et impôts rubis sur l’ongle, c’est pourtant « en sans-papiers » que Dima soutiendra sa thèse de doctorat, jeudi prochain. « On m’a renouvelé mon séjour uniquement jusqu’au 12 décembre, alors que ma soutenance a lieu le 15 », déplore-t-elle. Elle aurait aussi voulu participer à un séminaire en Autriche, à une conférence à Londres. Mais son problème de papiers rend ces voyages
impossibles.
Cette étudiante, qui se voit ainsi poussée par la France vers la sortie, avait présenté une demande de naturalisation. Demande qui a été rejetée, de même que le recours qu’elle a présenté. Au motif qu’elle est doctorante, qu’elle ne bénéficie que d’un CDD (Contrat à durée déterminée) avec son université et qu’elle n’a donc pas vocation à rester en France. Et ce, malgré une lettre que tous ses professeurs, une dizaine au total, ont soigneusement rédigée et signée, contestant la décision de la préfecture de police.
La jeune femme rêvait pourtant de vivre entre la France, le Liban et le monde arabe, sa recherche portant essentiellement sur le Moyen-Orient. « J’envisageais de vivre en France plusieurs mois par an, d’y faire des cours, des échanges, des séminaires », dit-elle. Mais à présent, Dima n’a qu’une perspective, celle de retourner au Liban où elle a postulé pour un poste d’enseignante dans une prestigieuse université privée. Invitée à Paris en février par son université pour un séminaire, elle appréhende déjà les formalités de visa.
Albert, un autre étudiant libanais, a lui aussi vu sa demande de naturalisation rejetée, après cinq ans d’études supérieures en France, deux masters en neurosciences et en psychologie clinique et une thèse en neurosciences cognitives. La bourse qu’il avait obtenue du ministère français de l’Éducation étant considérée comme un CDD, il payait des impôts, tout en ayant un statut d’étudiant. « Pour toute explication, on m’a dit qu’a priori, je n’avais pas vocation à rester en France et que mon contrat de travail étant un CDD, je ne pourrais pas subvenir à mes besoins », raconte-t-il. « Selon la loi, une personne qui a fait plus de deux ans d’études supérieures a droit à la nationalité française », dit-il pourtant.
Le jeune homme a bien présenté un recours, précisant avoir toujours subvenu à ses besoins sans la moindre aide et présentant ses fiches d’impôts. Il a également fait part de la proposition de contrat qu’il a reçue de la part de son directeur de thèse. Mais sa demande a été une nouvelle fois refusée.
Il espère à présent que son contrat, en vigueur depuis le 1er octobre, soit rapidement finalisé par le CNRS et la région Île-de-France afin de présenter un deuxième recours. Mais il craint, suite à la circulaire Guéant, de voir sa demande de changement de statut rejetée.
Albert garde pourtant espoir, car il remplit les conditions d’un travail hautement spécialisé, aussi bien en technologie qu’en sciences. Tout en sachant fort bien qu’il pourrait n’obtenir, au final, qu’une carte de séjour scientifique, qui ne lui accorderait aucun avantage, pas même le droit à la naturalisation. Ironie du sort, au Liban, il pourrait toucher un salaire plus élevé qu’en France, vu la réduction du budget de la recherche en France.

A.-M.H.
Étudiante à Paris depuis 8 ans, major de promotion durant ses deux masters en information et communication à Paris 2, attachée temporaire d’enseignement et de recherche depuis deux ans au sein de son université, toujours en règle et payant taxes et impôts rubis sur l’ongle, c’est pourtant « en sans-papiers » que Dima soutiendra sa thèse de doctorat, jeudi prochain. « On m’a...