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Couverture spéciale de la révolte en Tunisie - Emploi

Regueb, Sidi Bouzid : les jeunes Tunisiens entre chômage et espoirs déçus

« À Regueb, on dit que la terre est bonne et l’eau est douce. Possible. En attendant, nous sommes au chômage », s’esclaffe une jeune habitante de cette ville du gouvernorat de Sidi Bouzid, la région centrale de Tunisie érigée en symbole de la révolution.
Mouna Abidi a 28 ans, mariée, une petite fille de cinq mois. Comme des dizaines d’autres jeunes diplômés en informatique, elle a été recrutée pour inscrire sur les listes électorales les Tunisiens appelés à élire une assemblée constituante le 23 octobre prochain. Dans la salle municipale surchauffée de Regueb, ils sont cinq ou six derrière leurs ordinateurs. Pour participer à « la construction de la nouvelle Tunisie ». Pour gagner aussi un petit salaire, peut-être 200 dinars (environ 100 euros) mensuels ; mais le montant n’a pas encore été vraiment fixé avec l’ISIE, l’instance qui chapeaute les opérations d’inscription.
Regueb, environ 10 000 habitants, cuit sous le soleil. Hormis quelques graffitis, rien n’indique que cette ville a été aux avant-postes du soulèvement populaire de décembre 2010-janvier 2011 qui a abouti à la chute du régime de Ben Ali. Mouna hausse les épaules. « On n’a vu aucun changement. Ce qu’on veut, nous, c’est du travail. C’est la première chose qui nous importe. »
La région centrale de Tunisie est une des plus pauvres et des plus frondeuses du pays. Essentiellement agricole, pas d’industrie, pas d’infrastructures.
Il n’y a pas de chiffre officiel sur le taux de chômage dans le gouvernorat de Sidi Bouzid (la moyenne nationale est de 14 %), mais selon des estimations, il atteint plus de 40 % chez les jeunes diplômés, et l’économie locale est incapable d’absorber ces chômeurs. « Après la révolution, ils nous ont promis du travail, des usines, mais on ne voit rien. Des promesses, des mots », s’énerve Yousri Gnojja, un jeune professeur de 27 ans. « La seule chose qu’ils font de bien ici, c’est le couvre-feu et les arrestations », ajoute-t-il, exaspéré.
Des projets ont pourtant été annoncés par le gouvernement transitoire, comme la construction d’une laiterie et d’une zone industrielle. Un programme « Amal » (espoir) permet depuis mars le versement, sous conditions, de 200 dinars mensuels aux jeunes diplômés en recherche d’emploi. « On a la liberté, d’accord. Mais ça ne se mange pas », tranche Yousri Gnojja.

(Source : AFP)
« À Regueb, on dit que la terre est bonne et l’eau est douce. Possible. En attendant, nous sommes au chômage », s’esclaffe une jeune habitante de cette ville du gouvernorat de Sidi Bouzid, la région centrale de Tunisie érigée en symbole de la révolution.Mouna Abidi a 28 ans, mariée, une petite fille de cinq mois. Comme des dizaines d’autres jeunes diplômés en informatique, elle...