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Dans la douleur...

La mort en direct, l’humiliation suprême en images saccadées, matraquées comme des balles de fusil... et ces mots qui auraient été dits juste avant la fin : « De grâce ne me tuez pas, je suis votre Guide. » Cinéma-vérité ou film d’épouvante ? Qu’importe, c’est la réalité en projection continue qui rejoint la fiction, c’est l’horreur en images écarlates qui clôt le chapitre guignolesque d’une incroyable mégalomanie.
D’un Saddam Hussein débusqué dans un trou et pendu haut et court à un Moubarak momifié se défendant pathétiquement derrière les barreaux d’une cellule improvisée, tous les ingrédients d’une justice d’à-propos, d’une procédure de circonstance, avaient été réunis et appliqués.
L’exécution de Mouammar Kadhafi clôture, elle, un chapitre qui aurait pu être embarrassant pour bien de personnes et pour autant de pays. Elle évite un procès qui aurait terni la réputation de beaucoup de néorévolutionnaires-ex collabos, un déballage public qui aurait discrédité tous ceux qui faisaient antichambre pour être admis, un jour ou l’autre, sous la tente du « roi des rois ». Mais le passé est le passé, pourraient rétorquer les nombreux zélateurs qu’anime aujourd’hui une ferveur révolutionnaire redécouverte.
Une page nouvelle s’ouvre donc en Libye, prometteuse des réformes tant attendues, mais porteuse aussi des germes de discordes, de querelles claniques et tribales interminables.
Les révolutions, on ne le sait que trop, sont dévoreuses d’hommes. L’histoire est riche en épisodes sombres et tragiques qui ont fait douter de l’issue espérée, mais qui n’ont été finalement que les jalons nécessaires à l’avènement de la démocratie. Une mutation qui s’opère dans la douleur parce que directement confrontée aux aspérités sociales ou communautaires, aux appétences qui s’éveillent au soleil des libertés retrouvées.
Mais d’ores et déjà les regards se portent ailleurs, loin de la Libye de l’après-Kadhafi, se tournent naturellement vers une Syrie ensanglantée, vers un Yémen éclaté. Une interrogation taraude alors les esprits : les dictateurs qui s’accrochent encore au pouvoir ont-ils tressailli, ont-ils sursauté, ont-ils seulement écarquillé les yeux à la vue du lynchage dont a été victime Kadhafi ? Se sont-ils dit, Ali Abdallah Saleh et Bachar el-Assad, que les temps ont peut-être changé et qu’il serait pertinent, sinon nécessaire pour leur propre sécurité, d’en tirer les conclusions et de plier bagage, tout simplement ?
Croire à un mea culpa, à un sursaut de conscience, c’est comme croire au père Noël : les dictateurs n’admettent jamais leur déconfiture et c’est inévitablement sous les huées des foules qu’ils terminent leur carrière. Une fatalité qui a déjà frappé quatre chefs d’État arabes et dont ne réchapperont pas les derniers tyrans encore en place.
Un mouvement irréversible a été déclenché il y a plusieurs mois en Tunisie ; il a trouvé sa consécration hier même dans ce pays : des élections libres conformes à la règle démocratique. Les islamistes confisqueront-ils la révolution du jasmin ? Toute la question est là, une inquiétude lancinante qui gagne tous les pays arabes qui se libèrent des dictatures.
Un passage obligé dans la tourmente du réveil populaire. La transition se fera nécessairement dans la douleur, c’est à ce prix-là que s’arrache, que s’obtient la vraie liberté.

