Nous avons recueilli le témoignage d’une des personnes qui est propriétaire d’un lotissement de terres dans la région, et qui préfère garder l’anonymat. « Il y a quelques mois, nous avons appris qu’il y avait une tentative de corruption de fonctionnaires libanais de la part d’une société américaine, Technologie Liban, propriétaire d’un terrain dans la localité de Hadeth. Technologie Liban souhaitait, soi-disant, vendre la propriété lui appartenant – 8 353 mètres carrés – à des chiites et aurait demandé à des fonctionnaires de changer le zoning de la région, le transformant de zone industrielle en zone résidentielle pour faire hausser les prix du terrain. Aussitôt alertés par la nouvelle, les dirigeants d’Otis Liban, qui possèdent d’importants lotissements dans la région, sont intervenus. Après avoir mené des investigations pointues, ils se sont assurés du fait que les responsables de la société américaine n’étaient pas impliqués dans ce scandale, conformément à leur code d’éthique professionnel, qu’ils ont toujours considéré comme une règle d’or. Les dirigeants d’Otis Liban ont poursuivi leurs investigations, et il s’est avéré finalement que ceux qui tentaient de vendre le terrain en exigeant un changement du zoning étaient des intermédiaires libanais, qui agissaient pour servir leurs propres intérêts. »
Des membres de la municipalité de Hadeth, qui requièrent l’anonymat, assurent à LOrient-Le Jour que la municipalité a accepté de changer le zoning de la région en contrepartie de récompense financière. « Lorsque la municipalité a lancé une campagne d’affichage portant le slogan pour que Hadeth reste à ses habitants, ne vends pas ta maison, ne vends pas ton terrain, la municipalité ne va pas signer », nous avons appuyé les yeux fermés cette mesure. « Mais, actuellement, nous sommes en droit de nous demander pourquoi ce slogan n’est pas appliqué, s’indigne l’un de nos interlocuteurs. La municipalité a accepté que certaines zones changent d’identité et cela est très dangereux, affirme-t-il, d’autant qu’entre chiites déterminés à se frayer un passage en plein Hadeth et des magouilleurs prêts à vendre leur âme au diable pour se faire quelques sous, la situation devient franchement dangereuse. »
« Nous avons adressé au président de la municipalité une lettre dans laquelle nous lui demandons ce qui suit, raconte l’un de nos interlocuteurs : n’est-il pas préférable de ne pas changer le zoning pour éviter les changements démographiques dans la région ? Pourquoi vouloir servir les intérêts des propriétaires de ces terrains et faire fi de ceux des habitants de Hadeth ? » Nous avons reçu des justifications qui ne nous ont pas semblé convaincantes.
Le président de la municipalité Georges Aoun rejette catégoriquement ces accusations, affirmant que « certains propriétaires dans la région ont demandé que le zoning soit changé et qu’il était donc du devoir de la municipalité d’étudier cette demande sous tous ses volets, quitte à rejeter le projet s’il ne s’avère pas convaincant ». « En aucun cas nous n’avons donné suite à cette demande pour des raisons financières, et les habitants de Hadeth le savent, dit-il. Nous avons promis aux habitants de cette localité de respecter nos constantes et nos valeurs et nous ne changerons pas d’attitude. »
Selon les témoignages que nous avons reçus, les investisseurs chiites appuyés par le Hezbollah tentent par tous les moyens de s’infiltrer dans la localité de Hadeth, qui constitue un point extrêmement stratégique dans leur plan de « grignotage » de la région. C’est pourquoi toute tentative de modification du zoning, toute tentative d’achats sous de prête-noms, est pointée du doigt. Actuellement, toujours selon les témoignages que nous avons recueillis, il semble que le changement de zoning dans cette région ne va plus se faire, en raison du tapage qui a été fait autour de cette question.