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Domino ou boomerang ?

Les temps changent, les moyens de communication évoluent, tout se sait, tout se dit et se répète, l'information se transmet à une cadence, à un rythme jamais connus auparavant et il est encore des pays, des régimes, des dictateurs, des têtes brûlées, qui vivent dans des bulles « célestes » coupées du reste du monde, des réalités, des vérités qui les entourent.
Zine el-Abidine Ben Ali vient de payer le prix de sa cécité délibérée, de sa hautaine surdité. Il aura tout loisir dans son exil saoudien, un exil très peu doré, de ressasser les raisons de sa soudaine infortune. Une page se ferme, une autre s'ouvre en Tunisie, mais rien ne garantit que les lendemains seront forcément heureux. L'anarchie qui a suivi la fuite de Ben Ali montre clairement que le processus de normalisation ne sera pas chose aisée.
Difficile en effet de réussir une transition tranquille vers la démocratie après 23 ans d'une dictature impitoyable qui a annihilé toute forme d'opposition politique, anéanti toute relève potentielle.
La révolution du jasmin, ne l'oublions pas, a été surtout le fait des jeunes, des laissés-pour-compte d'un système gangrené par la corruption, elle a été déclenchée par une population saignée à blanc par une cherté de vie insupportable alors que la classe dirigeante s'enivrait dans les délices des palais usurpés.
Et maintenant ? Faut-il s'attendre à un effet domino ? Les dictatures arabes, proches ou lointaines, ont-elles conscience que les slogans lancés en Tunisie ont été largement véhiculés, réalisent-elles que les sites web, les téléphones portables transpercent les murs, les chapes de plomb, réveillent des revendications légitimes longtemps brimées ?
Autre interrogation : la chute de dictatures longtemps au pouvoir ne risque-t-elle pas de se traduire par un vide politique déstabilisateur rapidement comblé par l'extrémisme islamiste, cet épouvantail que les autocrates n'arrêtent d'ailleurs pas d'agiter pour justifier la pérennité de leurs régimes, qu'il s'agisse de la Syrie ou de l'Égypte, des pays du Golfe ou du Maghreb ?
Situation aberrante, paradoxale, reflétée par une récente déclaration de Hillary Clinton : « Les peuples arabes sont lassés des institutions corrompues qui les gouvernent », a-t-elle dit, omettant d'ajouter que les États-Unis soutiennent à bloc les régimes dont ils dénoncent régulièrement l'état de délabrement moral...
La colère qui a explosé en Tunisie bouillonne ailleurs dans le monde arabe et Madame Clinton n'est pas sans l'ignorer. Situation sociale difficile, malsaine, régimes corrompus vivant à des milliers d'années-lumière de leurs populations : le malaise est profond et Internet assurera, sans nul doute, les courroies de transmission. Effet domino ou effet boomerang ? L'avenir le dira...
Et le Liban dans ce maelström ? Est-il à l'abri des secousses sociales, n'est-il pas, lui aussi, confronté au problème du chômage, d'une cherté de vie sans cesse ascendante ? Les frustrations à cet égard sont évidentes, les revendications légitimes, mais la récupération politique qui en est faite, la communautarisation qui lui est conséquente et les tentatives menées par l'opposition pour neutraliser l'État ont inversé les priorités.
La colère, aujourd'hui, est éminemment politique pour la simple raison que le coup de force en cours, depuis la démission des ministres du Hezbollah et de leurs alliés, a pour ultimes objectifs de frapper le fondement même des institutions légales, la justice et de garantir l'impunité aux assassins de Rafic Hariri et des autres ténors de la révolution du Cèdre. La révolte, si révolte il y a, ne surviendrait que pour mettre un terme à cette dérive.
Les ministres de l'opposition avaient, symboliquement, programmé l'annonce de leur démission à l'heure même où Saad Hariri était accueilli par Barack Obama. Tout aussi symboliquement, le procureur Bellemare transmettrait son acte d'accusation au juge Fransen en concomitance avec les consultations parlementaires pour la désignation du nouveau président du Conseil.
Une preuve de plus que la justice internationale suit son cours quels que soient les écueils, quelles que soient les menaces. Dans le cas de figure libanais, l'effet boomerang est garanti... et tous les Hezbollah du monde n'y pourront rien, tous les délires télévisés n'y changeront rien.
Les temps changent, les moyens de communication évoluent, tout se sait, tout se dit et se répète, l'information se transmet à une cadence, à un rythme jamais connus auparavant et il est encore des pays, des régimes, des dictateurs, des têtes brûlées, qui vivent dans des bulles « célestes » coupées du reste du monde, des réalités, des vérités qui les entourent.Zine el-Abidine...
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