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Liban - Administration

Nouvelle stratégie de réforme administrative : enfin, une mise en application efficace ?

Le ministère d’État à la Réforme administrative a organisé un atelier de travail autour de sa nouvelle stratégie, déjà approuvée en Conseil des ministres : une réforme, qui ne restera pas, pour une fois, lettre morte ?
Reconnu pour son assiduité dans l’analyse des mécanismes institutionnels, le ministère de la Réforme administrative vient de mettre au point une nouvelle stratégie de développement de l’administration publique. Inspirée des précédents projets en la matière, cette stratégie s’articule sur trois enjeux essentiels : le renforcement des ressources humaines, et donc du critère de compétence, constamment éludé par le traditionnel partage des parts ; le rétablissement de la confiance entre le citoyen et l’administration, en instaurant notamment la bonne gouvernance et la transparence ; l’optimisation technique du service, dans le cadre de la mise en place progressive d’un gouvernement électronique (ou e-gouvernement).
Cette nouvelle stratégie a fait l’objet hier d’un atelier de travail, organisé par le ministère de la Réforme administrative au Grand Sérail, sous le parrainage du Premier ministre Nagib Mikati, qui s’est montré particulièrement soucieux de la mise en œuvre des solutions proposées. Il a souligné l’importance de l’atelier « à une période douloureuse pour l’administration qui souffre de vacances (...), d’impuissance de ses organes de contrôle (...) et d’absence de centres de statistiques pouvant définir les plans à adopter ». Ainsi, M. Mikati a insisté sur le fait que la stratégie proposée s’inscrit dans la politique du gouvernement qui tend vers « une administration moderne et efficace ». Si les tentatives de réforme administrative se sont le plus souvent heurtées à un exercice politique mû par le clientélisme et le partage des intérêts, l’appui ainsi affiché du gouvernement à la nouvelle stratégie semble être de bon augure.
« Construire une administration puissante (...) impose une décentralisation administrative, qui réponde aux intérêts des citoyens et les transforme en partenaires dans le développement de leur région (...) », a affirmé le ministre d’État de la Réforme administrative Mohammad Fneich, résumant l’esprit de la réforme escomptée. Mais pour lui, la réussite effective de la nouvelle stratégie relève étroitement d’une « décision politique soutenue par une volonté de coopération réelle entre les différents pouvoirs, afin de dissiper les entraves à la réforme ». C’est sur ce point qu’a insisté d’ailleurs le président du comité de la Fonction publique, l’ancien ministre Khaled Kabbani. « Y a-t-il une réelle volonté de changement (au niveau de la caste politique) ? Voilà la question à laquelle nous devons de prime abord répondre », a-t-il affirmé, lors de son intervention sur les principales difficultés derrière la stagnation administrative.

Un équilibre entre l’exécutif et le législatif
Pour M. Kabbani, c’est le Parlement qui est le garant de toute stratégie de réforme. En effet, les entraves à celle-ci, relevées par le président du CFP, sont liées à l’exercice législatif. Ainsi, M. Kabbani a mis l’accent sur « la contradiction des textes, les lois votées en la matière ne traitant que d’une catégorie ou d’un secteur spécifique, sans considération des lois existant déjà ». Corollairement, M. Kabbani a dénoncé « l’inflation, et par là, le chaos des textes de lois », avant de souligner l’absence des décrets d’application, nécessaires pour mettre en œuvre les lois déjà votées. Le député Robert Ghanem, président de la commission de l’Administration et de la Justice, secondé par le député Nawwar Sahili, a tenu à préciser dans ce cadre que « c’est parce que l’État ne dispose pas d’une vision claire et globale pour son administration, que le Parlement cherche à répondre aux besoins imminents en légiférant par rapport à la situation qui se présente. D’ailleurs, les accords de Taëf n’ont pas réussi à rétablir l’équilibre entre les deux pouvoirs législatif et exécutif », ce qui expliquerait la disparité des textes.
Quoi qu’il en soit, M. Ghanem a assuré, en réponse à une question de L’Orient-Le Jour, que le Parlement renforcera son contrôle sur l’exécutif, parallèlement à sa fonction de législation. Sur un ton tout aussi confiant, M. Kabbani a insisté sur le parcours « incontestable » du CFP en ce qui concerne les concours d’entrée à la Fonction publique, « et qui sont exclusivement basés sur les critères de compétence, et ne supportent aucune intervention à caractère clientéliste ». Il a toutefois émis des réserves en ce qui concerne les nominations de première catégorie, qui sont concertées en Conseil des ministres et prennent en considération les intérêts politiques. Des intérêts que cette nouvelle stratégie de réforme semble apte à contenter, du moins au niveau de l’informatisation des services, déjà entamés de facto par plusieurs ministères, notamment les ministères des Finances, de la Santé et de l’Éducation. D’ailleurs, le ministre Fneich a assuré que les principaux volets de la stratégie de réforme ont été approuvés en Conseil des ministres et transférés au Parlement.
Reconnu pour son assiduité dans l’analyse des mécanismes institutionnels, le ministère de la Réforme administrative vient de mettre au point une nouvelle stratégie de développement de l’administration publique. Inspirée des précédents projets en la matière, cette stratégie s’articule sur trois enjeux essentiels : le renforcement des ressources humaines, et donc du critère de...
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