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Liban - Éclairage

Statu quo régional et poussée du langage confessionnel...

Chaque jour qui passe apporte un nouveau développement dans la situation en Syrie. S’il est certain qu’un problème réel oppose le régime à une partie de la population, il est tout aussi certain que l’évolution des événements en Syrie ne peut être dissociée du contexte régional et international. Le régime syrien a ainsi accepté à la dernière minute de signer le protocole élaboré par la Ligue arabe sur l’envoi d’observateurs, encouragé par les conseils russes. Contrairement aux pronostics de certains membres du 14 Mars, des sources diplomatiques russes au Liban affirment d’ailleurs catégoriquement que la Russie ne compte pas lâcher le régime syrien, et cet appui est pour elle une question stratégique. Selon ces sources, la Russie se sentirait ainsi encerclée par les missiles balistiques américains placés en Europe et en Turquie, et elle voudrait rattraper ce qui est désormais reconnu par elle comme deux erreurs, notamment en Libye (lorsqu’elle a appuyé l’action militaire contre le régime de Kadhafi au Conseil de sécurité) et au Soudan en acceptant aussi le partage de ce pays. Petit à petit, la Russie s’est donc vue exclue de la région, et l’appui au régime syrien serait ainsi vital pour qu’elle maintienne une présence au Moyen-Orient.
Face à l’appui russe au régime syrien, il devient difficile de faire chuter celui-ci militairement, en dépit des concertations et des préparatifs effectués dans ce but en Turquie et ailleurs. Par contre, les pressions sur le régime ne vont pas se relâcher, surtout à l’approche de la date fatidique de l’achèvement du retrait des troupes américaines d’Irak. Selon les mêmes sources diplomatiques, les Américains voudraient provoquer des troubles pour détourner l’attention générale de ce retrait et de l’atmosphère de défaite qui l’entoure. De plus, les troubles en Syrie sont destinés à remplacer l’attaque militaire contre l’Iran qui devient de plus en plus difficile dans ce climat de crise et avec les problèmes financiers qui agitent l’Europe et les États-Unis.
La situation en Syrie est donc appelée à rester instable, et même si le régime a finalement décidé de signer le protocole de la Ligue arabe, celle-ci trouvera sans doute d’autres angles pour maintenir les pressions sur lui. Toutefois, selon des sources syriennes proches du régime, les sanctions de la Ligue arabe auraient renforcé le sentiment patriotique chez les Syriens, ce peuple ayant beaucoup de fierté nationale. De plus, les Frères musulmans ayant été pratiquement éradiqués du pays dans les années 80, ils n’ont pas eu le temps d’acquérir une grande assise populaire et ils se voient contraints à porter les armes pour marquer leur présence. En même temps, les dernières déclarations du chef du Conseil national syrien (CNS) Borhan Ghalioun annonçant son intention de couper les ponts avec l’Iran et le Hezbollah lorsqu’il prendra le pouvoir et laissant entendre qu’il serait prêt à conclure une paix avec Israël n’ont pas manqué de choquer une grande partie de la population. Des rumeurs sur une rencontre qui se serait tenue en octobre à Washington entre des responsables de l’administration américaine, un représentant du CNS et un responsable israélien ont aussitôt commencé à circuler. Selon ces rumeurs, le représentant du CNS aurait réclamé de l’aide financière, une reconnaissance diplomatique de la part de la communauté internationale et une intervention militaire contre le régime syrien. Ses interlocuteurs auraient salué son programme clair, tout en lui faisant remarquer que les circonstances actuelles ne sont pas favorables à une intervention militaire alors que pour obtenir une reconnaissance diplomatique, le CNS a encore du chemin à faire, notamment sur le plan de toutes les composantes de l’opposition syrienne.
Ce qui est en tout cas sûr, c’est que la situation sur le terrain n’est pas en train de beaucoup changer. Les actes de violence se succèdent, ainsi que les manifestations contre et en faveur du régime. Mais celui-ci a réussi hier à embarrasser la Ligue arabe en se déclarant prêt à signer le protocole pour l’envoi d’observateurs en Syrie. Le processus devrait prendre quelques jours, voire des semaines, alors que les développements dans l’ensemble de la région restent plus ou moins incontrôlables et que la situation reste instable en Égypte, ainsi qu’à Bahreïn et au Yémen. Des sources diplomatiques révèlent ainsi que les États-Unis auraient discrètement sollicité l’ouverture d’un dialogue avec l’Iran, mais la République islamique aurait opposé un refus sans nuance à cette demande. Par contre, l’Iran aurait demandé l’ouverture d’un dialogue avec l’Arabie saoudite, laquelle a aussi totalement rejeté la suggestion. C’est dire que pour l’instant, les canaux de négociations restent bloqués sur le double plan régional et international. Ce qui permet de croire que la situation continuera à baigner dans le même statu quo, la communauté internationale et la Ligue arabe misant sur une scission importante au sein de l’armée syrienne et sur le lâchage de Bachar el-Assad par la bourgeoisie sunnite qui lui assure encore une couverture confessionnelle. Dans le camp opposé, les partisans du régime affichent une grande confiance dans l’avenir, assurant que l’appui russe est solide et estimant que le nombre de déserteurs au sein de l’armée reste peu significatif. Tout comme ils sont convaincus que la bourgeoisie sunnite continue d’appuyer le régime par crainte d’être balayée par les Frères musulmans. Aux yeux des partisans du régime, la situation interne est solide, alors que le plan de créer une zone tampon à la frontière avec la Turquie bat de l’aile, la région prévue à cet effet étant peuplée de chrétiens et d’alaouites, eux-mêmes peu enthousiasmés par le projet. Sans parler du fait que la Russie exerce à son tour des pressions sur la Turquie qui a, elle aussi, un tissu social fragilisé. Les partisans du régime syrien estiment ainsi que plus le Premier ministre turc lève le ton à l’égard de la Syrie et plus il cherche à cacher son incapacité à agir sur le terrain.
En conclusion, on peut dire qu’il ne faut pas attendre des développements majeurs au cours des prochaines semaines, mais le clivage confessionnel est en train de s’amplifier en Syrie, au Liban et en Irak. Ce qui est plutôt de mauvais augure pour l’avenir...
Chaque jour qui passe apporte un nouveau développement dans la situation en Syrie. S’il est certain qu’un problème réel oppose le régime à une partie de la population, il est tout aussi certain que l’évolution des événements en Syrie ne peut être dissociée du contexte régional et international. Le régime syrien a ainsi accepté à la dernière minute de signer le protocole...
commentaires (7)

