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À La Une - Repère

Réchauffement climatique : les études qui donnent froid dans le dos

Record de chaleur, principaux pays responsables des émissions de gaz à effet de serre, coup de chaud sur l'Arctiqu...

"Le climat n'est pas une blague". Un message que ce clown tentait déjà de faire passer en novembre 2006, lors d'une marche de protestation. Adrian DENNIS/

Alors qu’un échec total se profilait, les négociations sur le climat ont finalement abouti, dimanche à Durban, à une feuille de route vers un accord en 2015 englobant pour la première fois tous les pays pour lutter contre le réchauffement. Un texte qui laisse toutefois en suspens la question du caractère contraignant du futur pacte climatique. Et pourtant, il y a urgence, comme le rappellent les études publiées récemment sur la question.


Petit panorama.


2011, une année très chaude...


Les treize années les plus chaudes qu'a connues la planète sont toutes concentrées sur les quinze dernières années, depuis 1997, a indiqué la semaine dernière l'Organisation météorologique mondiale (OMM).
La température moyenne de la dernière décennie (2002-11), "supérieure de 0,46 °C à la moyenne à long terme," est la plus élevée jamais constatée, à égalité avec la décennie 2001-2010, a indiqué l'agence de l'ONU spécialisée sur les données météo, dans un document présenté à Durban.
Après une année 2010 record, l'année 2011 est à ce stade la "dixième plus chaude à l'échelle du globe" depuis le début des relevés en 1850, mais surtout la plus chaude en relation avec un épisode "La Nina", un phénomène cyclique qui s'accompagne de températures généralement plus fraîches, a-t-elle précisé.


"Notre science est fiable et démontre sans ambiguïté que le climat mondial se réchauffe et que ce réchauffement est dû aux activités humaines", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'OMM, Michel Jarraud.

 

 

"Non au commerce du carbone", lit-on sur cette pancarte brandie par

un militant pour l'environnement à Durban. Mike HUTCHINGS/Reuters

Cinq pays responsables de la moitié des émissions de gaz à effet de serre


Cinq pays seulement sont à l'origine de la moitié des émissions de gaz à effet de serre mondiales, selon un classement par pays présenté jeudi par la société britannique Maplecroft, spécialisée dans l'analyse de risques. Les dix premiers pays de la liste sont responsables des deux-tiers des émissions globales, selon cette étude.
La Chine, les Etats-Unis, l'Inde, la Russie et le Japon dominent ce classement, suivis par le Brésil, l'Allemagne, le Canada, le Mexique et l'Iran.
Trois des six premiers de ce classement sont de grands pays émergents dont les économies se développent à grande vitesse.


La Chine, qui est passée devant les Etats-Unis il y a quelques années, a émis 9,441 milliards de tonnes d'équivalent CO2 (CO2e), une mesure combinant le CO2 avec les autres gaz à effet de serre responsables du changement climatique, comme le méthane ou le protoxyde d'azote. La méthode de calcul utilisée combine les chiffres de 2009 de la consommation d'énergie et les chiffres estimés pour 2010.
La majorité des émissions de la Chine est constituée de CO2, en raison de la forte demande en énergie du pays. Les énergies renouvelables sont en augmentation mais sont encore très largement supplantées par les énergies fossiles.

L'Inde a pour sa part émis 2,272 milliards de tonnes de CO2e, avec une part importante de méthane émis par l'agriculture.
Du côté des pays développés, les Etats-Unis - premier par habitant parmi les grands pays - ont émis 6,539 milliards de CO2e.

 

 

 

L'Arctique et l'écosystème bouleversé


 

 


L'Arctique continue à se réchauffer avec moins de glace dans l'océan. Photo AFP



L'Arctique continue à se réchauffer, entraînant depuis ces dernières années un bouleversement durable de l'écosystème de la région, a conclu un groupe international de scientifiques dans un rapport rendu public il y a une dizaine de jours par le gouvernement américain. Cet état des lieux de l'Arctique est publié annuellement depuis ces dernières années par l'Agence nationale océanique et atmosphérique américaine (NOAA). "Ces travaux menés par 121 chercheurs de quatorze pays concluent que l'Arctique continue à se réchauffer avec moins de glace dans l'océan et une végétation sur le sol plus abondante", relève Monica Medina, une haute responsable de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration).


Etant donné les projections de poursuite du réchauffement planétaire, "il est très probable que ces changements majeurs vont se poursuivre dans les années à venir avec des impacts climatiques, biologiques et sociaux accrus", écrivent les auteurs de ce rapport appelé "Arctic Report Card".

