Entériné mardi en Conseil des ministres, ce projet, visant notamment à réduire de quelque 80 % les prix appliqués aux services Internet, devrait permettre de booster la productivité des particuliers et des entreprises, voire, à terme, d’attirer des compagnies étrangères, découragées jusque-là par des prix exorbitants et une infrastructure brinquebalante.
« Il s’agit d’un pas important sur la voie de la réforme de ce secteur (...) », souligne d’emblée le ministre des Télécoms, Nicolas Sehnaoui, au cours d’un entretien avec L’Orient-Le Jour. « Cette baisse concernera les ventes en gros (destinées aux Data Service Providers – DSP) ainsi que les ventes en détail (destinées aux Internet Service Providers – ISP), et s’appliquera aussi bien aux offres du ministère qu’à celles des prestataires privés, explique-il à cet égard.
Concrètement, le prix de 1 mégabit/seconde passera de 115 000 à 24 000 livres, ce qui représente une chute de 79 % », précise le ministre, ajoutant toutefois que la comparaison avec les anciennes offres est difficile à effectuer en raison du changement des formules ou packages offerts sur le marché. « Il n’existera plus d’offres comportant les vitesses de connexion de 128, 250 ou 512 kb/s (...) Le seuil minimal s’élèvera à 1 mégabit/s tandis que la vitesse optimale atteindra désormais 8 mégabit/s », ajoute-il.
Le consommateur pourra ainsi profiter d’une vitesse de connexion supérieure à un prix inférieur en payant, à titre indicatif, 24 000 livres pour une vitesse de 1 mb/s contre 35 000 livres pour 128 kb/s actuellement. « Dans ce cas, la vitesse est multipliée par huit, tandis que le prix est en baisse de 33 % en valeur absolue. » Mais il ne s’agit pas uniquement de vitesse de connexion ; dans certains cas, la capacité de consommation sera multipliée par deux (2 à 4 gigabytes), ajoute le ministre.
Le Liban dispose désormais d’une capacité globale de 330 gigabits/seconde
Cette baisse des tarifs, accompagnée d’une amélioration de la vitesse de connexion, risque toutefois de créer une congestion au niveau du réseau, qui souffrait déjà de nombreux problèmes à ce niveau en raison d’une infrastructure caduque. Une hypothèse catégoriquement réfutée par le ministre selon lequel « le Liban dispose désormais d’une capacité théorique de 330 gigabits /seconde, amplement suffisante pour mettre à exécution ce plan (...) D’ailleurs, nous n’avons exploité que 10 gb/s des 120 gb/s réservés au Liban par le biais du câble Imewe », indique-t-il à ce sujet.
Rappelons qu’en 2007, le pays du Cèdre s’est lancé – avec neuf autres pays – dans le projet de construction du câble sous-marin Imewe – l’un des plus importants au monde – qui relie l’Inde à l’Europe en passant par le Liban. Inauguré fin 2010, ce projet, d’un coût total d’environ un demi-milliard de dollars, a permis au Liban, qui y a investi à hauteur de quelque 50 millions de dollars, d’élargir sa capacité de bande passante jusqu’à 120 gb/s, contre moins de 3 gb/s actuellement. Le pays du Cèdre profite, en parallèle, d’un autre câble sous-marin le reliant à Chypre – baptisé Cadmos – qui lui assure une capacité théorique de 210 gb/s.
Le Liban a été épinglé au cours des dernières années par plus d’un rapport international sur la situation précaire de son secteur Internet. Dans son dernier rapport, l’Union internationale des télécommunications (UIT) a classé le pays à la 100e place à l’échelle mondiale et 10e parmi 17 pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), en termes de taux de pénétration de l’Internet haut débit (Broadband).