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À La Une - Conflit

Flotille : Israël juge "graves" les avertissements d’Erdogan

Netanyahu aurait torpillé un compromis sur des excuses à la Turquie, selon le quotidien Yediot Aharonot.

Israël juge avec gravité la menace turque de faire accompagner d'éventuels bateaux d'aide à Gaza par la marine de guerre. Jack Guez/AFP, Umit Bektas/Reuters.

Israël juge avec gravité la menace du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan de faire accompagner par la marine de guerre turque d'éventuels bateaux d'aide à Gaza, mais garde pour l'heure profil bas, doutant de sa mise en œuvre. "Ces déclarations sont graves et difficiles mais nous ne voulons pas alimenter la polémique", a déclaré vendredi le ministre israélien en charge du Renseignement Dan Meridor à la radio militaire israélienne. Il a cependant estimé que c'est la "Turquie qui violerait le droit international" si elle tentait de briser par la force le blocus maritime israélien de la bande de Gaza étant donné qu'une commission de l'ONU a reconnu que ce blocus constituait une "mesure de sécurité légitime".

"Les navires de guerre turcs seront chargés de protéger les bateaux turcs acheminant des aides humanitaires vers la bande de Gaza", contrôlée par le Hamas et sous blocus israélien, avait déclaré jeudi M. Erdogan, cité par la chaîne de télévision Al-Jazira. "Désormais, nous ne permettrons plus que ces bateaux soient la cible d'attaques de la part d'Israël comme cela a été le cas avec la +flottille de la Liberté+, car Israël fera alors face à une riposte appropriée", a ajouté M. Erdogan, en référence au raid israélien sur un navire turc en route vers Gaza, qui a coûté la vie à neuf Turcs le 31 mai 2010. "La Turquie sera ferme sur son droit à contrôler les eaux territoriales dans l'est de la Méditerranée" et "a entrepris des mesures pour empêcher Israël d'exploiter unilatéralement les ressources naturelles" de cette région, a-t-il mis en garde, en allusion aux réserves de gaz naturel.

Pour l'ancien directeur israélien du ministère des Affaires étrangères, Alon Liel "cet avertissement doit être bien plus pris au sérieux qu'un hypothétique soutien turc à une flottille vers Gaza, compte tenu des intérêts turcs dans la région". "Mais une telle action entraînerait des complications entre la Turquie d'une part, Chypre et la Grèce de l'autre", a-t-il estimé. Un haut responsable israélien parlant à l'AFP sous couvert de l'anonymat a affirmé pour sa part qu'une telle mesure de la part de la Turquie constituerait une "provocation très grave". "Il est très difficile d'imaginer que la Turquie irait jusqu'à engager une telle action, compte tenu de ses engagements envers l'OTAN", a-t-il néanmoins ajouté.

Selon le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot, le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a envisagé toute une série de mesures de rétorsion, lors d'une réunion spéciale du ministère jeudi. Israël mettrait en garde ses ressortissants ayant effectué leur service militaire contre toute visite en Turquie de crainte de poursuites, appuierait "une reconnaissance par le Sénat américain du génocide arménien", soutiendrait la rébellion kurde et lancerait une offensive diplomatique contre la Turquie, selon le journal. Mais un haut fonctionnaire du ministère a affirmé à l'AFP "qu'il ne s'agit à ce stade que d'idées en l'air" qui traduisent surtout "l'exaspération du chef de la diplomatie" qui observe une réserve inhabituelle contrastant avec ses déclarations fracassantes par le passé.

Les relations entre la Turquie avec Israël, excellentes dans les années 1990, se sont encore dégradées après la publication le 1er septembre d'un rapport d'enquête commandité par l'ONU sur le raid de 2010. Ce rapport conclut que l'armée israélienne a eu recours à une force "excessive et déraisonnable" mais juge légal le blocus naval israélien de la bande de Gaza. La Turquie a décidé début septembre d'expulser l'ambassadeur d'Israël à Ankara et de geler les relations militaires, jadis florissantes, pour protester contre le refus d'Israël de présenter des excuses pour le raid meurtrier.

Par ailleurs, selon le Yediot Aharonot, Benjamin Netanyahu aurait torpillé un compromis sur les excuses qu'Israël aurait présentées à la Turquie pour sauvegarder les relations entre les deux pays. Aux termes de cet accord, Israël se serait excusé pour des "erreurs opérationnelles" lors de l'assaut meurtrier du bateau turc Mavi Marmara, mais pas pour l'avoir lancé, selon le journal. La Turquie, selon le journal, se serait satisfaite de cette formule, assortie d'une promesse d'indemnisation des familles des neuf Turcs tués, en contrepartie de sa renonciation à toute poursuite légale contre des militaires israéliens ayant participé à l'opération. Mais le Premier ministre israélien a finalement refusé d'entériner le projet pourtant soutenu par des hauts responsables du ministère de la Défense, écrit le journaliste vedette du Yediot, Nahum Barnéa. M. Netanyahu était soutenu par les ministres des Affaires stratégiques Moshe Yaalon et des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, deux faucons notoires, précise-t-il. M. Yaalon, cité par le journal, a estimé que le Premier ministre turc Erdogan n'était pas sincèrement désireux de parvenir à une formule de compromis et cherchait un "prétexte pour alimenter sa campagne anti-israélienne".

Israël juge avec gravité la menace du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan de faire accompagner par la marine de guerre turque d'éventuels bateaux d'aide à Gaza, mais garde pour l'heure profil bas, doutant de sa mise en œuvre. "Ces déclarations sont graves et difficiles mais nous ne voulons pas alimenter la polémique", a déclaré vendredi le ministre israélien en charge du...
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