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Diaspora - Environnement

Le littoral libanais vu par le député français Jérôme Bignon

La venue du député Jérôme Bignon début octobre au Liban, sur invitation de l’association RJLiban, a provoqué d’importants débats quant à la conservation du littoral libanais.

Jérôme et Brigitte Bignon au Casino du Liban pour contempler la baie de Jounieh.

Accompagné de son épouse Brigitte, Jérôme Bignon, accueilli par l’ancien ministre et député du Kesrouan Farès Boueiz dans sa résidence à Zouk Mikhael, a parcouru durant deux jours la région de Jounieh, candidate au Club des plus belles baies du monde qu’il préside depuis 5 ans. Une promenade en mer sur le bateau de M. Boueiz, transformé en capitaine à l’occasion, a permis de scruter la côte libanaise, depuis la baie de Jounieh jusqu’à celle de Chekka.
En effet, le littoral du Liban gagne à être aménagé selon un plan d’urbanisme mettant en valeur la beauté de ses sites, comme celui de Byblos, visité le lendemain par le député Bignon et le président de l’Association libanaise pour le tourisme, Georges Younès. Un entretien s’est déroulé par la suite au siège de la municipalité de Jounieh avec le président du conseil municipal Antoine Frem et ses collaborateurs.

Président du Conservatoire du littoral en France
Le député Jérôme Bignon, avocat de profession, est également le 8e président du Conservatoire du littoral en France. Aussi, la question du développement durable du littoral au Liban a été évoquée longuement avec l’ambassadeur de France, Denis Pietton, au cours de l’inauguration à Beyrouth de l’Institut français du Liban, le samedi 1er octobre, ainsi que lors du dîner privé offert le lendemain par Farès Boueiz en sa demeure. MM. Pietton et Bignon sont convenus de la nécessité d’organiser prochainement un colloque sur ce thème, qui fera l’objet d’une deuxième visite du député français au Liban, en compagnie d’autres spécialistes du littoral.
Le séjour de Jérôme et Brigitte Bignon s’est terminé le lundi 3 octobre par un dîner-débat de l’association RJLiban, auquel ont pris part notamment l’ancien ministre des Affaires étrangères, le rédacteur en chef de L’Orient-Le Jour Nagib Aoun, le poète Henri Zoghaib et l’ancien doyen de la faculté de droit à l’USJ, Pierre Gannagé.

La préservation comme condition de développement
«Un jour, on aura fait tellement de dégâts que la Terre dira stop, et ce moment n’est pas loin.» Cette phrase prononcée par Jérôme Bignon résume le souci et l’action de toute une communauté qui agit à travers le monde afin d’enrayer les détériorations que l’homme fait subir à la planète. «Il faut donc reprendre les choses en main», poursuit le député qui cite l’exemple de la baie de Somme, sa circonscription.
Donnant l’exemple du Conservatoire du littoral en France, il souligne: «Nous avons une vision humaniste de la nature, qui prend en compte que l’homme y est un élément central. Le Conservatoire, financé par une taxe sur les bateaux dégageant 38 millions d’euros par an, ainsi que par des mécènes sensibles à la question de l’environnement, possède 800 sites et propriétés. Nous achetons, nous détruisons, en gardant les petits forts ou les jolies petites maisons construites par l’homme. Car ce n’est pas une initiative engagée contre l’homme. Puis nous confions les terrains aux collectivités locales afin qu’elles en prennent soin. »
Jérôme Bignon indique que « le développement durable est une culture qui permet d’être en communion avec ceux qui souhaitent travailler sur leur littoral. La délicate rencontre de la terre et de la mer crée des endroits exceptionnels. Il faut également créer des espaces maritimes protégés, nous devons défendre la mer, qui est polluée à 80% par la terre, et qui n’a pas d’habitants pour la protéger. Il y a bien sûr les conflits d’usages, entre plaisanciers, pêcheurs, entrepreneurs, nous le constatons avec la cimenterie de Chekka. Mais il faut mettre les gens autour d’une table et bavarder. C’est une initiative très moderne, avec un engagement extrêmement fort de ma part, je me balade dans le monde entier pour cela».
Expliquant que sa visite au Liban est le fruit d’une «rencontre assez étonnante entre les Phéniciens et les Bretons, nos amis de Bretagne et du Morbihan», le député constate à propos de la baie de Jounieh que «la jeune fille a beaucoup de qualités mais qu’elle était un sujet difficile. J’ai été très bien guidé, avec des touches différentes, et j’ai remarqué la volonté locale de s’inscrire dans une logique de développement durable. Il y a vraiment des opportunités intéressantes, un potentiel extrêmement fabuleux à Jounieh, et une identité extrêmement forte. Il faut bien les développer parce que les hommes ont besoin de cette économie, mais avant tout veiller à la préservation comme condition de développement».

 

Dîner-débat à Paris le 3 novembre
Ce sujet sera repris prochainement le jeudi 3 novembre à Paris par Jérôme Bignon, qui s’exprimera devant les membres de la communauté libanaise soucieux de la préservation de leur patrimoine. Participera également au dîner le professeur Jean-Paul Rey-Coquais, spécialiste de l’histoire de la Phénicie, qui vient d’effectuer une visite de dix jours au Liban, à l’occasion d’un congrès sur les recherches archéologiques sous-marines à Tyr, organisé par le ministère libanais de la Culture et l’Institut français pour le Proche-Orient.

Rencontre avec le professeur Jean-Paul Rey-Coquais
Grand spécialiste de l’histoire de la Phénicie et des inscriptions grecques et latines, le professeur Jean-Paul Rey-Coquais, qui parcourt le Liban et plus particulièrement la ville de Tyr et ses deux grands sites archéologiques depuis 1966, est devenu une figure incontournable du monde archéologique libanais. Le professeur Rey-Coquais a également souligné l’urgence de la réhabilitation des sites de Tyr, estimant que durant les quatre dernières années, ils avaient subi quelques dommages faute de travail d’équipe. Donnant l’exemple du site de Deir el-Qalaa à Beit-Méry, le trouvant très joliment aménagé «avec le temple et les colonnes romaines bien mis en valeur à côté de l’église», il a demandé le balisage des sites de Tyr avec des panneaux et des parcours orientant le visiteur dans sa promenade.
Le professeur Rey-Coquais a souligné l’importance de l’apport des Phéniciens quant à l’invention de l’alphabet, raconté par les Grecs de l’Antiquité qui l’ont ensuite diffusé, et a noté la parution du nouveau livre, Sources de l’histoire de Tyr: textes de l’Antiquité et du Moyen Âge, de Pierre-Louis Gatier, Julien Aliquot et Lévon Nordiguian (Presses de l’USJ et de l’IFPO), qui contient un foisonnement d’informations sur les habitants de Tyr voyageant à travers le monde et pouvant faire l’objet d’articles intéressant la page des «Libanais dans le monde».

 

Cette page (parution les premier et troisième lundis de chaque mois) est réalisée en collaboration
avec l’Association RJLiban. E-mail : naji.farah@rjliban.com – www.rjliban.com

Accompagné de son épouse Brigitte, Jérôme Bignon, accueilli par l’ancien ministre et député du Kesrouan Farès Boueiz dans sa résidence à Zouk Mikhael, a parcouru durant deux jours la région de Jounieh, candidate au Club des plus belles baies du monde qu’il préside depuis 5 ans. Une promenade en mer sur le bateau de M. Boueiz, transformé en capitaine à l’occasion, a...