« Quelque part, il était réconfortant de voir que des dessinateurs du monde entier en ont parlé », estime Joseph Kaï en se souvenant du choc qu’il a ressenti en apprenant la nouvelle. Comme beaucoup d’autres, lui aussi a ressenti le besoin d’exorciser l’horreur par le dessin. Le sien représente Ali Ferzat dessinant à l’aide de ses deux mains et de ses deux pieds.
Armand Homsi a également été très touché. « La brutalité du procédé a quelque chose d’intolérable, surtout quand cela est dirigé contre un homme dont l’activité est des plus pacifiques », s’indigne-t-il. En réaction, le dessinateur a représenté la main brisée de Ali Ferzat dessinant le flambeau de la liberté à l’aide de son propre sang, reprenant ainsi presque littéralement la formule d’Albert Londres qui disait du journaliste qu’il devait « porter la plume dans la plaie ».
Mazen Kerbaj ne veut pas se laisser inquiéter par la nouvelle. « Le procédé est un peu moyenâgeux et à la limite du comique. Bien sûr, ça ne va pas l’arrêter de dessiner. J’imagine même que ça va le pousser à se surpasser dans ses prochains dessins. Mais les exemples de personnes qui ouvrent leur gueule un peu grande et se font assassiner sont légion dans le coin. On le vit comme une triste réalité et on n’y pense pas plus que ça... »
Indignés, oui. Intimidés, sûrement pas.