P.S. : un homme d’honneur, un homme de justice vient de disparaître au terme d’une longue maladie. Antonio Cassese a lutté quasiment jusqu’à la dernière minute de sa vie, à la tête du Tribunal spécial pour le Liban, pour que la vérité prévale, pour que les crimes ne restent plus jamais impunis. Paix à son âme et honte à tous ceux qui se complaisent dans la désinformation, et qui n’ont vu dans sa récente démission que la preuve d’un différend avec le procureur Daniel Bellemare...
La mort en direct, l’humiliation suprême en images saccadées, matraquées comme des balles de fusil... et ces mots qui auraient été dits juste avant la fin : « De grâce ne me tuez pas, je suis votre Guide. » Cinéma-vérité ou film d’épouvante ? Qu’importe, c’est la réalité en projection continue qui rejoint la fiction, c’est l’horreur en images écarlates qui clôt le...
commentaires (18)

M. George Sabat, j'ai surfe sur votre site et il est tres interessant... Comment les simples citoyens peuvent-ils aider leur pays de facon plus concrete?

Michele Aoun

13 h 46, le 25 octobre 2011

Tous les commentaires

Commentaires (18)

  • M. George Sabat, j'ai surfe sur votre site et il est tres interessant... Comment les simples citoyens peuvent-ils aider leur pays de facon plus concrete?

    Michele Aoun

    13 h 46, le 25 octobre 2011

  • Georges Sabat, ayant vécu pas mal de temps et au Brésil, et aux Philippines et surtout en Afrique du Sud, je comprends bien ce que vous dites. Mais, ce sont des pays énormes en superficie et les choses plus faciles. C'est pourquoi nous parlons de cantons plutôt à la Suisse pour le Liban. En défintive, ça revient à la même chose. J'approuve votre idée bien sûr. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    13 h 35, le 25 octobre 2011

  • Merci Michele. Enfin j'ai trouve quelqu'un qui pose la question cle:"Que pouvons-nous faire?" Eh bien! Je repondrai : "beaucoup plus que vous ne l'imaginez".Mais plutot que de proposer une liste ennuyante de choses a faire, puis-je suggerer que vous jetiez un coup d'oeil a mon web site: http://www.cpi-lebanon.org et particulierement aux pages dans lesquelles je decris ce que les Philippins, les Bresiliens, les Irlandais, les Sud-Africains ont reussi dans le domaine du "participative governance". Je pense que nous devrions nous inspirer d'eux pour modeler un programme d'action pour les citoyens de ce pays qu'on a trop souvent marginalises dans le passe. Oui, Michele vous pouvez faire beaucoup pour notre cher Liban. N'en doutez pas un instant.

    George Sabat

    11 h 47, le 25 octobre 2011

  • M. Sabat, j'ai maintenant compris votre point de vue. Mais quels moyens ont ces pauvres internautes dans ce forum pour pouvoir avoir une influence sur nos leaders poliques? Consacrer du temps a cette besogne n'est pas un probleme. Cependant, comment de simples citoyens (employes/employeurs) peuvent-ils resoudre les graves problemes politiques et economiques que vous enumerez? Proposez quelque chose...

    Michele Aoun

    09 h 46, le 25 octobre 2011

  • Je parle de tous ceux qui critiquent sans offrir de solutions de rechange. Il n'y a aucun doute que durant les vingt annees qui ont suivi la fin de la guerre civile au Liban, rien ou presque rien de serieux n'a ete fait pour mettre l'economie sur les rails mais pire encore, pour "construire" le citoyen Libanais. Ce que je deplore a present c'est que ces vingt annees gachees ne nous ont rien appris, car l'equipe qui, depuis cinq mois, a pris la releve ( apres trois ou quatre mois de perdus en "negotiations"), cette equipe donc n'a encore rien pondu de nouveau. Ou est son programme? Des le premier jour de la formation de ce gouvernement nous aurions du, nous les citoyens, avoir recu une feuille de route bien claire. Il n'en a rien ete. D'autre part nous devrions recevoir, chaque fin de mois, un etat d'avancement des travaux (tout comme une entreprise de construction procede). Mais rien ne pointe a l'horizon et le temps presse. Voici pourquoi je dis qu'il faudrait que tous ceux qui ecrivent brillamment, je l'admet, des commentaires a l'encontre de leurs adversaires politiques, devraient consacrer vingt pour cent de leur temps a analyser la situation actuelle et a convaincre nos dirigeants d'agir. Etes-vous d'accord la-dessus? Ou est notre Plan Educationnel? Ou est notre Plan Agricole? Ou est notre Plan industriel? Comment comptons-nous freiner l'emigration des jeunes dont nous avons tant besoin au Liban? Comment prevoyons-nous de reduire cette dette enorme de $60 milliards?

