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La guerre contre le terrorisme

L'Irak toujours à la peine, dix ans après

Un soldat américain sur la scène d'un attentat à la voiture piégée au nord de Bagdad, le 8 décembre 2008. Ahmad al-Rubaye/

Lancée après les attentats du 11 septembre, l’invasion de l’Irak en 2003 devait libérer le pays d’un dictateur et lui ouvrir un avenir meilleur : huit ans plus tard, malgré la manne pétrolière, violences, querelles politiques et corruption endémique minent toujours sa reconstruction.

Depuis le renversement de Saddam Hussein par la coalition internationale, le pays a vécu deux élections législatives jugées démocratiquement satisfaisantes et la production pétrolière est repartie, assurant une rente appréciable.

Mais les violences, malgré un recul depuis quatre ans, ont fait plus de 100.000 morts au total. Et la classe politique, dans un contexte marqué par le confessionnalisme, ne cesse de se déchirer pour la répartition des postes ministériels et le maintien ou non des troupes américaines.

"C'est une histoire à deux facettes : concernant la politique, c'est la stagnation. Concernant l'économie, grâce au pétrole, l'avenir s'annonce plutôt prometteur", analyse Ali al-Saffar, expert à l'institut Economist Intelligence Unit à Londres.

 

Invoquée par le président américain George W. Bush pour justifier l'invasion de l'Irak, 18 mois après les attentats de New York, la présence d'armes de destruction massives s'est vite avérée fantaisiste. Et la guerre y a paradoxalement favorisé l'implantation d'el-Qaëda, de l'aveu même d'officiers.

Les violences ont nettement diminué, après avoir culminé en 2006 et 2007, mais restent un défi majeur, même si l'influence d'el-Qaëda semble avoir faibli. Entre 2005 et 2007, "el-Qaëda représentait une menace fondamentale pour l'Etat", reconnaît le général Jeffrey Buchanan, porte-parole des forces américaines en Irak, interrogé par l'AFP. "Ils sont toujours présents. Mais ils ne représentent plus la menace existentielle d'auparavant".

Quatre mois avant le retrait prévu des troupes américaines fin 2011, les forces de sécurité irakiennes ont gagné en effectifs et en compétences. Mais elles ne sont toujours pas à même d'assurer la sécurité de l'espace aérien ni des frontières terrestres et maritimes du pays.

Le 3 août, les dirigeants irakiens ont annoncé qu'ils acceptaient de négocier avec Washington le maintien d'un contingent limité de formateurs américains après 2011, une décision impopulaire mais dictée par la nécessité. Selon l'armée américaine, une des principales menaces provient aujourd'hui de groupes chiites armés par l'Iran.

 

L'apaisement relatif sur le plan sécuritaire a cependant ouvert les vannes de l'investissement privé, avec 86 milliards de dollars prévus pour la période 2010-2014 pour la construction de logements et d'infrastructures, selon la Commission nationale d'investissement. Toutefois, "la corruption demeure un frein majeur à l'investissement, la croissance et la création d'emplois", relève l'ONU. L'Irak est le 4e pays le plus corrompu au monde, selon l'ONG Transparency International.

 

Autre défi: la gestion des riches gisements pétroliers de la région de Kirkouk (nord), revendiquée par la province autonome du Kurdistan, un dossier considéré par Washington et des responsables irakiens comme une des plus graves menaces à long terme pour la stabilité du pays. L'Irak dispose, selon des estimations, des 4e réserves mondiales de pétrole. La production a redémarré, atteignant 2,7 millions de barils par jour (mbj) et assurant la majeure partie des revenus du pays. Bagdad croit possible de porter sa production à 12,5 mbj en 2017, un objectif dont doute le Fonds monétaire international (FMI).

Pour Ali al-Saffar, la perspective d'un tardif décollage économique ne fait pas oublier les espoirs déçus de 2003. A la chute de Saddam, "il y avait un optimisme général", note-t-il. "On ne savait pas qu'il y aurait les attentats d'el-Qaëda, une guerre religieuse, et que les politiciens, qui semblaient si proches dans l'opposition, se déchireraient ainsi".

 

 

Lancée après les attentats du 11 septembre, l’invasion de l’Irak en 2003 devait libérer le pays d’un dictateur et lui ouvrir un avenir meilleur : huit ans plus tard, malgré la manne pétrolière, violences, querelles politiques et corruption endémique minent toujours sa reconstruction.
Depuis le renversement de Saddam Hussein par la coalition internationale, le pays a vécu deux...