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Liban

Entre le printemps arabe et la montée de la gauche juive, l’État palestinien pointe à l’horizon

Pourquoi Israël refuse-t-il toujours la création d’un État palestinien sur les frontières de 1967 ? Pourquoi s’obstine-t-il à judaïser son pays ? Pourquoi refuse-t-il de déclarer Jérusalem comme capitale d’un État palestinien et rejette le retour des réfugiés palestiniens ? Pourquoi les Palestiniens sont-ils convaincus que toute résistance sur le terrain devra être accompagnée d’une résistance culturelle, économique, diplomatique et juridique ? Autant de questions qui n’ont qu’une seule réponse : le conflit ne se limite pas au volet géographique de la délimitation des frontières, mais il revêt un caractère existentiel.
Suite aux débâcles au Liban et en Jordanie, les Palestiniens mènent désormais leur lutte en Palestine. Ils font preuve d’une capacité inébranlable à mener une vie démocratique sur un terrain démembré. Ils tiennent compte de l’importance de l’édification d’institutions publiques en prélude à la création de leur État. Cette persévérance s’explique par le fait que les Palestiniens, au moment où leur État attend d’être déclaré, sont convaincus que le recouvrement de leurs droits ne serait pas possible par le seul biais des négociations.
Il est temps que la légalité internationale se penche sur la souffrance du peuple palestinien. L’État de Palestine jouerait ainsi un rôle fondamental, permettant de renouveler l’esprit de droit rebelle des Nations unies. Dans ce cadre, il faudrait interpréter l’acceptation par la Palestine des frontières de 1967 comme augurant de la fin de la suprématie israélienne. L’avantage serait donc au camp palestinien, lequel affirme que les frontières espérées de son État sont existentielles et non pas d’ordre géographique.
Pendant ce temps, le monde arabe ne vit pas une situation ordinaire. Les peuples arabes ont dit leur mot. Les régimes totalitaires chancèlent. Et l’heure est maintenant à la libération de la cause palestinienne de l’emprise de ses « agents exclusifs ». Les Palestiniens ont compris que ce moment est crucial et ont conclu une réconciliation historique entre eux. Forts de la légitimité de leur cause et du soutien des hommes libres, ils placent la légitimité arabe et internationale devant leurs responsabilités.
Le printemps arabe exige de recouvrer l’esprit de justice et le droit à un compromis israélo-arabe.
Au vu de l’effet boule de neige sur ce plan, Israël a peur non seulement de voir chuter les alliés d’hier, mais il a aussi peur de voir naître une gauche juive qui soulèverait la problématique de l’illégitimité du caractère belliqueux sur lequel est fondé Israël.
L’effritement idéologique du sionisme se nourrit d’une fatalité, quoique lente. Miser sur le devenir historique revient à accumuler le droit de mettre en place un État Palestinien qui devra trouver ses sources dans une stratégie solide en matière de négociations, laquelle étoufferait dans l’œuf les stratégies de tergiversation et aurait la capacité de mettre en œuvre une diplomatie offensive et de mobiliser les élites. Cette diplomatie serait jointe à la mobilisation de l’opinion publique et à la mise en place de mécanismes de pression, soutenus par le revirement exceptionnel que les États-Unis et certaines capitales européennes ont fait en reconnaissant avoir été aveuglément biaisés au profit d’Israël, ce qui annonce la fin du chantage à l’Auswitz. Cette situation requiert désormais la mise en place d’un mouvement palestino-arabe actif. L’adhésion de la Palestine à l’Unesco revêt en ce sens une importance indéniable.
La position émergente des juifs euro-américains qui pressent le leadership israélien de freiner le penchant vers le suicide revêt dans ce cadre une importance particulière. Cette position ne repose pas sur la reconnaissance du droit du peuple palestinien, mais sur le réveil du leadership israélien face à son arrogance expansionniste et agressive, ce qui signifie que le leadership sera arraché à la confrontation traditionnelle. Les parrains de cette position sont hantés par les critères de la géographie et de la démographie qui, à court terme, sèment le désarroi en Israël et, à long terme, le privent de sa légitimité.