    George Sabat

    08 h 52, le 25 octobre 2011

  • M. Sabat, je repete: parlez-vous de moi ET de M. Jabbour?

    Michele Aoun

    06 h 10, le 25 octobre 2011

  • M. Sabbat, parlez-vous de moi en l'occurence?

    Michele Aoun

    03 h 32, le 25 octobre 2011

  • Quand je lis les commentaires des uns et des autres (8 et 14) a propos de n'importe quel evenement local ou international, je ne peux m'empecher de rire , ou plutot de pleurer, en constatant combien ils sont tous deux obnubiles par leurs croyances et leurs points de vue. On dirait qu'ils portent tous deux des lunettes speciales qui leur font voir et commenter les evenements a leur maniere qui est naturellement en parfaite contradiction avec celle de l'"autre". Quand est-ce que ces deux "fascistes" vont-ils mettre de cote leurs ideologies respectives et decider de penser et d'agir Libanais pour une fois? Que nous importent l'Amerique, l'Europe, l'Iran ou la Syrie? Pensons a notre Liban qui ne fait que reculer. Pensons a "agir" plutot que de "perorer". Il y a tellement a faire et tous ces commentateurs feraient bien mieux de se mettre au travail pour aider de leur intelligence qui est indeniable a mettre de l'ordre dans ce cafouillis que represente le Liban a l'heure presente.

    George Sabat

    01 h 31, le 25 octobre 2011

  • Rigolez pas trop fort "L'maktoub mbayyin min 3inweno", Gédéon

    Ali Farhat

    17 h 30, le 24 octobre 2011

  • çà me fait doucement rigoler quand j'entend parler d'un tribunal injuste...juste pour mémoire...il n' a encore rien dit,ce tribunal...nada,des nèfles...rien...alors comment peut on dire qu'il est injuste?

    GEDEON Christian

    13 h 21, le 24 octobre 2011

  • Bravo M. Jaber pour votre cri de revolte contre l'Occident!

    Michele Aoun

    08 h 32, le 24 octobre 2011

  • Paix à l'âme de l'homme, Antonio Cassese et paix à l'âme et grande compassion de tous ceux qui meurent dans la douleur et la souffrance! mes pensées vont vers sa famille et vers ses proches...et même... à la famille (celle qui est innocente) de Gheddafi.... MAIS soyons lucides, on ne devient pas saint parce qu'on meurt... Cet homme était le président d'un tribunal INJUSTE, pourri et politisé tout comme ses géniteurs ONU et ancien gouvernement, Tribunal sensé apporté des malheurs à notre pays, le fragilisé face à notre ennemi et à l'injuste organisme qui l'a créé et qui a créé le pays des sionistes sur la terre de la Palestine... OUI, mille paix à l'âme de l'homme...Honte à ceux d'entre nous qui encensent sa mémoire!

    Ali Farhat

    08 h 25, le 24 octobre 2011

  • Pourquoi a t il fallu des décennies pour que l'occident se rende compte que des peuples sont martyrisés par des dictateurs à qui ils ont serré la main et reçu en grande pompe ? Pourquoi c'est à l'occident de déclencher l'hallali sur ses sbires quand il réalise que la pièce détachée est usée et demande à être remplacée ? En commençant par saddam, il était le héros d'une guerre contre l'Iran qui a fait 1 million de morts que je sache ! 30 ans de pouvoir c'était gros quand même. Kaddafi, 42 ans plus tard on réalise que c'est pas bon tout ça ! bena ali , ils ont eu besoin de 18 ans et moubarak 30 ans et quelques millards de dollars plus loin, on se bouge. Mais les islamistes dont le seul nom provoquait l'urticaire sont devenus fréquentables et avec ça le retour à la polygmie en Tunisie et en Lybie, ça ne les gêne pas ? Non évidemment, ça servira à faire des amalgames avec des despotes comme la Syrie pour finir par ce qui les tracasse le plus, le nucléaire iranien et le fer de lance de la résistance chatouillant la gorge des véritables criminels de la région.israel.Condoléances à casese et mes plus profonds regrets a sharon qui (vit) comme un légume dans un hopital tenu au secrêt.

