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Liban - Administration

Sehnaoui ravive la polémique autour d’Ogero : un acte de « victoire » ou « tapage médiatique vain » ?

Le ministre des Télécoms Nicolas Sehnaoui a fait hier une entrée très médiatisée au deuxième étage du fameux bâtiment relevant de son ministère, dans le quartier du Palais de justice, à Badaro, qui avait fait l’objet en mai dernier d’un bras de fer entre l’ex-ministre des Télécoms, Charbel Nahas, et les FSI, avec en filigrane le sort d’un équipement de télécoms, offert par la Chine, ainsi que l’ancien contentieux sur les rapports entre Ogero et le ministère des Télécoms.

Un détail accorde à cet acte, de prime abord anodin, la dimension d’une « grande victoire » revendiquée par M. Sehnaoui : le deuxième étage en question avait fait l’objet d’une vive polémique opposant, en mai dernier, l’ancien ministre Nahas, du même courant (aouniste) que son successeur, au directeur général d’Ogero, Abdel Menhem Youssef, proche du courant du Futur. Voulant prendre possession de l’étage abritant des équipements de télécoms que la Chine avait offerts au Liban en 2007, en vertu d’un accord bilatéral approuvé en Conseil des ministres, M. Nahas s’était heurté aux services de renseignements des Forces de sécurité intérieure, dont les agents, en poste sur le terrain, lui avaient interdit l’accès aux équipements, arguant du fait que ceux-ci appartiennent à la société Ogero et non au ministère des Télécommunications, auquel elle est affiliée. Un vif débat avait alors éclaté, lié d’une part à l’autonomie problématique d’Ogero par rapport au ministère des Télécommunications, et d’autre part à la liberté de manœuvre que les services de renseignements des FSI ont manifestée, sur instruction du directeur général des FSI, le général Achraf Rifi, au détriment du ministre de l’Intérieur de l’époque Ziyad Baroud. Finalement, c’est l’armée qui était intervenue pour assurer la garde de l’étage, tandis que l’affaire était politiquement en veilleuse.

 Une note à Charbel ?
Quelques mois plus tard, l’actuel ministre des Télécoms accède à ce fameux deuxième étage sans heurts. M. Sehnaoui explique à L’Orient-Le Jour qu’il a adressé il y a deux semaines une lettre au ministre de la Défense Fayez Ghosn et une autre au ministre de l’Intérieur Marwan Charbel « leur demandant de rectifier la situation conformément aux lois en vigueur et d’organiser la passation de la garde entre l’armée et la section de protection des ambassades et des bâtiments publics, relevant des Forces de sécurité intérieure ». Selon le ministre, M. Charbel a répondu « favorablement et la passation a eu lieu samedi dernier ». C’est ce qui expliquerait donc le retrait des soldats de l’armée il y a près de trois jours des locaux en question et l’entrée du ministre des Télécoms. Une version confirmée par des sources proches du ministère de l’Intérieur... à un détail près : le ministre Sehnaoui n’aurait pas adressé de lettre au ministre Charbel. Ce dernier aurait, lors de la réunion du Conseil central de sécurité qu’il présidait il y a près de 15 jours, formulé l’ordre au général Rifi d’assigner une équipe de la sécurité des ambassades et des bâtiments publics pour prendre en charge la garde assurée provisoirement par l’armée. C’est d’ailleurs l’appareil de la sécurité des ambassades qui est compétent en la matière et non les services de renseignements des FSI, et le général Rifi se serait conformé à l’ordre ministériel, selon les mêmes sources. C’est ce qui pourrait expliquer que des sources proches des FSI, interrogées par L’OLJ sur l’entrée de M. Sehnaoui au deuxième étage, n’ont pas voulu donner de réponse, arguant que « ceci relève désormais du gouvernement ».
Des sources de l’armée ont elles aussi adopté une position similaire, en jetant la balle dans le camp des FSI. Les appareils sécuritaires semblent ainsi se laver les mains de l’affaire, faisant part indirectement d’une décision qui ne relève pas de leur compétence. Les différentes parties politiques interrogées par L’OLJ ont démenti toute décision ayant été prise au sein du gouvernement pour paver la voie à l’entrée de M. Sehnaoui au bâtiment. Ce dernier explique que son entrée sans entraves est due au fait que « la sécurité des ambassades (affiliée aux FSI) intervient de par la loi à la demande des différents ministères et pour leur compte, et que le deuxième étage de l’immeuble en question appartient au ministère des Télécoms sans l’ombre d’un doute, et de ce fait le ministère a repris possession de son bien sans encombre ».

