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À La Une - Le billet

Comment veux-tu que je cuisine? Internet est coupé...

– Élie rêve d’éternité. Élie rêve que quand son corps (il l’appelle son enveloppe corporelle) le lâchera, on lui en fournira un de rechange. Et que dans ce corps, on chargera (il dit « uploadera ») sa vie, ses souvenirs, ses connaissances, ses émotions, sa détestation des concombres et son goût pour les frites. Si on pouvait juste effacer son addiction à la cigarette, il en serait vraiment reconnaissant à qui de droit.
(Blue Brain : projet de l’École polytechnique de Lausanne ayant mené, au bout de neuf ans, à la reconstitution d’une colonne néocorticale d’un cerveau de rat. Human Brain Project : projet associant treize centres de recherche, espérant un budget d’un milliard d’euros sur dix ans, et travaillant à l’élaboration d’un modèle informatique de cerveau humain. Dernière étape avant le « upload » ?)

– Salma rêve du grand amour. Elle le cherche depuis longtemps. Mais les rencontres physiques ne menant à pas grand-chose, elle a décidé de passer au numérique. Salma s’est inscrite sur un site de rencontre en ligne. Elle a rempli un long questionnaire, répondu à tout un tas de questions sur la couleur de ses cheveux (en l’occurrence, la couleur de sa teinture capillaire), l’endroit où elle rêverait de partir en vacances, ses allergies, sa taille, ses goûts musicaux, si elle préfère les chiens ou les chats... Elle a menti sur la cigarette. Elle s’est dit qu’en « non-fumeuse », elle mettait plus de chances de son côté.
(« Vous pouvez spécifier que vous préféreriez sortir avec un blond, un grand, un juif ou un démocrate non fumeur, alors que vous avez plutôt l’habitude d’aller vers des républicains fumeurs d’herbe sud-américains. On appelle cela la “préférence révélée”, et c’est un élément essentiel du processus algorithmique du site de rencontre en ligne Match.com. Match.com sait ce qui est bien pour vous, même s’il ne vous connaît pas vraiment. ») (« The love code », The New Yorker, 4 juillet 2011.)
 
– Le jeune Sami s’est pris un 5/20 en histoire au bac. Il a patiné sur les dates. Pendant que ses parents le lessivent, il rêve du jour où le « par cœur » ne sera plus qu’un vague souvenir. Le jour où le système éducatif autorisera tous les élèves à « googleliser » la bataille de Marignan.
(Trois chercheurs des universités de Columbia, Harvard et du Wisconsin ont mené des expériences sur l’impact d’Internet sur la mémoire. Résultat numéro 1 : devant une question à laquelle le cobaye n’a pas de réponse, son premier réflexe est désormais : « recherche Google ». Résultat numéro 2 : à partir du moment où il sait que des informations seront stockées dans un ordinateur, le cobaye oublie rapidement ces informations. Résultat numéro 3 : s’il a oublié ce qui est stocké dans le dossier, le cobaye sait néanmoins où se trouve le dossier sur l’ordinateur.)
 
– Jean est commercial dans une compagnie pharmaceutique. Du matin au soir, de pharmacies en cabinets médicaux, il traverse la ville au volant de sa Kia blanche pour proposer médicaments et bakchiche. Huit heures durant, Jean accélère, freine, déboîte, tourne... Jean a mal au genou. Coincé dans un embouteillage, il se prend à rêver du jour où il conduira sa voiture par la pensée.
(Des chercheurs en informatique de la Freie Universität de Berlin (...) ont jeté un œil sur la vision de Stuart Wolf d’une voiture opérée uniquement par la pensée. Ils ont d’abord utilisé des capteurs d’électroencéphalogramme disponibles dans le commerce pour décoder les schémas des ondes cérébrales pour « droite », « gauche », « freine », « accélère ». Ensuite, ils ont pu connecter ces capteurs à un véhicule contrôlé par ordinateur, et le conducteur « a pu contrôler la voiture sans problème, il y avait seulement un petit délai entre la commande pensée et la réponse de la voiture, selon l’un des chercheurs ». (« Mind control and the Internet », The New York Review of Books, juin-juillet 2011.)
 
Jean se demande quelle serait la réaction d’un véhicule commandé par la pensée, au moment où il traiterait mentalement un voisin de bitume de gros c...

PS : le titre de ce billet est la légende d’un dessin publié par le New Yorker.
– Élie rêve d’éternité. Élie rêve que quand son corps (il l’appelle son enveloppe corporelle) le lâchera, on lui en fournira un de rechange. Et que dans ce corps, on chargera (il dit « uploadera ») sa vie, ses souvenirs, ses connaissances, ses émotions, sa détestation des concombres et son goût pour les frites. Si on pouvait juste effacer son addiction à la cigarette, il en...
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