Si çà te fait plaisir,Kamel...ce n'est un secret pour personne(enfin je crois)que le financement et la logistique de Al Qaïda sont assurés par des fonds et des complicités en provenance des pays du Golfe,relayés par une grande complaisance d'une bonne partie de la classe politique et militaire pakistanaise...le fondamentalisme sunnite a toujours été encouragé et diffusé à travers de multiples organisations directement liées aux princes des sables et notamment à l'Arabie Saoudite.Ils ont fabriqué un Frankenstein qui finira par les dévorer!Voilà Kamel,mais ce que je viens d'écrire,tout le monde le sait...les USA étant le meilleur soutien des monarchies du Golfe,celà implique aussi qu'ils sont directement liés,que çà plaise ou pas,à l'émergence et à la vie de Al Qaïda.Et donc ,à la radicalisation fondamentaliste sunnite des "révolutions "arabes...cf la participation à la guerre de Lybie...Le plus drôle,c'est que personne,non personne,n'ignore cet état de fait...mais chut,il ne faut pas le dire.

GEDEON Christian

09 h 06, le 06 décembre 2011

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Commentaires (7)

  • Si çà te fait plaisir,Kamel...ce n'est un secret pour personne(enfin je crois)que le financement et la logistique de Al Qaïda sont assurés par des fonds et des complicités en provenance des pays du Golfe,relayés par une grande complaisance d'une bonne partie de la classe politique et militaire pakistanaise...le fondamentalisme sunnite a toujours été encouragé et diffusé à travers de multiples organisations directement liées aux princes des sables et notamment à l'Arabie Saoudite.Ils ont fabriqué un Frankenstein qui finira par les dévorer!Voilà Kamel,mais ce que je viens d'écrire,tout le monde le sait...les USA étant le meilleur soutien des monarchies du Golfe,celà implique aussi qu'ils sont directement liés,que çà plaise ou pas,à l'émergence et à la vie de Al Qaïda.Et donc ,à la radicalisation fondamentaliste sunnite des "révolutions "arabes...cf la participation à la guerre de Lybie...Le plus drôle,c'est que personne,non personne,n'ignore cet état de fait...mais chut,il ne faut pas le dire.

