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Liban - Santé

Des soins à portée de main pour les habitants de la Békaa

Le village de Serhane el-Faouqa, situé dans la région de Baalbeck, a récemment ouvert son premier centre de soins préventifs. Pour ces familles, c’est un pansement contre la misère, vu les dépenses médicales trop coûteuses.

Les officiels inaugurent les lieux.

Les grosses jeeps aux vitres teintées peinent à manœuvrer dans les rues enchevêtrées de Serhane el-Faouqa. Ses deux mille quatre cents habitants vivent à vingt kilomètres de Baalbeck. Les moteurs s’arrêtent près d’un terrain de football grillagé et d’une aire de jeux pour enfants. Les portières s’ouvrent sur des représentants du Programme de développement des Nations unies (PNUD) accueillis par les élus locaux, qui attirent la curiosité des enfants descendus de leur toboggan. C’est le jour de l’inauguration du centre médical de premiers soins. Cérémonie et discours officiels. Plusieurs mères de famille sont attentives sur les bancs du fond. La chaleur écrasante n’efface pas les sourires. Les soins sont aujourd’hui à portée de main.

Une trentaine de médecins
Le centre de Serhane el-Faouqa est le deuxième dans la région de Baalbeck. L’autre est situé à cinq kilomètres à Nabi Chit. Depuis 2007, sept centres médicaux ont été créés dans la vallée de la Békaa par le programme Art Gold, deux au Hermel, trois à Rachaya.
Sur la pelouse synthétique du terrain de football, les officiels discourent sur fond de montagnes arides. C’est la terre des cultivateurs avec ses champs labourés, le blé, les pommes de terre. Au loin, quelques maisons sont perchées, mais Serhane el-Faouqa
reste isolé. L’hôpital public se situe à 10 kilomètres. Trop loin pour les habitants.
Dans un mouvement de foule précipité, tous s’apprêtent à dévaler la rue. La terre sèche, battue sous les pieds, s’envole en nuages de poussière. Cinq minutes plus tard, c’est l’attroupement devant une petite porte surmontée d’un panneau : « Ministère de la Santé ». 50 000 dollars ont été nécessaires pour ouvrir le centre. La municipalité se charge de payer l’eau, l’électricité et les salaires des employés.
Bousculades, piétinements, galanterie, tous veulent voir. Dans ce brouhaha, difficile de distinguer si des commerces ou des habitations jouxtent le centre. Les grains de riz pleuvent joyeusement sur la foule compacte. L’entrée débouche sur la salle d’attente. De part et d’autre, des cabinets pour apaiser ou prévenir l’infection. Une trentaine de médecins, de même que des dentistes et des infirmières, se relaieront tous les matins sauf le dimanche.
Devant les instruments du dentiste, les yeux se réjouissent, sans crainte aucune. Là, dans une autre salle, un fauteuil gynécologique. Ailleurs, un autre pour les auscultations. Plus loin, une salle de pédiatrie. Un enfant de Serhane el-Faouqa, le short et le débardeur poussiéreux, devance les hommes en costume-cravate et s’empresse de tout photographier. Une vieille dame, comme pour remercier le ciel, empoigne les bras des visiteurs. « Serhane el-Faouqa est un village très marginalisé, les habitants n’ont pas la possibilité d’aller jusqu’à Baalbeck », explique Francesco Bicciato, chef technique d’Art Gold Lebanon. L’ambition du programme est d’aider la vallée de la Békaa à se développer. « C’est la deuxième région la plus pauvre après le Nord », indique Raghed Assi, directeur du programme de développement social et local. « Dans les districts du Hermel et de Baalbeck, la moitié des gens vivent en-dessous du seuil de pauvreté ». La grande majorité est chiite. « La pauvreté a toujours existé mais depuis la guerre de 2006, ça s’est intensifié », affirme Raghed Assi.
« Sans prétendre tout changer », le centre rend les soins accessibles à la population. « La visite médicale est fixée à 5,5 dollars et le dentiste est très abordable », précise Ahmad Ali Abdallah, le directeur du centre et membre de la municipalité. Enroulée dans un voile rose, Hind Chouman pose la tête, rêveuse, contre le battant d’entrée du cabinet d’auscultation. D’autres femmes, collées à elle, attendent la sortie des officiels. « Je suis ravie, c’est très important pour nous, surtout pour mes enfants, insiste Hind, 44 ans, mère de sept enfants. On rencontre beaucoup de difficultés pour aller chez le médecin d’habitude. Et puis, c’est cher. Pour une simple visite de contrôle, c’est 27 dollars dans une clinique privée. » Le centre se présente comme une alternative aux cliniques privées. « Il y a peu d’équipements dans les cliniques publiques, c’est souvent précaire, c’est pourquoi les gens s’orientent vers les cliniques privées », fait remarquer Ola Kobeissi, chargée de communication au sein d’Art Gold.
Ce ne sont pas seulement les habitants de Serhane el-Faouqa qui peuvent souffler, mais aussi ceux des sept villages alentour estimés à 8 000 personnes. À Serhane el-Faouqa, les moteurs redémarrent. Les jeeps rutilantes s’éloignent, laissant des curiosités rassasiées. Les villageois comptent désormais sur ce centre pour soulager un peu leur pauvreté.
Horaires d’ouverture : tous les matins de 8h à 12 h sauf le dimanche. Le dentiste reçoit tous les jours de 8h à 12h et de 15h à 18h.
Les grosses jeeps aux vitres teintées peinent à manœuvrer dans les rues enchevêtrées de Serhane el-Faouqa. Ses deux mille quatre cents habitants vivent à vingt kilomètres de Baalbeck. Les moteurs s’arrêtent près d’un terrain de football grillagé et d’une aire de jeux pour enfants. Les portières s’ouvrent sur des représentants du Programme de développement des...

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