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Culture - Festival de Byblos

Jamie Cullum : un trublion hyperactif et multifonctions

Une performance scénique jazz-pop-rock à 5 000 volts pour Jamie Cullum, révélé à Byblos comme un artiste « performer » complet, « full options », à l’énergie bondissante.

Il chantait, sur ou devant son piano, debout. (Press Photo)

Sous les spots violets, Jamie Cullum apparaît, dégaine d’adolescent en veste et cravate, décalés par un jean et des baskets noires à paillettes. Comme tout bon showman qui se respecte (nous en avons là, de toute évidence, un spécimen rare), il entame son concert par un «marhaba!» tonitruant. Alors oui, nous en avons entendu, des «marhaba». Mais là, c’est dit avec un tel entrain, qu’on dirait que l’artiste british y met toute son âme. En trente secondes, la moitié des spectateurs se trouvent «in his pocket». Il enchaîne avec Photograph (de l’album Catching Tales, 2005) et ne tarde pas à se faufiler dans le cœur de l’autre moitié des personnes présentes. «D’habitude, mes cheveux ne sont pas si frisés», rigole-t-il en faisant allusion à l’humidité ambiante. «J’ai trente et un ans, mais dans mon cœur, j’en ai douze», dit-il en tapotant son tee-shirt à l’effigie d’Elvis. Car oui, il s’est défait très rapidement de tout attirail
supplémentaire.
À ses côtés, les musiciens assurent un accompagnement des plus harmonieux. Il les introduit un à un, en articulant bien leurs noms: Tom Richards (saxophone, percussions), Rory Simmons (trompette, guitare), Chris Hill (guitare basse et électrique) et Brad Webb (batterie).
Puis il bondit sur son piano (non sans faire le signe de la croix auparavant), court, s’agite, saute, danse, «scatte», «rappe» (sans jamais se prendre au sérieux) pour se jeter à nouveau sur les touches de son clavier. Et fredonner Put a ring on it de Beyoncé. Cris de plaisir dans l’assistance. «Je vois qu’il y a beaucoup de jeunes filles célibataires, ce soir.»
Des pitreries, Jamie Cullum? «Ceci n’est pas un spectacle de cirque», dit-il en guise de réponse aux blasés des concerts qui pourraient trouver à son «show» un côté déjà apprêté, ou «ready made». Mais voilà, Jamie Cullum n’est pas une boîte de dessert Betty Crocker. Son credo? Se laisser guider par l’instinct. «Jouer de la musique. Comme on l’aime. On a dit dans le programme que je suis un crooner. Alors je vais crooner», lance-t-il à la ronde. I Get a kick out of you sort alors de sa boîte vocale aux cordes à multiples fonctions. Il badine avec les paroles et les sonorités à sa guise. Le «human beat box» sait aussi chanter d’une belle voix rauque et suave. Ses mains et ses pieds ne sont pas en reste, d’ailleurs. Il tape du clavier avec le coude, les poings, et même l’arrière-train s’y met. Petit diablotin à la gueule d’ange, il est maître de ses décollages (et déconnages).
Son fabuleux Twentysomething fait, justement, décoller les spectateurs de leurs sièges. De nombreux fans iront s’agglutiner au-devant de la scène, pour sautiller avec ce diplômé de Reading (en littérature et cinéma) qui aligne les records de vente, de radio et de scènes.
Un spectacle, en somme, qui fait la part belle à l’éclectisme, à l’inspiration et aux références de Jamie Cullum. Jimi Hendrix, dont l’énergie l’inspire pour ses performances scéniques, Herbie Hancock, l’artiste complet, Harry Connick Jr, pour l’écriture. Tout autant que Tom Waits pour l’ambiance cabaret rock que Radiohead pour leur travail mélodique. L’inspiration vient aussi de la musique urbaine ou pop, de Rihanna dont il reprend le hit Don’t stop the music, que l’on se prend à aimer beaucoup plus que l’original. Il ajoute ici et là du Justin Timberlake ou du Britney Spears mélangés à Cry me a river. Les détracteurs peuvent crier à la profanation. Mais Cullum n’en a cure. Alors il s’éclate avec Cole Porter, les Beatles, Ray Charles, Jeff Buckley...
Frisson garanti lorsqu’il reprend Singing in the rain a cappella. Mais très vite, le naturel reprend le dessus et apparaissent alors des morceaux de Umbrella. Ce mash-up rendu célèbre par la série Glee (avec Gwyneth Paltrow au micro et à la danse) prend une toute autre dimension avec le trublion hyperactif. Il faut dire qu’il a l’art de la reprise. Des tubes plutôt «pop-corn», il en fait des petits monuments de pop-jazz. «Mon goût de la reprise me vient directement du jazz, aime à répéter le génie Cullum. Tous les grands du jazz se sont attelés à se reprendre les uns les autres.»
Lui a envie de s’amuser. C’est clair et net. Les puristes pourront faire la fine bouche. Mais l’esprit du jazz était bien présent, ce soir-là, à Byblos...
Sous les spots violets, Jamie Cullum apparaît, dégaine d’adolescent en veste et cravate, décalés par un jean et des baskets noires à paillettes. Comme tout bon showman qui se respecte (nous en avons là, de toute évidence, un spécimen rare), il entame son concert par un «marhaba!» tonitruant. Alors oui, nous en avons entendu, des «marhaba». Mais là, c’est dit avec un...

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