Face à cette situation, la manœuvre pragmatique appliquée par le leadership israélien consiste à brandir l’épouvantail iranien. Toutefois, elle pourrait être avortée grâce à la sagesse des musulmans et à la prise de conscience iranienne représentée par les modérés, si ces derniers réagissent aux manipulations du commandement iranien actuel.
La position des juifs euro-américains s’exprime par le biais de l’organisation J-Street qui a gagné du terrain, au lendemain de l’élection du président Barack Obama, face au mouvement extrémiste Aipac. J-Street semble déterminée à renforcer les choix américains de paix sur fond de convictions juives. À J-Street vient s’ajouter l’organisation J-Col en Europe qui repose sur des juifs de la gauche européenne, lesquels ont lancé depuis Bruxelles, le 3 mai 2010, « un appel à la raison », affirmant que « la partialité totale envers la politique du gouvernement israélien constitue un danger car elle contredit les intérêts vitaux de l’État d’Israël ». Et d’ajouter : « La poursuite de la colonisation des territoires occupés représente une erreur politique et morale. Il est temps de mettre en place la solution de deux États et de deux peuples. »
J-Street et J-Col constituent une opportunité historique. En effet, la mise en place d’un État israélien belliqueux a été l’œuvre d’un lobby élitiste culturel, financier, idéologique, juif et occidental. Aujourd’hui, la poursuite des politiques belliqueuses est contrecarrée par un lobby élitiste culturel, financier, idéologique, juif et occidental qui penche vers la délégitimisation de la politique du gouvernement israélien actuel.
Il serait utile que les Palestiniens saisissent cette prise de conscience pour activer leur diplomatie ainsi que leur intifada pacifique qui a commencé à boycotter les produits israéliens. Relancer le processus de paix ne signifie pas une course palestinienne défaitiste vers le compromis, mais le fait de miser plutôt sur la position israélienne faible suite à l’embarras que connaît actuellement le gouvernement de Netanyahu. Ainsi faudra-t-il relancer la communication avec la société civile occidentale, surtout la communauté chrétienne qui pourrait se transformer en lobby contre ce gouvernement, et investir dans les convictions inédites des juifs éclairés.
Entre le printemps arabe et la prise de conscience juive, les Palestiniens ont l’opportunité de passer de la confusion à l’acte, de la réaction à l’action, entreprise qu’ils ont réussie jusqu’à présent.
Le Liban, quant à lui, a développé sa propre approche du dossier des réfugiés palestiniens, à travers une démarche sérieuse entreprise par Fouad Siniora entre 2005 et 2010 et assurée par l’ambassadeur Khalil Makkawi, Toutefois, cette initiative louable a été avortée pour cause d’ignorance et de calculs régionaux étroits. Le Liban devrait être sur ses gardes et éviter le risque de voir la solution régionale du dossier des réfugiés l’emporter sur la solution internationale. La première cherche à placer les réfugiés palestiniens en confrontation avec les pays hôtes et à détourner leur attention d’Israël. Il faudra aussi régler leur situation en tant que citoyens résidents après la proclamation de l’État palestinien, de même qu’il faudra protéger leur statut de réfugiés et assurer le soutien de l’Unrwa.
Alors que ce scénario se précise, le gouvernement libanais reste désespérément passif et sa diplomatie s’avère plus paralysée que jamais.
Pourquoi Israël refuse-t-il toujours la création d’un État palestinien sur les frontières de 1967 ? Pourquoi s’obstine-t-il à judaïser son pays ? Pourquoi refuse-t-il de déclarer Jérusalem comme capitale d’un État palestinien et rejette le retour des réfugiés palestiniens ? Pourquoi les Palestiniens sont-ils convaincus que toute résistance sur le terrain devra être...
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