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Les étudiants libanais de France peinent à obtenir un permis de travail - Emploi

Une élite peu conforme aux besoins professionnels de l’Hexagone

La France défend, par la voix d’un expert, sa politique de lutte contre le chômage des Français en cette période de crise.
Suite au tollé provoqué par la circulaire Guéant parmi les étudiants étrangers en France, un expert français se penche sur la mesure qui a pour objectif de juguler les flux migratoires et qui limite donc fortement l’accès à l’emploi des étudiants étrangers. Cet expert ne manque pas d’expliquer et de défendre, par le fait même, la politique de naturalisation suivie par la France.
« Les permis de travail attribués aux étudiants diplômés sont accordés par les préfets sur base de la situation de l’emploi dans les régions et départements », explique l’expert, qui a requis l’anonymat. Et ce « même si l’étudiant, une fois ses études terminées, est en possession d’un contrat de travail délivré par l’entreprise qui l’a embauché ». Un préfet autorisera donc plus facilement un changement de statut si un secteur est en pénurie de travailleurs.

Se mettre à la place des Français
« N’est-il pas normal que la France envisage la situation de l’emploi, avant d’embaucher des étrangers ? » demande l’expert, évoquant la crise de l’emploi dans l’Hexagone. Il évoque à ce propos l’affaire du licenciement de l’ingénieur libanais Amro el-Khatib, suite au refus de la préfecture de lui accorder un permis de travail, et qui a été « vécue au Liban comme un scandale ». « Il faut se mettre à la place des Français », dit-il. Il indique aussi que dans le département concerné, plusieurs ingénieurs français sont au chômage.
Parmi les métiers qui font face à des problèmes de recrutement, les professions d’infirmière, de médecin généraliste, de chaudronnier (dans la construction navale). Une liste des 14 métiers en tension, ouverts aux étrangers non européens, est d’ailleurs disponible sur le site
http://www.service-public.fr Liste qui comprenait en 2008 une trentaine de métiers.
De manière générale, « la France a besoin de main-d’œuvre industrielle très spécialisée plutôt que de cadres », affirme l’expert. Il observe à ce propos que « les étudiants libanais ne sont généralement pas en adéquation avec les métiers » pénuriques « de l’emploi en France », comme il les appelle. Car les étudiants libanais poursuivent des études de master et de doctorat, et donc des formations d’élite.
Et de poursuivre que les visas d’étudiants délivrés aux Libanais et aux étrangers de manière générale le sont dans une perspective « d’aide à la formation des élites, afin que ces dernières retournent dans leurs pays et utilisent leurs connaissances et leurs compétences ». Il s’agit là d’un processus de coopération et non pas d’un encouragement aux étudiants étrangers à rester en France pour y travailler. « La France est opposée à la fuite des cerveaux », dit-il enfin.
Évolution des critères de naturalisation
Quant à la polémique qui a accompagné des rejets de demande de naturalisation, l’expert estime que « tout État a la capacité ou non d’intégrer (et donc de naturaliser) les ressortissants étrangers présents sur son territoire ». « Le respect par les étrangers des critères de naturalisation ne leur accorde donc pas nécessairement le droit à la naturalisation », explique-t-il, soulignant que les refus sont généralement sous le contrôle des juges (de l’immigration).
Peut-on alors parler de durcissement de la politique de naturalisation de la France ? « On ne peut parler de durcissement, mais plutôt de prises de position, d’évolution des critères », assure l’expert, qui précise que « le droit à la nationalité française évolue régulièrement ». Parmi les critères en évolution, « l’allongement des délais pour l’acquisition de la nationalité par mariage, note-t-il. Vu l’augmentation des statistiques de divorces, il est nomal que le législateur en tienne compte ». Il tient cependant à affirmer, concernant le processus de naturalisation, que l’État de droit fonctionne à plein régime. À titre d’exemple, 90 000 étrangers toutes nationalités confondues sont naturalisés en moyenne chaque année. Quant aux chiffres qui le prouvent, ils sont régulièrement publiés.

A.-M.H.
Suite au tollé provoqué par la circulaire Guéant parmi les étudiants étrangers en France, un expert français se penche sur la mesure qui a pour objectif de juguler les flux migratoires et qui limite donc fortement l’accès à l’emploi des étudiants étrangers. Cet expert ne manque pas d’expliquer et de défendre, par le fait même, la politique de naturalisation suivie par la France....