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À La Une - Profession créative

Quand le dessin s’anime...

Une aptitude innée pour le dessin, relevée d’un sens aigu de l’observation et d’une sensibilité au comique de situation, a naturellement mené Bahij Jaroudi vers l’animation numérique et l’illustration.

Bahij Jaroudi à son poste de travail. (Michel Sayegh)

Tout en rondeurs, bouille sympathique, attitude cool en polo, bermuda et sandales, Bahij Jaroudi ressemble un peu aux malicieux personnages qu’il crayonne sur sa tablette graphique. Des créatures de films d’animation que ce jeune dessinateur de moins de trente ans conçoit pour les amusants «breaks» entre deux émissions de la chaîne de télévision où il travaille.
Assis devant son écran dans le département d’animation de la Future TV, le jeune homme ne se contente donc pas de dessiner en quelques coups de crayon rapides des personnages caricaturaux ou des mascottes. Il en décompose les mouvements, leur donne une gestuelle précise, des expressions, un rythme qu’il accorde avec la bande-son et le story-board de la courte histoire – entre 1 et 3 minutes – qu’il va leur donner à vivre.
Bref, il anime son dessin. Ce qui, en termes professionnels, signifie qu’il fait œuvre d’illustrateur-réalisateur numérique.
Une profession créative à laquelle ce «passionné de dessin et de musique» semble avoir été prédestiné. Et à laquelle il est pourtant venu un peu par hasard.
À l’origine, il voulait être artiste et faire les beaux-arts. Ses parents ayant préféré qu’il choisisse une profession plus stable, il s’est dirigé vers le graphic-design à la LAU, «sans grand enthousiasme», dit-il. Jusqu’au jour où, dans un cours pris à la fin de son cursus, il découvre sa voie: l’animation. «J’ai tout de suite été attiré par ce mélange de dessin et de rythmes», dit-il. Alors, lorsque en 2003, décelant son talent, son professeur, Jade Khoury, chef du département d’animation de la Future TV, lui propose de rejoindre son équipe, Bahij n’hésite pas. Il ira même jusqu’à décrocher un master en animation à la Kingstone University de Londres.
Car s’il faut avoir un dessin fluide et rapide pour créer des personnages d’animation, condition sine qua non, plusieurs autres compétences et techniques sont également requises pour exercer ce métier. Avec, en tête de liste: le sens de l’observation, celui du rythme, une bonne connaissance anatomique, un talent de conteur et une certaine finesse psychologique pour savoir accorder les expressions faciales des personnages avec les situations dans lesquelles on les place.

12 dessins par seconde
Et puis, certainement, de la patience. «Car chaque minute d’animation requiert, en moyenne, un mois de travail», assure le jeune homme. Précisant que derrière un film ou un spot, il y a toujours une somme énorme de documentation (beaucoup de visionnages de films muets, entre autres) ainsi qu’un minimum de 12 dessins par seconde pour représenter chaque phase du mouvement.
Si ce n’est pas lui qui s’occupe du montage visuel et sonore, Bahij Jaroudi n’en maîtrise pas moins toutes les étapes de la création des films d’animation. D’ailleurs, il fait régulièrement des films personnels qu’il poste sur son blog* dans lesquels il exprime sa fantaisie joyeuse et parfois surréaliste. Dans Isabelle par exemple, ce grand amateur de musique, guitariste à ses heures perdues, s’est inspiré d’une chanson homonyme d’Aznavour, alors que dans The Facts & the Cases of Mr. Valdemar il a traduit en animation une nouvelle fantastique d’Edgar Allan Poe. Ces courts-métrages d’animation – qui ont participé à plusieurs festivals du genre en Italie, Russie, Grande-Bretagne et au Liban (Beirut Animated) – montrent bien que, contrairement à l’idée reçue, ce genre de film n’est pas essentiellement comique et à destination des enfants, il peut parfaitement traiter de sujets pour adultes: dramatiques, émouvants, littéraires, artistiques... Exactement comme en illustration, l’autre job de Bahij. Lequel collabore avec plusieurs maisons d’édition pour jeunes au Liban (Samir Publishers, Asala, Yuki Press) et récemment en Angleterre (Cbeebies). Un domaine qui lui apporte la satisfaction d’exercer un autre genre de dessin, «plus lent, plus détaillé, plus permanent» et dans lequel il met la même passion de l’image... éloquente. Un jeune talent à suivre!

* www.bahijj.blogspot.com
Tout en rondeurs, bouille sympathique, attitude cool en polo, bermuda et sandales, Bahij Jaroudi ressemble un peu aux malicieux personnages qu’il crayonne sur sa tablette graphique. Des créatures de films d’animation que ce jeune dessinateur de moins de trente ans conçoit pour les amusants «breaks» entre deux émissions de la chaîne de télévision où il travaille. Assis devant son...

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