Une hirondelle a fait le printemps*

Elles sont drôles les saisons. Elles ignorent que l’homme leur attribue mille qualificatifs et désignations. Elles ne font que passer. Désormais similaires et imbriquées l’une dans l’autre à cause du changement climatique, elles demeurent dissemblables avec des traits qui les caractérisent particulièrement. Chaque saison reflète une activité ou une manifestation artistique quelconque. Telle est la saison de la danse, du théâtre ou des films. Tout comme dans les défilés de haute couture, chaque saison en annonce une autre. Il en est de même au cinéma. Les festivals se succèdent et chacun s’est approprié une saison, un mois. Et si au Moyen-Orient, le printemps est devenu synonyme de révolution et de jeunesse, l’automne pourtant désigne le début des festivals à Doha, Abou Dhabi, Dubaï, Le Caire... Ils se succèdent en amenant avec eux leurs lots de talents. Et de rêves.
Dans ce paysage politico-social brumeux, les cinéastes tout comme les oiseaux font leurs nids. Qui ne sont que la somme des branchages accumulés au fil du temps. Imprégnés par tout ce qui les entoure, ces artistes sont à la fois les buvards et les tampons qui les séparent du monde extérieur.
Dans notre paysage libanais rempli souvent de « nuits et brouillards », une hirondelle a annoncé un printemps chargé d’émotion, bien que l’été approche à sa fin. Une cinéaste qui, il y a quelques années, a ébloui le pays du Cèdre avec son caramel bien fondant, et qui revient avec une fable plus touchante, plus profonde, plus actuelle.
Cette hirondelle bien particulière n’a jamais déserté les grands froids et migré vers des pays plus chauds. Elle attend encore que la chaleur s’installe enfin dans ce pays qu’elle a connu et aimé. Tout comme tous les autres, elle aussi rêve de jours meilleurs...

*Film de Christian Carion avec Michel Serrault et Mathilde Seigner.