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Tous les chemins du Yémen de demain passent par l’Arabie

Ali Abdallah Saleh, un autocrate doublé d’un habile tacticien

Le président yéménite Ali Abdallah Saleh est un autocrate doublé d’un habile tacticien qui a pendant dix mois réprimé dans le sang la révolte populaire avant d’accepter de signer un accord de transfert du pouvoir.
M. Saleh avait été grièvement blessé dans un attentat contre son palais à Sanaa en juin et avait été hospitalisé en Arabie saoudite. Mais il était retourné à Sanaa en septembre, défiant tous les pronostics de ses opposants qui l’estimaient fini.
Âgé de 69 ans, cet homme trapu, au regard perçant et à la moustache fine, est accusé par ses détracteurs de népotisme et de corruption. Son fils aîné, Ahmad, et ses frères et neveux contrôlent les principaux corps d’armée et organes de sécurité.
Comparant le fait de gouverner le Yémen à « danser au-dessus des serpents », il est à la tête de ce pays pauvre, seule république de la péninsule Arabique, depuis 1978.
Mais après s’être pendant trois décennies accommodé des structures sociales traditionnelles pour survivre, il s’est mis à dos dès le début de la révolte en janvier les multiples composantes de la société, dont les puissantes tribus, qu’il avait su jusqu’alors jouer les unes contre les autres pour garder le pouvoir.
Le coup le plus dur lui a été porté par la défection en mars du général Ali Mohsen al-Ahmar, considéré comme l’homme le plus puissant du Yémen après le président, et dont les troupes protègent depuis les manifestants hostiles au pouvoir.
Avant le déclenchement du mouvement de contestation, M. Saleh se préparait à briguer un nouveau mandat à l’expiration du sien en 2013.
Les câbles diplomatiques publiés par WikiLeaks montrent un homme de plus en plus autoritaire au cours des dernières années.
« Depuis 1994, il a décidé qu’il était le seul homme capable de prendre des décisions dans le pays (...), il n’écoute personne », rapporte ainsi un câble daté du 31 août 2009, citant le propre cousin du président, Mohammad al-Qadhi.
Né le 21 mars 1942, M. Saleh a fait son entrée dans l’arène en 1962, au moment du coup d’État qui a chassé de Sanaa le dernier imam et instauré la république.
Une guerre civile va suivre, avec l’Égypte de Gamal Abdel Nasser soutenant les militaires et l’Arabie saoudite apportant son aide aux tribus fidèles au monarque déposé. Elle prendra fin en 1970.
Dans le même temps, dans le Sud, les Britanniques, confrontés à une forte rébellion, partiront en 1967, laissant la place à une république « populaire et démocratique », seul État marxiste arabe.
En 1978, M. Saleh, alors obscur officier, sera choisi par une assemblée constituante pour remplacer le président du Yémen du Nord Ahmad al-Ghachmi assassiné dans un attentat.
Il va œuvrer à la réunification avec le Sud, et deviendra en 1990 le premier président du Yémen unifié, avant d’écraser quatre ans plus tard une tentative de sécession sudiste.
M. Saleh est marié et père de quatorze enfants – cinq fils et neuf filles. L’aîné de ses fils, Ahmad, était présenté comme son successeur potentiel.
Il est membre de la communauté zaïdite, une branche du chiisme qui représente environ 30 % de la population. Ils sont majoritaires dans le Nord où le président a dû combattre une rébellion sanglante.
M. Saleh était également confronté à la présence dans son pays d’émules d’Oussama Ben Laden, alors que ses détracteurs l’accusent d’avoir lui-même encouragé l’implantation d’el-Qaëda. Il a utilisé cette menace à son avantage en devenant un allié des États-Unis et le récipiendaire d’une aide de 150 millions de dollars par an.
Le président yéménite Ali Abdallah Saleh est un autocrate doublé d’un habile tacticien qui a pendant dix mois réprimé dans le sang la révolte populaire avant d’accepter de signer un accord de transfert du pouvoir.M. Saleh avait été grièvement blessé dans un attentat contre son palais à Sanaa en juin et avait été hospitalisé en Arabie saoudite. Mais il était...