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À La Une - En dents de scie

Sionismes

Le nationalisme est une maladie infantile.
 C’est la rougeole de l’humanité.
 Albert Einstein
Trentième semaine de 2011.
Il y a la théorie. Les définitions (re)connues par tous du sionisme. L’alpha – sur lequel s’entendent tous les Wiki et autres pseudolarousses du Web. Politiquement, idéologiquement et institutionnellement, il s’agit de ce nationalisme qui prône l’existence d’un centre spirituel, territorial et/ou étatique peuplé par les Juifs en terre d’Israël ; c’est cette volonté, cette détermination obtuse et cancérigène de redonner aux Juifs un statut perdu depuis l’Antiquité : un peuple regroupé au sein d’un même État. Le ridicule ne se décidant jamais à tuer, il ne s’est trouvé aucun pays d’Afrique noire pour s’opposer en 1991 à l’annulation de la résolution 3379 de l’Assemblée générale de l’ONU qui considérait, depuis 1975, ce sionisme comme une forme de racisme : la majorité de ces pays ont même approuvé cette aberrante abrogation.
Il y a la pratique. Ou comment centupler au quotidien une dérive originelle. Le sionisme : c’est désormais une dictature toujours plus sanglante, toujours plus mortelle ; la Loi fondamentale du plus fort. C’est le meurtre légitimé. C’est l’interminable et toujours renouvelable catalogue de toutes les injustices possibles et imaginables, à commencer par le vol de la terre et du bien d’autrui – donc, quelque part, de sa vie. Le sionisme est un vampire pugnace : aussi admirables que soient ces Israéliens qui donneraient leur vie pour une paix juste et globale avec les Arabes en général et les Palestiniens en particulier, aussi irremplaçable que reste un Yitzhak Rabin et aussi bien intentionnés que soient certains de ses héritiers politiques, il n’y a concrètement pas/plus d’État hébreu, ou si peu en fonction de telle ou telle alternance : il y a le sionisme. Et le sionisme, c’est en réalité et surtout l’incarnation ultime de l’arrogance la plus insupportable. L’arrogance la plus barbare. Le sionisme est désormais une milice – idéologique, morale et militaire.
Il ne le sait sans doute pas, ne l’a peut-être pas voulu ainsi et ne l’acceptera jamais : le Hezbollah a inventé et est en train d’institutionnaliser, avec une impressionnante méthodologie, son sionisme. Toutes proportions naturellement (pour l’instant) gardées. Et le sionisme du Hezb n’a presque rien à envier au sionisme d’Israël – il n’y a jamais de hasard(s) : leur surdité et leur cécité sont inouïes.
Ce sionisme de là-bas et le sionisme d’ici partagent quasiment tout ; tellement, que cela en devient troublant. Dans la pratique, notamment. Forts tous deux d’un arsenal militaire incontestable et plus ou moins impressionnant (étatique pour Israël, illégal pour le Hezb), ils ont acquis cette arrogance et ce mépris devenus, au fil des ans, leur signature. Leur label. Et ils l’exercent aussi bien au-dedans (ce qu’Israël impose aux Palestiniens, le Hezbollah le fait subir aux autres Libanais, toutes communautés confondues, qui ne bénissent pas d’un oui oui public et retentissant l’ensemble de ses décisions et de ses actions) qu’au-dehors (tous deux ont un souverain dédain pour les résolutions onusiennes et la légalité internationale), leur objectif dynamitant toutes les lois de la gravité. Les débordements, l’iniquité, la spoliation et, carrément, le vol au détriment des propriétés du patriarcat maronite autorisé par le Hezbollah à Lassa (et ailleurs beaucoup plus subrepticement : l’achat de terrains n’étant qu’un cache-sexe de plus en plus arachnéen...) ne sont effectivement rien d’autre qu’une des formes d’expression les plus abjectes du sionisme : la colonisation.
Et dire que tout a commencé par l’émotion. Le choc des corps, des cœurs. Le premier à avoir ébauché un semblant de théorie du sionisme dans son Der Judenstaat, le journaliste hongrois Theodor Herzl, a avoué que tout a commencé par sa stupeur et son tremblement nés sur les décombres du capitaine Dreyfus ; par une gigantesque déception : la France n’était pas en 1894, comme il le croyait, immunisée contre l’antisémitisme. Ensuite, le monstre nazi et la Shoah ont fini de transformer, pour ses partisans et plus ou moins consciemment pour tous les juifs, le sionisme hébreu en axiome. Indémontrable et indiscutable. De l’autre côté, c’est un métissage absolu : il y a bien sûr le séisme primitif, le 10 octobre 680, Kerbala, l’assassinat de l’imam Hussein et de ses 72 compagnons, mais il y a aussi les préceptes sacrés de la wilayet el-faqih tous droits parachutés d’Iran, sans compter l’étiquette de déshérités revendiquée furieusement pendant des décennies ni, last but not least, les ravages de la sauvagerie israélienne exercée sans aucun état d’âme sur le Liban en général et son sud en particulier.
Le sionisme d’Israël est en principe irréversible. Malheureusement, tragiquement inaliénable, à moins d’un miraculeux réveil des Israéliens, mais aussi de tous les amis de l’État hébreu dans le monde. Le sionisme du Hezbollah n’a pas encore atteint, loin de là, ce degré, cette métastase. Mais il est en bon chemin. Seul point positif : c’est le sionisme du Hezbollah – absolument pas un sionisme libanais, encore moins chiite.
La responsabilité des Libanais chiites n’en est que plus immense. La chute du régime baassiste en Syrie et une nouvelle et salutaire révolution en Iran aideraient, naturellement, mais rien, infiniment rien ne saurait remplacer le réveil de cette communauté-clé, devenu aujourd’hui urgence nationale et seul garant de la très nécessaire mort de ce sionisme dont elle est, finalement, la première victime. Morale.
Trentième semaine de 2011.Il y a la théorie. Les définitions (re)connues par tous du sionisme. L’alpha – sur lequel s’entendent tous les Wiki et autres pseudolarousses du Web. Politiquement, idéologiquement et institutionnellement, il s’agit de ce nationalisme qui prône l’existence d’un centre spirituel, territorial et/ou étatique peuplé par les Juifs en terre d’Israël ;...
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