 Compenser la « défaite » sur le dossier de l’électricité
Les sources du ministère de l’Intérieur confirment implicitement ces propos, mais amenuisent le rôle de M. Sehnaoui, qui chercherait plutôt à médiatiser une « reconquête » qui n’en est pas une, puisqu’il s’agirait d’une visite en terrain déjà acquis. M. Sehnaoui a en effet veillé, à l’instar de son prédécesseur, à être accompagné d’une équipe de journalistes (proches du 8 Mars) pour retransmettre l’envergure de ce qu’il estime être « une reprise en main des institutions usurpées de l’État ». Cette déclaration de victoire vise à compenser, selon le député du courant du Futur Ghazi Youssef, la « défaite » subie par le courant aouniste, il y a deux jours, au niveau du dossier de l’électricité. Ghazi Youssef a rappelé dans ce cadre qu’aucune décision gouvernementale n’existe portant sur l’appartenance des équipements en question au ministère des Télécoms. De plus, le procès intenté par l’ancien ministre Nahas contre Ogero dans ce cadre est toujours en cours devant les tribunaux de justice, confie-t-il à L’OLJ, en insinuant que l’acte de M. Sehnaoui ne sera pas sans répercussions – du moins au plan judiciaire.
Par ailleurs, entre les lignes des déclarations fortement médiatisées de M. Sehnaoui, une contradiction transparaît. Le ministre place en effet son entrée dans le bâtiment sous le slogan d’une « reprise par la force de ce qui est dû au ministère ». Mais dans ses réponses à L’OLJ, il explique que « la clé électronique (de la salle d’équipements) ayant été déclarée perdue, nous avons demandé à la société en charge de la fourniture et de la maintenance de ce type d’équipements, pour le compte du ministère, de désactiver la serrure électronique et de reprogrammer de nouvelles clés ».
En tout état de cause, l’approche de M. Sehnaoui semble loin de « la force » manifestée par son prédécesseur. En effet, selon des sources informées, le heurt qui avait accompagné la tentative d’entrée de l’ancien ministre Nahas à la salle d’équipements était dû à la volonté de ce dernier de « démanteler le réseau » sous prétexte qu’il sert à l’écoute orchestrée par les services de renseignements des FSI. Or les préoccupations de M. Sehnaoui concernant le matériel en question paraissent étroitement techniques. Ainsi, dans un entretien accordé au site al-Nashra hier, il affirme que son acte constitue « une grande victoire », tout en promettant d’entrer éventuellement dans la salle abritant le troisième réseau de téléphonie mobile, pouvant desservir 50 000 lignes, mais qui n’a pas été mis en fonction. « L’usage qui en sera fait sera tout simplement celui que le ministère des Télécoms jugera le plus approprié pour servir les intérêts des citoyens libanais », ajoute-t-il à L’OLJ, avant de confier que le matériel « fera l’objet d’un examen technique approfondi de la part d’un comité technique désigné par le ministère à cette fin ».
Un détail accorde à cet acte, de prime abord anodin, la dimension d’une « grande victoire » revendiquée par M. Sehnaoui : le deuxième étage en question avait fait l’objet d’une vive polémique opposant, en mai dernier, l’ancien ministre Nahas, du même courant (aouniste) que son successeur, au directeur général d’Ogero, Abdel Menhem Youssef, proche du courant du Futur....
commentaires (2)

Le troisième réseau de téléphonie mobile reste un scénario assez flou qui nous rappelle l’ère du président Frangieh qui voulait se venger à l’époque du deuxième bureau chéhabiste en intervenant et de la même façon et par plusieurs ministres dans ses bureaux détruisant aussi les matériels .A suivre... Nazira.A.Sabbagha

Sabbagha A.Nazira

05 h 03, le 24 septembre 2011

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Commentaires (2)

  • Le troisième réseau de téléphonie mobile reste un scénario assez flou qui nous rappelle l’ère du président Frangieh qui voulait se venger à l’époque du deuxième bureau chéhabiste en intervenant et de la même façon et par plusieurs ministres dans ses bureaux détruisant aussi les matériels .A suivre... Nazira.A.Sabbagha

    Sabbagha A.Nazira

    05 h 03, le 24 septembre 2011

  • - - Inutile de tourner et de retourner la situation , et d'essayer de minimiser la victoire du courageux et brillant ministre Nicolas Sehnaoui ! Deux victoires pour un seul ministre en moins d'une semaine ! Le cadeau d'Inernet au Libanais , suivi d'un autre , avec la récupération des locaux et du matériel de télécoms propriété de l'état , usurpés jusqu'alors par un parti , par la force politique et militaire qui a disparu avec ses , ou son commanditaire . Les Victoires s'entassent une après l'autre après l'éclatante et très brillante Victoire électrique , qui illumine le ciel du pays pour une très grande et écrasante majorité , et qui ébloui une très petite minorité qui se frotte les yeux qui les piquent , à force de compter les points marqués par leur bête noire et homme fort du pays , et ce n'est pas fini croyez moi , et là , vous êtes obligé de me croire ..

    JABBOUR André

    00 h 50, le 24 septembre 2011

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