Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi démissionnera juste après l'adoption par le parlement des mesures budgétaires et des réformes économiques promises à l'Union européenne pour éviter la contagion de la crise de l'euro, a annoncé mardi la présidence de la République. Après l'adoption des mesures, "le président du Conseil remettra son mandat au chef de l'Etat qui procédera aux consultations" habituelles avec les partis de la majorité et de l'opposition, selon un communiqué du Quirinal, siège de la présidence, en vue de la formation d'un nouveau gouvernement.
Le nouveau budget devrait être voté d'ici la fin du mois, mais son examen à la Chambre des députés pourrait être maintenant accéléré.
Quelques heures avant cette annonce, le Cavaliere avait remporté un vote-test, mais avait perdu sa majorité au Parlement.
Mardi après-midi, la Chambre des députés a en effet approuvé par 308 voix le bilan 2010 de l'Etat grâce à l'abstention de l'opposition qui a dit avoir favorisé ce vote pour éviter de bloquer la machine étatique.
Mais "le gouvernement n'a pas la majorité", a souligné le chef du Parti démocrate, principale force d'opposition de gauche, Pier Luigi Bersani, en demandant à Berlusconi, âgé de 75 ans, de "prendre acte de la situation et de démissionner".
Les traits tirés et visiblement sous le choc, M. Berlusconi a demandé à voir les relevés de ce vote nominatif pour identifier les 8 "traîtres" de sa majorité qui ont voté avec l'opposition centriste et de gauche, le privant de la majorité absolue (316 voix). Il a ensuite réuni en urgence l'état-major de son parti, ses principaux ministres et les dirigeants de la Ligue du Nord, son allié sans lequel il ne peut pas gouverner.
Plus tôt dans l'après-midi, le chef de la Ligue du Nord, Umberto Bossi, lui avait toutefois lui aussi demandé de faire "un pas de côté" et de laisser son fauteuil à son dauphin Angelino Alfano pour diriger un gouvernement de transition élargi à l'opposition centriste.
Peu après l'annonce de son retrait, Silvio Berlusconi a expliqué avoir décidé de démissionner une fois adoptées les mesures économiques promises à l'UE, parce que "l'important c'est de faire le bien pour le pays". "Il faut se préoccuper de la situation italienne, de ce qui se passe sur les marchés, du fait que les marchés ne croient pas que l'Italie soit capable ou ait l'intention d'approuver ces mesures que l'Europe a demandées", a déclaré M. Berlusconi, dans un appel téléphonique à une de ses chaînes télévisées.
Placée sous surveillance du Fonds monétaire international et de l'Union européenne, dont les premiers experts étaient attendus dans la soirée à Rome, l'Italie, qui a promis de remettre de l'ordre dans ses comptes, sera également sous le contrôle de la Banque centrale européenne (BCE). De ce fait, ce pays ne sera pas loin du traitement réservé aux pays de la zone euro ayant été contraints de recourir à l'aide internationale.
"L'Italie sait que vu la taille du pays, elle ne peut pas espérer une aide extérieure, c'est la raison pour laquelle des efforts énormes sont déployés en Italie en ce moment", a déclaré mardi la ministre autrichienne des Finances, Maria Fekter. Le Premier ministre finlandais, Jyrki Katainen, a appelé Rome à prendre des mesures décisives et cesser "les promesses en l'air" si elle veut s'en sortir.
Une éventuelle contagion de la crise de la dette à l'Italie mettrait à genoux l'ensemble de la zone euro.
Du côté de la Grèce, les négociations entre socialistes et conservateurs en vue de la constitution d'un gouvernement d'union nationale ont marqué le pas mardi soir, la droite refusant de s'engager par écrit auprès de Bruxelles sur sa volonté de nettoyer les finances du pays au bord de la faillite.
Le nom de l'économiste Lucas Papademos, ancien haut responsable de la Banque centrale européenne (BCE), continue néanmoins d'être le plus cité pour prendre les rênes de la Grèce menacée de faillite et de sortie de la zone euro.
Les discussions anxieusement suivies de Bruxelles à Washington en raison de la situation financière périlleuse du pays, se déroulent dans une ambiance médiatique survoltée à Athènes, la plupart des télévisions retransmettant en direct depuis trois jours les moindres soubresauts dans le thriller politique en cours.
Dans la journée, le Premier ministre socialiste sortant Georges Papandréou, au pouvoir depuis deux ans, a demandé la démission de ses ministres pour entamer la transition.
Sous la pression de l'Union européenne (UE), principal créancier de la Grèce, un accord historique a été conclu dimanche entre les chefs des deux partis, M. Papandréou et le dirigeant de la ND, Antonis Samaras, pour la formation d'un gouvernement de coalition afin de permettre l'application d'urgence du plan européen de désendettement du pays, décidé dans la nuit du 26 au 27 octobre à Bruxelles.
M. Samaras, qui clamait depuis plusieurs mois son opposition aux mesures d'austérité accompagnant l'aide européenne, a fait un pas important en se ralliant à ce deuxième plan d'aide qu'il a jugé "inévitable". Il prévoit une aide totale de 130 milliards d'euros (prêts et garanties) ainsi qu'un effacement de 100 milliards d'euros de dettes sur un total de 350 milliards. En échange, Athènes doit se soumettre à la poursuite de la rigueur et accepter une quasi mise sous tutelle.
commentaires (7)
Kamel, j'ai réajusté le coup. Quand à lAnier, certes qu'il bosse en conduisant le troupeau, mais ce sont les pauvres baudets, souvent boiteux et galeux, qui portent les charges. Quand aux institutions dont tu as prononcé les noms, ils font partie de tes bien-aimés...Ils tirent, avec une chaîne, l'Anier et le conduisent, lui et son troupeau, où bon leur semble. Anastase Tsiris
Anastase Tsiris
10 h 41, le 09 novembre 2011