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Culture - Portrait

Rosalind Élias, octogénaire et vedette de Broadway

« Encore un baiser avant de nous quitter/ encore un baiser et adieu », dit la chanson, mais son actuelle interprète n’arrive pas, à 82 ans, à dire adieu à la scène. Elle s’appelle Rosalind Élias et elle triomphe à Broadway.

La mezzo-soprano américaine, d’origine libanaise, hors scène.

Mezzo-soprano américaine d’origine libanaise, elle vient, à son âge, de faire ses débuts à Broadway dans un musical intitulé Follies. Elle vivait tranquillement chez elle à Manhattan avec son mari, Zouhair Moghrabi, épousé il y a 42 ans, après une carrière bien remplie : plus de 680 représentions au Metropolitan Opera à New York, depuis sa première apparition, en 1954, dans les Walkyries de Wagner où elle incarnait le rôle de Grimgerde. À son actif aussi, plusieurs enregistrements de disques dans les années 50 et 60, en particulier Madame Butterfly aux côtés de Léontyne Price dans le rôle titre et El Trovatore.
Récemment, son agent est venu lui proposer une partition, « qui pourrait être magnifique pour moi », raconte-t-elle. C’était la chanson One More Kiss, une valse, à la fois déclaration d’amour et instant d’adieu, signée Stephen Sonddheim. Elle l’a de suite séduite. À son tour, elle-même séduit le metteur en scène du spectacle, Eric Schaffer, lors de son audition, et elle est engagée sur-le-champ. Et se retrouve à l’affiche avec les grands noms du show-bizz : Bernadette Peters, Danny Burstein et Elaine Page.
Ce musical conte l’histoire de retrouvailles, dans un théâtre en ruine de Broadway, entre les anciens interprètes d’un show inspiré de la revue Ziegfeld Follies, créé entre la Première et la Seconde guerre mondiale. Ces artistes vétérans se remémorent leur passé, sur les planches et dans les coulisses. Dans le groupe, une « chorus » girl nommée Heidi Schiller qui rechante le hit de son personnage, One More Kiss. À sa voix marquée par les ans résonne en écho le timbre pétillant de sa prime jeunesse, entonné par une autre chanteuse.

Treizième enfant d’émigrés libanais
Quant à la véritable prime jeunesse de Rosalind Élias, elle s’était déroulée dans une famille d’émigrés libanais venus de Beyrouth et qui ont vécu à Lowell (Massachusetts). Cadette de 13 enfants, elle était la seul à posséder un talent musical. Elle explique qu’elle avait parlé l’arabe avant de parler l’anglais parce que sa mère était constamment à la maison en train de s’occuper de sa smala, n’ayant pas donc l’occasion de fréquenter des Américaines. Rosalind, qui avait une belle voix, aimait écouter des opéras diffusés les samedis à la radio. Son père avait réussi dans le domaine de l’immobilier, mais il n’en pensait pas moins que « seules les mauvaises filles montent sur scène ». Mais sur l’insistance de Rosalind, il accepte qu’elle prenne des leçons de chant, pensant que cela serait sans conséquence. Ce qui ne sera pas le cas. Après le conservatoire de Boston, elle fera des études à Rome et regagnera les USA, prête à faire carrière. Engagée au Met, elle passe des petits rôles aux plus grands : Dorabella (Cosi fan Tutti), Carmen, Rosina (Le Barbier de Séville), Giulietta (Contes d’Hoffmann). Elle est surtout fière d’avoir créé, en 1958, le rôle d’une jeune femme impulsive dans l’opéra de Samuel Barber, Vanessa. En 2007, le New York City Opera fera appel à elle pour figurer dans la distribution d’une reprise de cette œuvre, cette fois sous les traits d’une vielle baronne. Elle a pensé que ce serait là son denier rôle. Puis vint Follies, et elle se met mentalement et rapidement dans la peau de Heidi. En revêtant son magnifique costume de scène (une élégante robe pourpre rehaussée de perles), elle appréhende encore mieux son rôle et la symbolique du chant du cygne scellé par un « baiser de plus ».
En ville, Rosalind Élias attaque toujours les éternels retours.
Mezzo-soprano américaine d’origine libanaise, elle vient, à son âge, de faire ses débuts à Broadway dans un musical intitulé Follies. Elle vivait tranquillement chez elle à Manhattan avec son mari, Zouhair Moghrabi, épousé il y a 42 ans, après une carrière bien remplie : plus de 680 représentions au Metropolitan Opera à New York, depuis sa première apparition, en 1954, dans les...

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