Face à l’appui russe au régime syrien, il devient difficile de faire chuter celui-ci militairement, en dépit des concertations et des préparatifs effectués dans ce but en Turquie et ailleurs. Par contre, les pressions sur le régime ne vont pas se relâcher, surtout à l’approche de la date fatidique de l’achèvement du retrait des troupes américaines d’Irak. Selon les mêmes sources diplomatiques, les Américains voudraient provoquer des troubles pour détourner l’attention générale de ce retrait et de l’atmosphère de défaite qui l’entoure. De plus, les troubles en Syrie sont destinés à remplacer l’attaque militaire contre l’Iran qui devient de plus en plus difficile dans ce climat de crise et avec les problèmes financiers qui agitent l’Europe et les États-Unis.
La situation en Syrie est donc appelée à rester instable, et même si le régime a finalement décidé de signer le protocole de la Ligue arabe, celle-ci trouvera sans doute d’autres angles pour maintenir les pressions sur lui. Toutefois, selon des sources syriennes proches du régime, les sanctions de la Ligue arabe auraient renforcé le sentiment patriotique chez les Syriens, ce peuple ayant beaucoup de fierté nationale. De plus, les Frères musulmans ayant été pratiquement éradiqués du pays dans les années 80, ils n’ont pas eu le temps d’acquérir une grande assise populaire et ils se voient contraints à porter les armes pour marquer leur présence. En même temps, les dernières déclarations du chef du Conseil national syrien (CNS) Borhan Ghalioun annonçant son intention de couper les ponts avec l’Iran et le Hezbollah lorsqu’il prendra le pouvoir et laissant entendre qu’il serait prêt à conclure une paix avec Israël n’ont pas manqué de choquer une grande partie de la population. Des rumeurs sur une rencontre qui se serait tenue en octobre à Washington entre des responsables de l’administration américaine, un représentant du CNS et un responsable israélien ont aussitôt commencé à circuler. Selon ces rumeurs, le représentant du CNS aurait réclamé de l’aide financière, une reconnaissance diplomatique de la part de la communauté internationale et une intervention militaire contre le régime syrien. Ses interlocuteurs auraient salué son programme clair, tout en lui faisant remarquer que les circonstances actuelles ne sont pas favorables à une intervention militaire alors que pour obtenir une reconnaissance diplomatique, le CNS a encore du chemin à faire, notamment sur le plan de toutes les composantes de l’opposition syrienne.
Ce qui est en tout cas sûr, c’est que la situation sur le terrain n’est pas en train de beaucoup changer. Les actes de violence se succèdent, ainsi que les manifestations contre et en faveur du régime. Mais celui-ci a réussi hier à embarrasser la Ligue arabe en se déclarant prêt à signer le protocole pour l’envoi d’observateurs en Syrie. Le processus devrait prendre quelques jours, voire des semaines, alors que les développements dans l’ensemble de la région restent plus ou moins incontrôlables et que la situation reste instable en Égypte, ainsi qu’à Bahreïn et au Yémen. Des sources diplomatiques révèlent ainsi que les États-Unis auraient discrètement sollicité l’ouverture d’un dialogue avec l’Iran, mais la République islamique aurait opposé un refus sans nuance à cette demande. Par contre, l’Iran aurait demandé l’ouverture d’un dialogue avec l’Arabie saoudite, laquelle a aussi totalement rejeté la suggestion. C’est dire que pour l’instant, les canaux de négociations restent bloqués sur le double plan régional et international. Ce qui permet de croire que la situation continuera à baigner dans le même statu quo, la communauté internationale et la Ligue arabe misant sur une scission importante au sein de l’armée syrienne et sur le lâchage de Bachar el-Assad par la bourgeoisie sunnite qui lui assure encore une couverture confessionnelle. Dans le camp opposé, les partisans du régime affichent une grande confiance dans l’avenir, assurant que l’appui russe est solide et estimant que le nombre de déserteurs au sein de l’armée reste peu significatif. Tout comme ils sont convaincus que la bourgeoisie sunnite continue d’appuyer le régime par crainte d’être balayée par les Frères musulmans. Aux yeux des partisans du régime, la situation interne est solide, alors que le plan de créer une zone tampon à la frontière avec la Turquie bat de l’aile, la région prévue à cet effet étant peuplée de chrétiens et d’alaouites, eux-mêmes peu enthousiasmés par le projet. Sans parler du fait que la Russie exerce à son tour des pressions sur la Turquie qui a, elle aussi, un tissu social fragilisé. Les partisans du régime syrien estiment ainsi que plus le Premier ministre turc lève le ton à l’égard de la Syrie et plus il cherche à cacher son incapacité à agir sur le terrain.
En conclusion, on peut dire qu’il ne faut pas attendre des développements majeurs au cours des prochaines semaines, mais le clivage confessionnel est en train de s’amplifier en Syrie, au Liban et en Irak. Ce qui est plutôt de mauvais augure pour l’avenir...
Si çà te fait plaisir,Kamel...ce n'est un secret pour personne(enfin je crois)que le financement et la logistique de Al Qaïda sont assurés par des fonds et des complicités en provenance des pays du Golfe,relayés par une grande complaisance d'une bonne partie de la classe politique et militaire pakistanaise...le fondamentalisme sunnite a toujours été encouragé et diffusé à travers de multiples organisations directement liées aux princes des sables et notamment à l'Arabie Saoudite.Ils ont fabriqué un Frankenstein qui finira par les dévorer!Voilà Kamel,mais ce que je viens d'écrire,tout le monde le sait...les USA étant le meilleur soutien des monarchies du Golfe,celà implique aussi qu'ils sont directement liés,que çà plaise ou pas,à l'émergence et à la vie de Al Qaïda.Et donc ,à la radicalisation fondamentaliste sunnite des "révolutions "arabes...cf la participation à la guerre de Lybie...Le plus drôle,c'est que personne,non personne,n'ignore cet état de fait...mais chut,il ne faut pas le dire.
09 h 06, le 06 décembre 2011