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La guerre contre le terrorisme

Hambourg, d'où venaient des kamikazes du 11 septembre, toujours sur le qui-vive

Photo d'une vidéo de surveillance datée du 11 septembre, montrant les deux kamikazes, Mohammad Atta (droite) et Abdel Aziz Al-Omari (milieu) qui passent par les services de sécurité à l'aéroport de Portland, aux Etats-Unis. Photo du Département de police de Portland./

Toujours choquée d'avoir été le port d'attache des principaux kamikazes du 11 septembre, Hambourg reste vigilante face aux terroristes islamistes, dont elle s'était crue exempte.

"Ces événements ont représenté une véritable césure dans notre prise de conscience du danger", reconnaît rétrospectivement Manfred Murck, chef des renseignements intérieurs à Hambourg (nord). Auparavant, personne n'imaginait que des musulmans extrémistes pouvaient planifier des attentats en Allemagne, qui n'en avait jamais été victime, contrairement à la France en 1995. En quelques jours, les priorités de la police ont profondément changé, se rappelle M. Murck dans un entretien avec l'AFP.

Outre le coordinateur des détournements, Mohammed Atta, aux commandes du premier avion qui s'est écrasé contre le World Trade Center, deux autres pilotes et des personnes chargées de la logistique avaient vécu paisiblement -en apparence- plusieurs années dans la riche cité bourgeoise, ouverte sur le monde avec ses bateaux chargés de marchandises venus de partout. Situé dans un immeuble discret d'une petite rue tranquille d'une banlieue populaire, l'appartement de l'étudiant Atta, né en Egypte, leur servait de lieu d'habitation et de rendez-vous. Dix ans après, rien ne rappelle leur présence dans ce quartier, où se côtoient femmes voilées ou portant le niqab et Allemands de toutes générations.

C'est aussi à Hambourg en février 2003 que fut prononcée la première condamnation après les attentats du 11 septembre, contre le Marocain Mounir El Motassadeq : quinze ans de prison ferme pour complicité de meurtres.

 

Pour les musulmans de la ville, ces attentats "furent un réveil désagréable, la poussant à ouvrir l’œil", se souvient Ahmet Yazici, coprésident de la Fédération des communautés musulmanes du nord de l'Allemagne (BIG). Mais il s'estime relativement impuissant : "nous pouvons essayer de convaincre le plus de jeunes gens possibles à pratiquer la vraie religion avec des valeurs éthiques et morales (...) mais on n'atteint pas par un travail pastoral normal des gens intelligents qui sont sur la mauvaise voie".

 

A l'été 2010, la mosquée Taiba, haut-lieu de djihadistes, où priaient Mohammed Atta et ses complices, a été fermée par la police hambourgeoise. Ses locaux, installés dans un immeuble de briques peintes en gris, au-dessus d'un restaurant vietnamien et d'une salle de culturisme, sont désormais occupés par des bureaux.

Une fermeture qui laisse sceptique M. Yazici : "C'est bien de supprimer un lieu de rencontre des extrémistes, mais comment voulez-vous les observer maintenant ?" "Ils ne disparaissent pas. J'aurais préféré qu'on les juge. Ils sont venus dans d'autres communautés. Un vrai problème qui était du ressort des forces de l'ordre", ajoute-t-il.

Les islamistes d'Hambourg, environ 2.000 selon des estimations policières, ne sont pas plus dangereux qu'ailleurs. "Ils auraient pu venir de n'importe quelle autre métropole", estime M. Murck. Néanmoins, Hambourg "restera toujours liée aux attentats et c'est une obligation d'être vigilant".

De fait, l'Allemagne est désormais considérée comme cible potentielle des terroristes. "Il y a une menace réelle", déclarait récemment le président de la police fédérale criminelle (BKA), Jörg Ziercke.


 

Toujours choquée d'avoir été le port d'attache des principaux kamikazes du 11 septembre, Hambourg reste vigilante face aux terroristes islamistes, dont elle s'était crue exempte.
"Ces événements ont représenté une véritable césure dans notre prise de conscience du danger", reconnaît rétrospectivement Manfred Murck, chef des renseignements intérieurs à Hambourg (nord). Auparavant,...