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Quand la bêtise se met à penser...

Les Libanais, de toute évidence, ont conclu un pacte avec les points d'interrogation, un pacte indissoluble, presque un mariage maronite : l'année 2010 s'achève sur un questionnement, 2011 démarre avec le même questionnement.
Du comment au pourquoi, du « qu'est-ce qui nous attend ? » anxieux au classique « vous croyez vraiment que la guerre va reprendre ? », les points d'interrogation ouvrent la nouvelle année comme ils ont clôturé celle qui a précédé.
Un remake de situations aberrantes, de marchés de dupes où les plus floués ne sont jamais ceux que l'on pense. Un suspense tellement éculé que les Libanais en sont arrivés, fatalistes, à se dire « c'est maktoub », c'est le destin...
« Maktoub » que le Hezbollah succède à l'OLP au Liban-Sud, que le Hezbollahland y remplace le Fathland. « Maktoub » que les Israéliens s'invitent régulièrement au pays du Cèdre, une fois pour en déloger les Palestiniens armés, une autre fois pour en découdre avec les combattants du parti de Dieu.
« Maktoub » que la région méridionale du Liban soit régulièrement dévastée, sa population forcée à prendre les chemins de l'exode.
« Maktoub », enfin, que l'État soit aux abonnés absents, que les Libanais s'entre-tuent de temps en temps, que chiites et sunnites s'étripent à défaut d'une « classique » guerre islamo-chrétienne...
Les raisons, les prétextes sont à portée de main, il suffit de la tendre, de saisir les « bonnes occasions » : de la lutte pour les « droits sunnites » au début de la discorde civile, en 1975, à celle pour les « droits des déshérités chiites » qui entendaient bien prendre leur revanche sur l'histoire, des règlements de comptes interchrétiens à une marginalisation dont personne ne veut prendre conscience, que de sang versé, que de batailles insensées... et, toujours, au bout du chemin le retour à la case départ.
« Maktoub » ? Bien sûr que non, mais une propension à l'autodestruction, un acharnement à remettre systématiquement en question les acquis de base, ceux qui ont façonné le Liban de l'exception.
Et les voilà qui vocifèrent du matin jusqu'au soir, qui crient à l'injustice, qui voient des espions partout, qui assassinent et se prétendent blancs comme neige, les voilà qui se posent en justiciers, en redresseurs de torts, qui légitiment les abus au nom de leur propre conception du droit.
« Le drame de notre temps c'est que la bêtise s'est mise à penser » : lumineuse cette réflexion de Jean Cocteau qui résume en une phrase l'insanité, la déraison qui président si souvent aux affaires du monde.
Des bêtises, les Libanais en ont à en revendre : des bêtises si bien pensées, si bien ficelées qu'elles en deviennent des vérités quasi divines. Et vogue la galère, celle qui mène les Libanais désunis en un même bateau : la République, prise en otage, a levé l'ancre il y a belle lurette !
2010-2011 : une année s'en va, une autre arrive, la bêtise, elle, continue de penser... On l'a vue à l'œuvre, féroce, assoiffée de sang, en cette horrible nuit de la Saint-Sylvestre à Alexandrie.
Les Libanais, de toute évidence, ont conclu un pacte avec les points d'interrogation, un pacte indissoluble, presque un mariage maronite : l'année 2010 s'achève sur un questionnement, 2011 démarre avec le même questionnement.Du comment au pourquoi, du « qu'est-ce qui nous attend ? » anxieux au classique « vous croyez vraiment que la guerre va reprendre ? », les points...
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