    GEDEON Christian

    09 h 06, le 06 décembre 2011

  • En effet les provocations confessionnelles font glisser la Syrie dans un Liban II mais de loin plus dangereux si guerre civile il y aura . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    06 h 55, le 06 décembre 2011

  • Mon ami Christian, il m'importe de t'entendre nous dire par qui, tu as promis, pas d'hypocrisie. Merci.

    Jaber Kamel

    06 h 07, le 06 décembre 2011

  • Le pige confessionnel est tendu et bien tendu...les débuts de la "révolution syrienne" se sont fait aux accents des alaouié 3a tebout,lmassihié 3a beyrouth...on n' a aps assez prêté attention à çà...on pourrait le regretter amèrement.Il faut vite arrêter cette dérive confessionnelle épouvantable,y compris chez nous,où il est clair qu'un agenda de confessionnalisation des tensions a bel et bien été écrit...et ne soyons pas hypocrites au point de faire semblant de nous demander par qui!

    GEDEON Christian

    04 h 05, le 06 décembre 2011

  • Faut pas se leurrer, la Syrie se prépare à ce genre de complot depuis la dernière guerre israelienne, au même titre qu'israel fourbissait ses armes. Ce pays résiste avec l'énergie du désespoir aux plus grandes puissances arrosées de capitaux bensaoud. La partie sera dure pour tous, aussi bien pour la légalité syrienne que pour les voisins directs et indirects de ce pays. L'axe Iran, Irak, Syrie et Liban tiendra parce que 2 événements viendront le renforcer, la débandade yanky d'Irak qui sera remplacée le jour suivant par une présence iranienne renforcée, et la victoire de Poutine, qui ne se laissera pas berner par les sio comme ce fut le cas en Lybie. La hantise des bensaoud est qu'une fois le parapluie yanky levé, un inventaire des lieus mettra à jour un perte sèche de ces 3 pays. Et israél qui joue avec le feu de la charia devra se rendre compte que son plan de guerre sunnite /chiite par procuration bensaoud lui explosera au visage, les exigences des salafistes du monde arabe ramènera sans cesse le problème palestinien sur le tapis comme un boomerang à la face de cet état raciste qui verra son heure venir à coup sûr. Merci Scarlett pour votre parler réel.

    Jaber Kamel

    03 h 47, le 06 décembre 2011

  • C'est absolument vrai, madame Haddad! Je demande à nos frères et amis Syriens et surtout aux minorités, de ne pas céder aux provocations confessionnelles car ce que veulent exactement les ennemis de la Syrie!! La Syrie connaitra bientôt des jours meilleurs... gardez espoir!

    Ali Farhat

    03 h 18, le 06 décembre 2011

  • Madame Haddad, une analyse très objective de la situation en Syrie et dans la région en général. La Russie se sent en effet encerclée par les fusées balistiques et les batteries anti-missiles que les Américains ont établi ou établissent en Ukraine, en Turquie et dans d'autres pays d'Europe ou d'Asie limitrophes de la Russie, sous le couvert qu'ils sont destinés contre l'Iran. Mais les Russes ne sont pas dupes. La Syrie, représentant pour eux une base vitale pour casser l'encerclement allant des Balkans et jusqu'en Afganistan et un peu plus au-delà, est un pion de première importance sur l'échiquier militaire qui se joue dans cette région, et ils ne s'en déssaisiraient pas si facilement. L'enjeu est de taille. C'est la sécurité nationale Russe qui est en cause. Lâchage contre lâchage, sinon nous allons assister à une guerre froide qui, dans certaines cas et places, s'avérerait chaude. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    22 h 08, le 05 décembre 2011

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