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Liban - Un été à Beyrouth

Boum ! ou pschitt !?

Le réveil est toujours aussi mélodieux, au son de la descente des gravats dans leur long tunnel en plastique. Le ciel est clair. Le thermomètre de juillet commence à monter. Les méduses pointent le bout de leurs tentacules. Le gros souci de la journée à Jiyé, c’est descendra, descendra pas à l’eau avant de savoir si le plagiste dispose d’une quantité suffisante de vinaigre, remède contre le plus méchant bobo de l’été. Mais comment se résoudre à déserter la mer ?
Heureusement que le Festival de Beiteddine nous fait emprunter la même route pour avoir des nouvelles des couples mixtes qui clament leur amour sur les murs : « Mahdi et Carole », « Hassane et Michèle », qu’attendez-vous du mouvement pour la déconfessionnalisation au Liban ? De ceux qui manifestent épisodiquement et qui maintiennent quelques cartons et vieux chiffons au seuil d’une boutique fermée du centre-ville en guise de sit-in ?
La relation entre le citoyen et l’État au Liban est déliquescente. Comment renouer les fils de l’autorité dans un climat général où l’impunité règne en maître ? Le feu rouge ne remplit plus son rôle fédérateur. À Tabaris, qu’il est drôle de se faire verbaliser par un agent dont le patronyme évoque celui des bandes mafieuses de la Békaa !
Il faut boucler sa ceinture, même si on roule à trois à l’heure, rien que par respect pour l’excellent travail de l’association Kunhadi, et pour expliquer aux jeunes, qu’aujourd’hui, le véritable héroïsme, c’est de vivre et non pas de mourir.
Sur la corniche du bord de mer, le poumon de la ville, on croise une faune interlope : sous nos yeux, et dans le dos de joueurs d’échec indifférents, se sont joué, l’autre soir, les prémices de l’affaire Bouazizi qui a mis le feu aux poudres en Tunisie et provoqué l’étincelle du printemps arabe. Un marchand de quatre-saisons – spécialité maïs et autre tormos – pris à partie par des gendarmes, car il a voulu les soudoyer d’une manière peu discrète ou un peu chiche. Piqués au vif, ils l’ont molesté. Attroupement et bouclier humain de femmes et d’enfants désamorcent l’incident.
Ce sont encore une fois les bonshommes verts de Sukleen qui ramasseront les pots cassés. Comment rendre hommage à ceux qui quelquefois, au milieu de la chaussée, au péril de leur vie s’ingénient à nous rendre la ville et les routes si propres pendant que les politiciens déversent leur fiel sur la place publique ?
Au détour de la route, on ne se trouve pas comme par enchantement dans le Berlin du délicieux court métrage de Myrna Makaron. Non. L’ubuesque Liban de l’excellent album de Mazen Kerbaje nous colle aux semelles.
 Ces jeunes ont beaucoup à nous apprendre sur nous-mêmes.
Beyrouth retient son souffle depuis l’annonce des accusations lancées par le tribunal spécial. La bombe soigneusement désamorcée hésite entre boum et pschitt ! Heureusement que l’affaire DSK nous offre un dérivatif. Au cours des dîners arrosés de Spritz (4 cl d’eau gazeuse + 4 cl de campari + 6 cl de vin blanc + 1 rondelle d’orange), on s’étripe par-delà la ligne de démarcation 8/14 : pour ou contre que Nafissatou Diallo, même prostituée occasionnelle, ait le droit de ne pas se faire violer.
Le réveil est toujours aussi mélodieux, au son de la descente des gravats dans leur long tunnel en plastique. Le ciel est clair. Le thermomètre de juillet commence à monter. Les méduses pointent le bout de leurs tentacules. Le gros souci de la journée à Jiyé, c’est descendra, descendra pas à l’eau avant de savoir si le plagiste dispose d’une quantité suffisante de vinaigre,...
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