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À La Une - Contestation

Un million de manifestants, 28 tués : vendredi noir en Syrie

Pour Hillary Clinton, la situation "demeure ouverte".

Les contestataires syriens continuent de défendre leur cause et le paient de leur vie. Vingt-huit personnes ont été tuées vendredi, dont seize à Damas, quand les forces de sécurité ont ouvert le feu pour tenter de disperser des manifestations contre le régime, selon un nouveau bilan communiqué par un militant des droits de l'Homme. Il y a également des dizaines de blessés, ainsi qu'une nouvelle vague d'arrestations à travers le pays, a affirmé Abdel Karim Rihaoui, de la Ligue syrienne des droits de l'Homme. La plupart des victimes ont été tuées dans la capitale et ses environs. Il y a eu 16 morts à Damas, dont 12 dans le quartier de Qaboune, 3 dans celui de Roukn Eddine et un dans celui de Barzé. Autour de Damas, un enfant a été tué à Jobar, ainsi que quatre personnes à Douma et deux autres à Kadam. Il y a aussi eu trois morts à Idleb (nord-ouest) et deux à Deraa (sud), a précisé M. Rihaoui.

Selon la page Facebook SNN, Maarat el-Naaman, Kfar-Rouma et Kfar-Nabl (nord), ainsi que Kfar-Chams, Enkhel, Basra el-Harir et Deraa (sud), seraient en outre soumises à un siège de l’armée. Dans la ville de Deraa, des tirs auraient été entendus par des militants selon la chaîne al-Arabiya. Dans le même temps, une vaste campagne d'arrestations serait menée à Al-Tell, près de Damas, selon la même source.

Cette journée a été baptisé par les militants pour la démocratie, "journée des prisonniers de la liberté", en hommage aux milliers de prisonniers détenus dans les prisons syriennes pour des raisons politiques. Il faut manifester "pour la liberté des détenus, pour la dignité des hommes libres", ont écrit les militants de Syrian Revolution 2011, sur leur page Facebook.

Au cours de ce nouveau vendredi de contestation, l'affluence a été particulièrement massive. Plus d'un million de Syriens ont manifesté contre le régime de Bachar el-Assad dans les deux seules villes de Hama (nord) et Deir Ezzor (est), a affirmé Rami Abdel-Rahmane, de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. "Il s'agit d'un développement important et d'un message aux autorités que les manifestations s'amplifient" à travers le pays, a-t-il déclaré. Des milliers de personnes se seraient également rassemblées dans le quartier Midane, en plein cœur de Damas, selon des militants présents sur place.

Les rassemblements ont commencé à 13h, suite à la prière hebdomadaire dans plusieurs villes du pays, selon la page Facebook Sham News Network, SNN. Outre Deir Ezzor et Hama, des rassemblements ont été signalés à Homs (centre) dans plusieurs quartiers. A Damas, en sus du rassemblement de la place Midane, des manifestants auraient battu le pavé dans les quartiers de Baraza et de Al-Hajar el-Assouad. Une manifestation était également signalée à Madaya, à coté de Damas. A l’est, des manifestations auraient eu lieu à Qaouriya, à Abou Kamal et dans le quartier de Salihiya à Hasaka. Dans le Nord, les habitants de Qamichli, Amouda, Darbasiya, Ras el-Aïn, Maar Chourin et Manjib (près d’Alep) manifesteraient également. Dans le Sud, des rassemblements auraient eu lieu à Deraa et à Tafas.

Les opposants au régime ont par ailleurs décidé de se réunir samedi simultanément à Damas et à Istanbul, pour une "Conférence de Salut national ". La conférence viserait à la rédaction d’"une feuille de route qui sortira le pays du despotisme (pour le faire évoluer) vers la démocratie et définira les mécanismes en vue du renversement du régime, réclamé par la rue syrienne", souligne le communiqué des organisateurs. Un "organisme de Salut national" sera formé au cours de cette conférence et sera composé de "représentants de l'opposition" et de "jeunes de la Révolution", selon le communiqué. Plus de 500 personnes ont confirmé leur présence à cette rencontre dans la capitale syrienne et à Istanbul, en Turquie.

Face à la répression qui a coûté la vie à plus de 1415 civils et 352 militaires selon l'Observatoire syrien pour les droits de l’homme et entraîné l'arrestation de plus de 12 000 personnes et l'exode de milliers d'autres, la communauté internationale ne parvient toujours pas à s'unir pour condamner à l'ONU l'attitude du régime syrien. Les États-Unis, l’Union européenne et certains de leurs alliés, tentent de faire pression pour une action au Conseil de sécurité. Quatre pays européens (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Portugal) ont déposé il y a plusieurs semaines à New York un projet de résolution condamnant la répression en Syrie et appelant à des réformes politiques. Mais l'adoption de ce texte est bloquée par la Russie et la Chine, alliés du pouvoir en Syrie.

Le président français Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois dénoncé jeudi "l'attitude du président syrien, absolument inadmissible", mais il a assuré que " chaque dictateur qui fait couler le sang aura à (en) rendre compte" devant la Cour pénale internationale (CPI). Le même jour, au Caire, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qualifiait d'"intolérable" le coût humain de la répression, en faisant état de " près de 2000 morts ".

"Le destin ultime du régime syrien et du peuple syrien dépend du peuple lui-même, et je pense que la situation demeure ouverte", a déclaré, en soirée, la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, en marge de la réunion du groupe de contact sur la Libye à Istanbul. "Je ne pense pas que l'on sache comment l'opposition en Syrie va pouvoir se conduire, quel type d'actions s'offre à elle", a-t-elle ajouté. Mme Clinton a réaffirmé que "la Syrie ne peut pas retourner en arrière" et qu'à ses yeux, le président Bachar el-Assad "a perdu sa légitimité" à force de répression brutale de sa population. Mais "au bout du compte, c'est la responsabilité du peuple syrien que de choisir et de bâtir sa propre voie", a-t-elle dit. D'un autre côté, L'Union européenne s'est dit prête à "poursuivre et faire avancer" sa politique de sanctions face à la Syrie, dans une déclaration qui doit être formellement adoptée lundi par les ministres européens des Affaires étrangères.
La déclaration, qui a été négociée par les ambassadeurs des 27 pays de l'UE à Bruxelles, donne "une impulsion politique" aux travaux en vue d'un nouveau train de sanctions contre le régime syrien, traduit un diplomate européen.

 

 

 

Vidéo postée sur Youtube par les militants pro-démocratie montrant une manifestation massive vendredi à Qaboune, un quartier de Damas.


Les contestataires syriens continuent de défendre leur cause et le paient de leur vie. Vingt-huit personnes ont été tuées vendredi, dont seize à Damas, quand les forces de sécurité ont ouvert le feu pour tenter de disperser des manifestations contre le régime, selon un nouveau bilan communiqué par un militant des droits de l'Homme. Il y a également des dizaines de blessés, ainsi...

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