C’est en pensant à ces millions de Libanais que je ne comprends plus le malaise des Français. En France vivent soixante millions de personnes, riches de leur patrimoine culturel, confortablement installées, qui sont fortement endettées, certes, mais qui auraient toutes les raisons d’aimer la vie et de se comporter avec dignité et dans le respect de l’autre. Est-ce le cas ?
J’en doute fortement devant les atrocités morales qui sont commises aujourd’hui au nom des libertés si chères pourtant à la patrie des droits de l’homme. Qui pourra dire que les Français ne sont pas devenus fous lorsque des chrétiens sont arrêtés et placés en détention pour avoir protesté contre une pièce de théâtre où, au nom de la liberté d’expression, un portrait du Christ est l’objet chaque soir d’actes qui relèvent du délit, sinon du crime ?
C’est ce qui s’est produit en France il y a plus d’une semaine et continue de se produire sous la protection des pouvoirs publics, dans un théâtre central de Paris. Cette insulte est perpétrée sous les applaudissements de centaines de personnes qui sont soutenues dans leur démarche non seulement par les autorités publiques, mais également par une majorité de Français. Pourquoi ont-ils perdu leur dignité et le respect des autres ? Je pense au Liban, à la foi des Libanais, à leur sens de la famille, à la morale dans laquelle l’on éduque les enfants et à la dignité des gens, riches ou pauvres. Si l’on aime le Liban, ce n’est pas seulement pour sa démesure, c’est aussi pour ses valeurs. Et je ne perds pas espoir, car si quelques millions de personnes s’y accrochent encore, dans des conditions instables, c’est qu’il est possible de vivre dans la dignité et le respect, de croire en l’avenir et de lutter pour un lendemain meilleur, mais seulement s’il a un sens.
Elizabeth TOHMÉ