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À La Une - Irak

Le sort de la base de Kirkouk suscite des tensions arabo-kurdes

Le gouvernement central et les autorités locales se disputent le contrôle des bases aujourd’hui contrôlées par les Américains.

Kirkouk, ville habitée essentiellement par des Irakiens kurdes, se trouve à 240 km au nord de Bagdad entre la région autonome du Kurdistan irakien et le reste de l'Irak. Ako Rasheed /

Les tensions entre Arabes et Kurdes survenues cette semaine au sujet du transfert de la base aérienne de Kirkouk font craindre une conflagration ethnique à l'échelle de l'Irak.

 

Le conflit a éclaté jeudi, alors qu'était prévue une cérémonie pour la remise de la base américaine de Hourriya aux autorités irakiennes, dans le cadre du retrait prévu de l'armée américaine d'Irak à la fin de l'année.

Cet aéroport se trouve dans la riche cité pétrolière de Kirkouk, à 240 km au nord de Bagdad, que se disputent âprement le gouvernement central et la région autonome kurde en raison de ses richesses naturelles.

 

Une cérémonie s'est déroulée jeudi en présence de responsables irakiens, mais en l'absence de représentants américains, qui ont par la suite déclaré que le transfert n'avait pas encore officiellement eu lieu.

Ajoutant à la confusion, le porte-parole du ministre de la Défense, le général Mohammed el-Askari, a de son côté affirmé que la base de Hourriya avait "été remise à son ministère". "La mise en œuvre du pacte de sécurité entre l'Irak et les États-Unis se passe bien, sans aucun problème", a-t-il ajouté.

 

Les autorités kurdes locales, qui craignent de voir l'armée irakienne, composée essentiellement d'Arabes, s'installer au cœur de Kirkouk, ont proposé de transformer la base en aéroport civil, qui serait contrôlée par la police locale, à majorité kurde.

Selon le gouverneur kurde de la province de Kirkouk, Najm al-Din Omar Karim, un compromis a été trouvé avec le Premier ministre Nouri el-Maliki, qui a donné son accord à condition qu'une petite quinzaine de véhicules de l'armée assurent la protection de l'aéroport.

"Il se peut que des parties veuillent provoquer une crise, mais le feu vert du Premier ministre à la transformation en aéroport civil a apaisé les tensions", a affirmé M. Karim.

 

Avant cette avancée, des responsables de sécurité kurdes avaient affirmé que des peshmergas avaient été dépêchés à Kirkouk, une information toutefois démentie par un haut responsable du ministère en charge de ces combattants kurdes.

 

Compte tenu de cette crainte d'une guerre entre Arabes et Kurdes au sujet de plusieurs territoires disputés, le nouvel envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU Martin Kobler a affirmé à l'AFP que ces territoires, dont Kirkouk, seraient sa "priorité".

Pour Hamid Fadhel, professeur de sciences politiques à l'université de Bagdad, le conflit autour de la base "est un signe clair que Kirkouk constituera une zone de vrais problèmes entre Arabes, Kurdes et Turkmènes". "C'est aussi un signe que la situation à Kirkouk pourrait mener à une guerre ethnique", s'inquiète-t-il.

Des responsables locaux font également part de leur inquiétude : "Ce qui s'est passé dans la ville illustre l'absence de confiance entre le gouvernement et les provinces", a relevé Ribwa Faeq el-Talabani, vice-président kurde du conseil provincial de la région de Kirkouk.

Kamran Kirkuki, un autre membre kurde de ce conseil, a accusé le gouvernement central de "tenter de créer des zones de tensions au travers de disputes ethniques" afin de détourner l'attention de ses autres difficultés.

 

L'armée américaine a souvent joué un rôle de médiateur entre les forces irakiennes et kurdes. Elle est ainsi à l'origine de la création des "Lions d'or", une force militaire conjointe arabo-kurdo-américaine de plusieurs centaines d'hommes créée en 2010 dans cette région afin de désamorcer le conflit latent entre Kurdes et Arabes.

Dans ce contexte, le départ des Américains dans quelques semaines menace l'équilibre, estime le professeur Hamid Fadhel. "Kirkouk représente un danger pour tout l'Irak", prévient-il. "Je pense que cette région constituera le vrai test pour un Irak sans les Américains".

Les tensions entre Arabes et Kurdes survenues cette semaine au sujet du transfert de la base aérienne de Kirkouk font craindre une conflagration ethnique à l'échelle de l'Irak.
 
Le conflit a éclaté jeudi, alors qu'était prévue une cérémonie pour la remise de la base américaine de Hourriya aux autorités irakiennes, dans le cadre du retrait prévu de l'armée américaine d'Irak à la...
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