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Culture - Exposition

Marwan Rechmaoui cartographie les camps et stylise les armes

Rien de bucolique dans «Landscapes» ou «Paysages», l’accrochage de Marwan Rechmaoui à la galerie Sfeir-Semler. Mais au contraire, du béton, du caoutchouc, du goudron et de la tôle dans le travail de cet artiste qui explore la relation de l’homme avec son environnement urbain façonné par les conflits.

L’installation « Found Objects », ou silhouettes caoutchouteuses de bombes à fragmentation.

Après, entre autres, A Monument for a Living, pièce tridimensionnelle en béton évoquant la tour Murr et son symbolisme de guerre, ainsi que Beirut caoutchouc, une carte géante reproduisant, par des entailles sur caoutchouc noir, les secteurs, quartiers et principales artères de la capitale redessinés par les événements, Marwan Rechmaoui poursuit son exploration de la géographie sociale et politique des agglomérations du pays.
Cette fois, il a axé son travail sur les camps palestiniens du Liban, d’une part. Et sur les bombes à fragmentation qui émaillent «le paysage» du Liban-Sud, d’autre part. Donnant ainsi à voir, jusqu’au 24 mars prochain, à la galerie Sfeir-Semler*, deux séries d’œuvres différentes qui se rejoignent dans une même réflexion sur l’impact des conflits dans la configuration des espaces territoriaux.
Dans la première série, intitulée «Unrwa», Rechmaoui s’est inspiré d’un projet, mené par une ONG (The Arab Resource Collective), visant à créer une «Palestine virtuelle» reliant les différentes communautés de réfugiés qui la forment. Cette ONG avait demandé à différentes catégories d’habitants (enfants, adolescents, adultes, hommes, femmes...) de dessiner leurs camps dans le but de former, par l’assemblage de leurs dessins, une sorte de configuration cartographiée de la Palestine actuelle.
Ayant eu accès à ces dessins, Marwan Rechamoui en a reproduit – fidèlement, mais en format agrandi – certains en peintures sur... béton, sur tôle, sur plaques de bois ou encore sur sac de riz.
«Autant de matières soumises à une autorisation préalable d’introduction dans ces campements et qui, par conséquent, expriment symboliquement la précarité de la vie de leurs habitants», indique ce plasticien pour qui le support utilisé fait partie intégrante du concept de l’œuvre.

Objets trouvés
Même démarche dans la deuxième partie de l’exposition, intitulée «Found Objects» (en référence au courant artistique des années 40 et 50 du même nom) et réunissant des «portraits sériels» de bombes à fragmentation. Ces engins de mort programmée, qui, par les bons soins de l’ennemi israélien, parsèment la terre du Sud et en changent le «paysage», ont fasciné l’artiste «par leurs formes esthétiques, leurs couleurs vibrantes et leur cynique ressemblance avec des objets de la vie courante», dit-il.
Il en a fait le sujet d’une exploration artistique en trois volets. À l’huile et à l’acrylique sur plaques d’aluminium, à la froideur tranchante, il représente leur esthétique fatale. À travers une installation murale de leurs diverses formes, découpées dans du caoutchouc noir, il dénonce leurs sournoises apparences. Et dans un grand triptyque représentant des démineurs (norvégiens) à l’œuvre dans un champ, il rend hommage à ces hommes qui mettent leur vie en danger afin de désamorcer le mal semé par d’autres.
Un travail qui, là aussi, stigmatise la violence inscrite dans un territoire. Et fait rimer art conceptuel et engagé.

* Secteur Jisr (La Quarantaine), imm. Tannous, 4e étage.
Horaires d’ouverture : de mardi à samedi, de 11h à 18h. Tél. : 01/566550.
Après, entre autres, A Monument for a Living, pièce tridimensionnelle en béton évoquant la tour Murr et son symbolisme de guerre, ainsi que Beirut caoutchouc, une carte géante reproduisant, par des entailles sur caoutchouc noir, les secteurs, quartiers et principales artères de la capitale redessinés par les événements, Marwan Rechmaoui poursuit son exploration de la géographie sociale...

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