 


En 2011, la température moyenne annuelle de l'air près de la surface de l'océan Arctique était d'environ 1,5 degré Celsius plus élevée que durant la période de 1981 à 2010, précise le rapport de la NOAA. La superficie minimum de glace de l'océan en septembre 2011 a été la seconde plus faible pour la saison d'été, après 2007, mesurée depuis le début des observations par satellite en 1979. Et depuis 2006, l'Arctique a connu les cinq étés durant lesquels l'étendue des glaces a été la plus faible jamais enregistrée. Durant deux années de suite, les trois principaux accès à l'océan Arctique étaient libérés des glaces et accessibles à la navigation, un fait très inhabituel.
De 2010 à 2011, l'Arctique a subi une perte nette de masse de glace de 430 milliards de tonnes, soit la plus forte réduction annuelle jamais mesurée par les satellites depuis 2002.
Une telle fonte nette de la glace de l'Arctique équivaut à une montée de 1,1 millimètre du niveau de l'océan, selon ces chercheurs.

Une acidification des eaux arctiques résultant d'une absorption accrue de dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre, a également été mesurée dans les mers de Beaufort et de Chukchi.


En outre, cette fonte plus étendue des glaces fait que l'Arctique réfléchit moins l'énergie solaire durant l'été et absorbe plus de chaleur aggravant d'autant plus le réchauffement, relèvent les auteurs du rapport.
Le recul des glaces dans l'Arctique menace aussi l'habitat des morses et des ours polaires dont sept des dix-neuf sous-populations voient leur nombre diminuer.


Mais le réchauffement du permafrost se traduit par une végétation plus verdoyante et abondante dans la Toundra des régions côtières adjacentes aux zones où les glaces de l'océan Arctique disparaissent le plus. Autre avantage du réchauffement, le phytoplancton dans l'océan, qui est à la base de la chaîne alimentaire des espèces marines, a augmenté de 20% depuis dix ans, notent ces experts.

 



Fonte du permafrost et réchauffement : une bombe à retardement sous-évaluée

 

 

Des activistes de Greenpeace à Durban pour promouvoir l'utilisation

de l'énergie renouvelable. Alexander JOE/AFP

 

 


Avec la hausse rapide des températures dans les régions arctiques, le permafrost (sous-sols arctiques qui reste habituellement gelé tout au long de l'année) est en train de fondre. Sa fonte accélérée va encore accentuer l'effet du réchauffement climatique dans des proportions d'autant plus inquiétantes qu'elles sont largement sous-estimées par les modèles climatiques actuels, avertit une étude.


Le permafrost, aussi appelé "pergélisol", il représente près de 19 millions de km2, soit environ un cinquième des terres émergées de l'Hémisphère nord. Ce permafrost constitue une gigantesque réserve de carbone organique, les restes des plantes et des animaux qui se sont accumulées dans le sol au fil des millénaires. Ce stock de carbone est neutralisé par le gel dans le sous-sol, mais avec la fonte du permafrost, les organismes microbiens commencent à le décomposer et à en libérer une partie dans l'atmosphère.


Au total, les terres arctiques renfermeraient quelque 1.700 milliards de tonnes de carbone.
C'est "environ quatre fois plus que tout le carbone émis par les activités humaines au cours des temps modernes et le double de ce que contient l'atmosphère actuellement", soulignent deux biologistes américains, Edward Schuur et Benjamin Abbott, dans un commentaire publié mercredi dernier  par la revue britannique Nature.


Selon ces scientifiques et une quarantaine d'experts internationaux du réseau Permafrost Carbon Network signataires de l'étude, ce chiffre représente "plus du triple" des estimations précédentes utilisées dans les modèles de changement climatique. La raison de cet écart est toute simple: on mesure habituellement le carbone au sein du premier mètre de sol en surface. Mais au fil des millénaires, l'alternance de gel et de dégel et la migration des sédiments ont produit un effet de "brassage" qui a enfoui le carbone du permafrost beaucoup plus profondément, expliquent ces experts.


Selon leurs calculs, la fonte du permafrost va relâcher dans l'atmosphère un volume de carbone équivalent à celui produit par la déforestation, si cette dernière se poursuit au rythme actuel. Mais ces émissions auront un impact sur le réchauffement climatique 2,5 fois plus élevé, car la fonte du permafrost produit non seulement du dioxyde de carbone (CO2) mais aussi du méthane (CH4), un gaz à effet de serre particulièrement redoutable.
L'impact potentiel du méthane sur le réchauffement est environ 25 supérieur à celui du CO2 à un horizon d'une centaine d'années, insistent les membres du réseau Permafrost Carbon Network.

 

Alors qu’un échec total se profilait, les négociations sur le climat ont finalement abouti, dimanche à Durban, à une feuille de route vers un accord en 2015 englobant pour la première fois tous les pays pour lutter contre le réchauffement. Un texte qui laisse toutefois en suspens la question du caractère contraignant du futur pacte climatique. Et pourtant, il y a urgence, comme le...
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