    Jaber Kamel

    03 h 54, le 24 octobre 2011

  • M. Aoun, constat tres veridique et douloureux en ce qui concerne l'"accouchement dans la douleur" de nouveaux gouvernements. Je salue votre sens de l'humanisme concernant les presidents dechus et la facon dont les medias nous ont filme leur "fin" devant nos yeux. Esperons que toutes ces revolutions permettront la naissance de nouveaux regimes democratiques et justes car la transition va etre longue et difficile et le resultat n'est pas aussi certain que ca...

    Cma Liban

    03 h 19, le 24 octobre 2011

  • Toute douleur qui ne détache pas est de la douleur perdue. Ainsi les grandes douleurs des pays arabes resteront muettes, tant qu’ils resteront illusionnistes et adoptant la loi de la jungle , ne pouvant jamais croire et au nom de leur foi qu’ un homme comme Antonio Cassese puisse exister de nos jours . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    02 h 51, le 24 octobre 2011

  • "Paix à l'âme de l'homme d'honneur Antonio Cassese et honte à tous ceux qui se complaisent dans la désinformation, et qui n'ont vu dans sa démission que la preuve d'un différend avec le procureur Daniel Bellemare". Bravo ! Et merci Monsieur Aoun d'exprimer le sentiment de millions de Libanais, au Liban et dans la diaspora, rendant hommage à l'ancien président du TSL et stigmatisant fermement l'attitude honteuse des "désinformateurs" (vous être bien courtois) dans ce pays, qui n'ont eu aucun respect pour sa douleur et son état de gravement malade de cancer et ont débité leurs spéculations maladives sur le tribunal international, dont la justice les fait trembler à l'avance.

    Halim Abou Chacra

    01 h 50, le 24 octobre 2011

  • - - Mais cher monsieur , vous faites l'éloge de la Charia sans le savoir ! La loi Coranique est non seulement une dictature rétrograde , mais une dictature sans merci qui est très loin de la démocratie et du monde moderne !! PS : sans vouloir froisser la mémoire du juge défunt , je dirai tout simplement , Paix à son âme et je rajoute , que ce machin appelé TSL , à porté la poisse à tous ses membres et à tous ses instigateurs sans exception .

    JABBOUR André

    01 h 02, le 24 octobre 2011

  • Monsieur Nagib Aoun, très bonne analyse. - Chaque tryan se croit à l'abri du sort tragique qui a frappé les autres despotes. L'ivresse du pouvoir et la mégalomanie, se muant en schizophrénie ou en hystérie, l'aveuglent au point qu'il ne peut plus réaliser ou comprendre ce qui se passe autour de lui. Le plus souvent, berné par les encensements de courtisans, flatteurs, lèche-bottes, toute une panoplie de parasites profiteurs, d'exploiteurs et de sangsues, qui constituent son entourage et son régime, et dont la fin du despote serait leur propre fin, il vit dans le mythe que ces égoïstes spoliateurs, jusqu'au dernier moment, lui font miroiter et que, non seulement il s'y prête volontiers, mais il y adhère avec extase, mû par la griserie du pouvoir qui lui fait, de plein gré, prendre l'illusion pour la réalité, et qui lui donne l'absurde sentiment d'invincibilité et la stupide croyance de pérennité. Il commet toutes sortes d'exactions imaginables et de crimes les plus abjects contre son peuple, rien que pour se maintenir au pouvoir. Mais, le destin de tous les despotes est écrit sur leur front : Par le feu et le fer tu gouverneras, par le feu et le fer tu périras. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    20 h 52, le 23 octobre 2011

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