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À La Une - Libye

Syrte, bastion de Kadhafi, bombardé

Quelque 80 cadavres découverts dans un hôpital de Tripoli. Des patients morts faute de soins.

Un combattant rebelle dans un couloir du complexe de Bab al-Aziziya, à Tripoli. Zohra Bensemra/

Des avions britanniques ont bombardé un QG de Mouammar Kadhafi à Syrte, sa région d'origine, la capture de l'ex-homme fort libyen restant vendredi l'objectif majeur des rebelles. Si dans Tripoli, la chasse à Mouammar Kadhafi et ses fils galvanise les troupes, les rebelles soupçonnent aussi le leader d'avoir trouvé refuge à Syrte où de nombreuses tribus lui sont fidèles.

"Aux alentours de minuit (heure de Londres), une formation de Tornado venant de la base britannique de Marham dans le Norfolk (est de l'Angleterre) a tiré des missiles guidés de précision Storm Shadow contre un important bunker-quartier général dans la ville natale de Kadhafi à Syrte", a indiqué, aujourd’hui, le ministère britannique de la Défense dans un communiqué. L'Otan, dans son communiqué quotidien, indique avoir visé jeudi dans la région de Syrte 29 véhicules blindés et un centre de commandement et de contrôle. Syrte, à 360 km à l'est de Tripoli, compte environ 120 000 habitants, et c'est aux alentours de ce grand port commercial et de pêche, qu'est né en juin 1942 Mouammar Kadhafi.

Dans l'Ouest, la dernière grande bataille qui s'annonce est celle de Zouara, où il s'agit de briser l'encerclement par les loyalistes de la ville située sur la route stratégique reliant Tripoli à la Tunisie. Pour l'heure, Zouara reste à portée des roquettes et obus de mortier des hommes du régime positionnés à l'ouest à Zelten (à 30 km), au sud-ouest à Ragdaline (à 15 km), au sud à Al-Jamil (à 10 km) et au sud-est à Al-Ajilat (à 25 km) d'où ils ont bombardé la ville à plusieurs reprises. La route côtière en direction de Sobratah n'est de son côté toujours pas sécurisée.

Dans l'extrême sud-saharien, les rebelles libyens ont annoncé avoir pris le contrôle de la localité d'Al-Wyg, "stratégique, notamment car elle abrite une piste d'atterrissage", selon une source rebelle.

 

En ce qui concerne Tripoli, la situation, à la mi-journée, était très calme et aucun bruit de tir n'était entendu, selon un journaliste de l'AFP. Les rebelles étaient entrés à Tripoli samedi dernier. Dans le sud de la ville, à l'entrée du quartier d'Abou Salim, conquis par les rebelles jeudi à l'issue de 48 heures de combats acharnés, les insurgés arrachaient les drapeaux du régime pour les remplacer par le drapeau aux couleurs de la rébellion.

Abou Salim théâtre, aussi, d'une découverte particulièrement macabre. Les cadavres de quelque 80 personnes mortes apparemment faute de soins, ont en effet été découverts vendredi dans un hôpital de ce quartier, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les corps pourrissaient dans cet établissement situé dans un quartier resté entre samedi et jeudi aux mains des forces pro-kadhafi. Des snipers loyalistes ont tenu à distance toute personne tentant de s'approcher, blessés et personnel soignant, ont indiqué des médecins. Au fil des jours, les patients sont morts, les uns après les autres, faute de soins, selon les mêmes sources.

Vendredi matin, une équipe de la Croix-Rouge a évacué les 17 derniers patients vivants, dont un enfant, vers d'autres cliniques de la capitale libyenne, tandis que l'hôpital était désormais abandonné. Ces patients attendaient depuis des jours dans l'hôpital dans une forte odeur de cadavres décomposés. Les couloirs vides étaient constellés de sang, tandis que la morgue débordait littéralement de corps, dont des dizaines se trouvaient aussi dans des chambres.

Faute de place, une vingtaine d'autres cadavres pourrissaient sur la pelouse devant le vaste bâtiment. Un corps gisait sur un brancard devant l'entrée des urgences, où la Croix-Rouge a pris en charge les malades et blessés.

 

Couronnement politique de plus de six mois de combats acharnés, les rebelles ont annoncé jeudi soir l'installation de leur gouvernement à Tripoli. Le "gouvernement" des rebelles, le "comité exécutif" du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion, jusque là installé à Benghazi (est), a été transféré à Tripoli, a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi Ali Tahouni, son vice-président. M. Tahouni a indiqué que le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, arriverait dans la capitale dès que la situation sur le plan de la sécurité le permettrait. M. Tahouni a aussi promis que les rebelles allaient mettre la main sur Mouammar Kadhafi qui a dirigé le pays d'une main de fer pendant 42 ans. "Nous sommes libres. Nous pouvons circuler dans nos villes. C'est lui qui est dans les égouts, se déplaçant d'égout en égout (...) Nous allons l'attraper et une fois que nous l'aurons nous vous dirons comment" nous l'avons eu, a-t-il ajouté en écho aux propos de Mouammar Kadhafi qui qualifie régulièrement les rebelles de "rats" depuis le début de l'insurrection.

Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a, de son côté, indiqué que la France allait rouvrir "rapidement" son ambassade à Tripoli.

 

Outre la découverte du leader honni, qui se manifeste régulièrement via des messages audio -le dernier remontant à jeudi-, les rebelles sont également à la recherche d'aides financières. Mahmoud Jibril, le chef du "bureau exécutif" du CNT, a indiqué vendredi à Istanbul que la survie de la nouvelle administration libyenne dépendait du déblocage des avoirs libyens gelés. "Il y aura d'importantes attentes de la nouvelle administration qui sera mise sur pied après la chute du régime (...) et pour son succès le déblocage des fonds gelés est essentiel", a-t-il dit.

Ces déclarations interviennent au lendemain de la décision du Conseil de sécurité de l'ONU de débloquer 1,5 milliard de dollars d'avoirs libyens gelés pour financer une aide d'urgence à la reconstruction du pays.

Soulignant que la "phase militaire est en train de se conclure en Libye", le président de la commission de l'Union africaine Jean Ping a souhaité que l'UA favorise "une transition inclusive et consensuelle".

Amnesty International a, pour sa part, appelé à l'arrêt des tortures et mauvais traitements en Libye, pratiqués selon les témoignages recueillis sur le terrain tant du côté des rebelles que parmi les forces loyales au régime du dirigeant en fuite Mouammar Kadhafi.

 

 

Des avions britanniques ont bombardé un QG de Mouammar Kadhafi à Syrte, sa région d'origine, la capture de l'ex-homme fort libyen restant vendredi l'objectif majeur des rebelles. Si dans Tripoli, la chasse à Mouammar Kadhafi et ses fils galvanise les troupes, les rebelles soupçonnent aussi le leader d'avoir trouvé refuge à Syrte où de nombreuses tribus lui sont fidèles.
"Aux alentours de...
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