Le printemps arabe et le sujet de la liberté étaient prédominants à la septième édition de la Conférence mondiale des journalistes scientifiques. Photo quotidien-mark.blogspot.com
Il est évident que seul le temps peut répondre à cette question, d’autant plus que le paysage politique dans ces pays, de l’aveu même de ceux qui ont participé aux soulèvements, reste flou. Mais les premiers indices d’un vent de changement commençaient à poindre au fil des interventions.
L’un de ces principaux indices pouvait être tiré de l’intervention d’Ahmad Zuwail, éminent scientifique d’origine égyptienne, Prix Nobel de chimie 1999. Zuwail a prononcé un discours lors de la séance d’inauguration de la conférence. Il a terminé son allocution en apothéose par l’annonce de sa participation à la construction d’un ancien projet qui n’avait pas trouvé sa voie vers l’exécution sous le régime de Hosni Moubarak, celui de la Cité des sciences et de la technologie au Caire. « Ce projet requiert un budget de deux milliards de livres égyptiennes, a-t-il précisé. Nous avons déjà le terrain, et le gouvernement apportera des aides. Dans le conseil des notables, il y aura six Prix Nobel et de nombreuses personnalités. »
Zuwail a parlé de sa propre expérience de la révolution égyptienne, racontant qu’il a passé quatre semaines sur la place Tahrir, écoutant les jeunes et œuvrant, à sa façon, à une transition pacifique du pouvoir. Le scientifique a estimé que développer la science dans les pays arabes et parler des « success stories » dans les médias est essentiel pour s’acheminer vers le développement.
Témoignages émouvants
Ahmad Zuwail n’était pas le seul à partager son expérience de la révolution égyptienne. Tout comme il avait commencé, le congrès s’est clôturé par des témoignages des journées passées sur les places de la liberté, en Tunisie et en Égypte.
À la question du rôle des scientifiques dans ces révolutions et des perspectives d’avenir de la science dans ces pays, des réponses diverses ont été données par les intervenants à cette session, qui n’ont pas omis de tenir compte de la part d’incertitude qui demeure quant à l’avènement de réelles démocraties.
Suite à sa participation active à la révolution égyptienne, Nadia el-Awady, présidente du WFSJ (qui a passé la main à son successeur finlandais au cours du congrès), a estimé qu’« en cas de transition rapide vers la démocratie, nous pourrons acquérir une infrastructure scientifique significative ». Autant elle qu’Olfa Labassi, responsable au sein de la WFSJ, qui a suivi la révolution de sa Tunisie natale à partir du Canada, ont assuré que les scientifiques de leurs pays respectifs ont pris part activement aux soulèvements. D’autres n’ont pas oublié d’évoquer des scientifiques moins reluisants qui s’accommodaient trop bien de la corruption et du clientélisme des anciens régimes...
Mohammad Yahia, journaliste égyptien, responsable de Nature Middle East, a raconté comment il a eu du mal à garder sa casquette de journaliste scientifique durant les manifestations de la place Tahrir. « Avec le recul, je pense que la révolution a servi le journalisme scientifique, dit-il. Nous pouvons aujourd’hui jouer un plus grand rôle dans nos sociétés, et parler de centaines de sujets plus librement, comme ceux liés à la pauvreté par exemple. »
Le sujet des révolutions ayant eu lieu de fraîche date pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Mais des salles climatisées de Doha, l’avenir du monde et de la science arabes paraissait plus prometteur que jamais.
S.B.
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